C'est un pas de plus vers la diminution de la voiture en ville que vient de faire la majorité écologiste de la Ville de Lyon. Ce jeudi, en conseil municipal, les élus ont voté pour l'arrêt de l'octroi d'une deuxième vignette de stationnement résident par foyer.
Jusqu'ici, les Lyonnais résidant au sein des neuf arrondissements de la ville pouvaient en effet bénéficier de deux vignettes de stationnement résident par foyer, avec un tarif annuel différencié - plus cher - pour le deuxième véhicule. Soit 40 euros mensuel pour le premier véhicule (ou 20 euros pour tout véhicule disposant d'une vignette Crit'Air verte ou Crit'air 1) et 60 euros pour le second véhicule détenu par un même foyer. Près de 2.000 véhicules seraient directement concernés par cette mesure, selon la municipalité.
« Le Plan de déplacement urbain (PDU) voté en 2017 l'a suggéré, voici la délibération qui l'applique. [...] La première étape préconisée par le PDU a été appliquée en 2018 par nos prédécesseurs : différencier les coûts entre la première et la deuxième vignette. Nous envisageons donc la deuxième étape, qui est la sortie progressive des deuxièmes vignettes destinées aux résidents », a avancé Valentin Lungenstrass, adjoint à la mobilité en introduction lors du conseil municipal de ce jeudi 15 décembre.
Une mesure qui vise à garantir un meilleur partage de l'espace public et à inciter progressivement à abandonner l'usage du véhicule personnel. C'est par ailleurs aussi un pas de plus en direction de la ZFE, et de ses engagements climatiques (la Ville ayant été labellisée 100 Villes Neutres pour le Climat d'ici à 2030).
Recommandée par ailleurs dans le cadre du PDU obligatoire pour les agglomérations de plus de 100.000 habitants, cette mesure est en réalité déjà mise en place à Villeurbanne, mais aussi à Paris depuis le 12 juillet 2021, « où un seul droit est accordé par usager (même nom, prénom, adresse parisienne et compte) ».
Une mise en place progressive
L'arrêt de la distribution de la « deuxième vignette » est fixé à juin 2023. Mais l'adjoint à la mobilité a insisté sur le côté « progressif » de la mise en place : « les droits en cours pourront être renouvelés d'ici-là sur douze mois glissants ».
Aussi, jusqu'à présent, il était possible de renouveler sa vignette seulement trente jours avant son expiration. Cette période sera ainsi étendue à six mois pour les seconds véhicules par foyers.
Ce qui devrait permettre, au final, de maintenir les droits de 1.000 véhicules jusqu'en 2024, voire jusqu'à fin 2024 pour certains, estime la Ville.
La motorisation en baisse
Le PDU 2017-2030 suggérait donc de « renforcer la réglementation du stationnement sur voirie et son respect », constatant que le parc privé était sous-utilisé, engorgeant ainsi l'offre publique de stationnement qui « ne représente que 40 % des places. »
Cette décision vise aussi, selon la Ville de Lyon, à développer le recours à l'autopartage, dont la flotte compte actuellement « un millier de véhicules », ou alors à la mutualisation des parkings privés, qui est ainsi posée clairement comme une alternative par la municipalité. Celle-ci avance que la possession d'un second véhicule au sein des foyers aurait même eu tendance à diminuer fortement au cours des dernières années.
Valentin Lungenstrass estimait en effet au micro de BFM Lyon que « l'on est passé de 7.600 deuxièmes vignettes à environ 2.000 aujourd'hui », tout en notant que l'utilisation de ces deuxièmes véhicules seraient avant tout alloués « aux besoins occasionnels ».
Pascal Blache, maire LR du 6e arrondissement, faisait aussi remarquer pendant le conseil municipal que « selon les services de la Ville, la part des ménages possédant un deuxième véhicule est passée de 15% à 11%.»
Le taux de motorisation moyen des ménages de la Métropole de Lyon a lui aussi diminué « de 1,11 voiture par ménage en 2006, à 0,99 en 2015 », comme le rapporte le PDU.
Malgré cette baisse, la voiture particulière représentait encore, dans l'agglomération lyonnaise en 2015, le mode numéro de déplacement numéro 1 choisi par 44 % des habitants, suivi par la marche 34% (selon le PDU) tandis que peu d'informations ont été communiqués, à ce stade, sur la nature (âge, classification) des véhicules concernés.
De première réactions locales
L'opposition, à travers la voix de Béatrice Gailliout du groupe Progressistes et Républicains a tenté de faire passer un amendement pour corréler l'attribution d'une deuxième vignette à la situation du foyer, et de la maintenir « dans des cas justifiés », comme un travail tardif, éloigné, etc. « Peu de véhicules sont concernés et cela éviterait la casse sociale », a argumenté l'élue. L'amendement a cependant été rejeté.
Un conditionnement que demandait aussi le groupe Pour Lyon, dans lequel siège l'ex-maire Gérard Collomb, mais cette fois-ci en fonction d'un autre critère : à savoir si le foyer possède un garage ou non. Cette piste-là est d'ailleurs suggérée elle aussi dans le PDU. « Nous sommes pour une réduction en bonne intelligence, mais contre le fait de ne pas faire de distinction de situation », a appuyé Anne-Sophie Condemine.
Pascal Blache a de son côté mis en avant la baisse de la motorisation en ville, suggérant ainsi de laisser le « stock » diminuer lui-même progressivement.
« L'usage de la voiture est parfois une nécessité. Il ne s'agit pas d'interdire la voiture, mais de favoriser l'usage partagé de la voirie. C'est une question de santé et d'écologie. La délibération veut inscrire une réalité concrète : la plupart des des ménages n'ont plus qu'un véhicule. C'est aussi une sortie du tout voiture » leur a répondu le conseiller PS, Philippe Prieto.
Le ticket résident, au cœur des expérimentations
Le ticket résident est, depuis plusieurs années, une question sensible à l'échelle des municipalités et aussi un terrain d'expérimentations pour les villes écologistes.
A Grenoble, le maire écologiste Eric Piolle en poste depuis 2014 ne porte pas de mesure en ce sens mais il avait tenté en 2016 de rendre le tarif de stationnement « progressif », c'est-à-dire en le lien notamment aux revenus des ménages.
Soit un montant qui devait passer de douze euros par mois à une somme comprise entre dix et trente euros, en fonction des revenus déclarés en lien avec le quotidien familial. Une mesure qui avait finalement été retoquée, quelques mois plus tard en 2017 par le Tribunal administratif de Grenoble, qui avait contraint la Ville à rembourser le trop perçu aux habitants, après un recours de l'opposition socialiste.
(Publié le 15/12/2022, actualisé le 16/12/2022 à 16:01)
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