Sécheresse : les entreprises du Puy-de-Dôme incitées à réduire leur consommation d'eau

La ressource est devenue rare avec les épisodes de sécheresse à répétition de ces dernières années. La préfecture du Puy-de-Dôme a donc décidé de solliciter les industriels pour qu’ils s’engagent à réduire leur consommation d’eau. Depuis 2 ans, le Préfet demande que les 30 entreprises les plus consommatrices en eau du département mettent en place un plan d'utilisation rationnelle de l'eau (PURE).
Rockwool, fabricant de produits d’isolation, a investi deux à trois millions d'euros dans son usine de Saint-Eloy-les-Mines afin de réduire sa consommation en eau.
Rockwool, fabricant de produits d’isolation, a investi deux à trois millions d'euros dans son usine de Saint-Eloy-les-Mines afin de réduire sa consommation en eau. (Crédits : DR Rockwool)

L'ensemble du département du Puy-de-Dôme vient de passer, ce lundi, au niveau vigilance pour les usages de l'eau. Ce premier niveau n'impose pas de mesures restrictives mais le préfet demande aux usagers plus de sobriété. Un Comité Départemental de l'Eau se tiendra ce jeudi pour décider de passer ou non à l'étape supérieure face aux températures caniculaires et aux faibles précipitations.

Une décision qui intervient alors que six nouvelles entreprises du Puy-de-Dôme ont accepté au mois de juin de signer avec la préfecture un plan d'utilisation rationnelle de l'eau (PURE) : Michelin Ladoux à Cébazat, Trelleborg à Clermont-Ferrand, Aubert et Duval aux Ancizes, Rockwool à Saint-Eloy-les-Mines, Unifrax à Ambert et la Société Fromagère du Livradois à Fournols. Face aux sécheresses à répétition, le comité départemental de l'eau placé sous l'autorité du préfet a décidé, depuis deux ans, d'impliquer les industriels du territoire afin de favoriser la sobriété dans les usages de l'eau. Ce plan vise à établir le diagnostic de leur consommation et à planifier des mesures de préservation des ressources en période d'étiage, au déclenchement des alertes sécheresse.

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Trente entreprises ont été identifiées. Considérées comme grosses consommatrices en eau avec plus 40.000 mètres cubes prélevés par an. Mais toutes ne se sont pas encore engagées, car la démarche reste volontaire.

« Ce dispositif vise à inciter l'ensemble du monde industriel à s'inscrire dans une gestion quantitative de la ressource en eau prenant mieux en compte les effets du changement climatique. L'État vérifie le niveau d'ambition de ses mesures et le fait que l'industriel met effectivement en œuvre les meilleures techniques disponibles pour réduire sa consommation en eau. A ce jour, la moitié des industriels ont déjà signé un PURE, d'autres PURE sont actuellement en cours d'élaboration », fait savoir la Préfecture à La Tribune.

Ces six nouvelles entreprises rejoignent les neuf sites industriels déjà signataires, parmi lesquels la société des Eaux de Volvic, l'usine Jacquet-Brossard du groupe céréalier Limagrain ou Europafi, filière papetière de la Banque de France à Vic-le-Comte... Des entreprises qui ont compris l'utilité de ce dispositif. Car en contrepartie de leur engagement, ce plan PURE les exonère de baisser de 25% leurs prélèvements d'eau de façon immédiate en cas d'alertes sécheresse.

Plan eau : vers une réduction de 10% des prélèvements

Ce plan PURE est assorti de contrôles comme le rappelle la Préfecture :

« Sa bonne application fait l'objet de contrôles réguliers sur les sites industriels de la part de l'inspection des installations classées qui va vérifier la réalité des efforts entrepris. En cas de non-respect des dispositions du PURE, l'inspection des installations classées peut proposer après mise en demeure, différentes sanctions administratives au préfet (amende, astreinte, suspension du fonctionnement de l'installation...) et pénales au procureur de la République. »

Cette démarche entre parfaitement en adéquation avec le plan eau, présenté en mars par le Président de la République qui appelle à un effort de sobriété sur l'ensemble des usages, avec une réduction de 10 % des prélèvements. Et même si le secteur industriel n'est pas le principal consommateur d'eau dans le département, puisqu'il était responsable en 2021 de 8,6% des prélèvements (selon la Banque Nationale des Prélèvements quantitatifs en Eau), toute action est positive.

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Rockwool a déjà réduit de 27% sa consommation d'eau

Parmi les nouvelles entreprises signataires, Rockwool, fabricant de produits d'isolation qui possède un site de production à Saint-Eloy-les-Mines au nord du département. Le groupe international a déjà mis en place des actions depuis plusieurs années dans son usine. Deux à trois millions d'euros ont été investis pour améliorer les équipements notamment.

« En dix ans, nous avons déjà réduit de 27% notre consommation d'eau et cela à production égale. Cela passe par de multiples actions, notamment par la mise en place d'aéroréfrigérants qui évitent l'évaporation de l'eau. Avant, la vapeur d'eau partait dans le ciel, aujourd'hui nous récupérons cette vapeur, nous la refroidissons et nous remettons l'eau dans le circuit », explique Lionel Gendreau, le directeur de ce site Rockwool de 600 salariés.

« Nous avons aussi installé de nombreux compteurs d'eau pour suivre la consommation dans les différents secteurs et pour affiner le comptage. Cela nous permet de faire une analyse détaillée par équipement et de voir s'il y a des dérives. Une réunion hebdomadaire est d'ailleurs organisée sur la consommation de l'eau sur l'usine. »

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L'entreprise a aussi lancé une grosse campagne de réparation de fuites. Et dans le cadre du Plan PURE, Rockwool s'est aussi engagé à mener des actions complémentaires en cas de déclenchement des seuils d'alerte comme l'interdiction du lavage des véhicules par exemple ou l'arrêt de l'arrosage des espaces verts. Le site, qui a consommé l'an dernier 250.000 m3 d'eau, n'a pas d'objectifs chiffrés à atteindre mais la préfecture lui demande de poursuivre ses efforts. Ce à quoi va s'atteler le groupe.

« Nos tours de refroidissement sont vieillissantes. Nous essayons de trouver des modèles plus performants qui consomment moins d'eau grâce à de nouvelles technologies. Et puis, d'ici à l'année prochaine, nous allons mettre en place un important système d'ultrafiltration. Cela ne va pas forcément nous permettre de réduire notre consommation d'eau totale, mais on va réduire notre utilisation d'eau potable. Ce qui n'est pas négligeable. Nous pourrons ainsi économiser 30.000 m3 d'eau potable sur l'année, » détaille Lionel Gendreau, qui précise que grâce à ce système, c'est l'eau brute qui vient du barrage de Montaigut en Combraille qui sera utilisée à la place de l'eau potable.

 Plan de sobriété hydrique au niveau de la région

Ce Plan d'utilisation rationnelle de l'eau a directement inspiré la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes qui a décidé de mettre en place, elle aussi, un outil pour favoriser les réductions de consommation d'eau : le plan de sobriété hydrique (PSH), destiné aux entreprises et plus particulièrement aux industriels de la région. Le dispositif a été annoncé fin mai.

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