Réindustrialisation : les débuts timides du fonds lancé par les métropoles lyonnaise et stéphanoise

Soutenir la réindustrialisation du territoire en accompagnant les acteurs économiques qui souhaiteraient s’y installer ou s’y développer, c’est toute l’ambition portée par la métropole de Lyon et sa voisine, Saint-Etienne. Pour y arriver, les deux autorités se sont dotées d’un outil financier : un fonds d’amorçage industriel métropolitain (FAIM). Deux ans et demi après son lancement, en 2021, l’heure est au bilan.
Les métropoles de Lyon et Saint-Etienne se sont associées pour créer un fonds d'amorçage industriel afin de renforcer leur attractivité et la création d'emplois directs productifs sur leurs territoires respectifs.
Les métropoles de Lyon et Saint-Etienne se sont associées pour créer un fonds d'amorçage industriel afin de renforcer leur attractivité et la création d'emplois directs productifs sur leurs territoires respectifs. (Crédits : Laurent Cerino / ADE)

Impulsée au plus haut de l'Etat et portée par le programme France 2030, la stratégie de réindustrialisation prend racine dans les territoires où les collectivités cherchent à décliner leurs propres outils. Comme en Auvergne-Rhône-Alpes où les métropoles de Lyon et de Saint-Etienne ont décidé d'unir leurs forces plutôt que de se concurrencer, afin d'encourager les entreprises industrielles à impact à s'implanter et se développer sur leurs territoires.

Comment ? Grâce à la création, en 2021, d'un fonds d'investissement nommé fonds d'amorçage industriel métropolitain (FAIM) et doté d'une capacité de financement de 70 millions d'euros. Une somme financée à hauteur de 32 millions d'euros par les deux collectivités dont 17 millions d'euros par celle de Lyon.

Les 38 millions d'euros restant sont apportés par une douzaine de souscripteurs publics et privés : GRDF, Plastic Omnium, le groupe SEB, l'Auxiliaire, IFP Énergies nouvelles, Crédit Agricole Loire Haute Loire, Groupama Rhône-Alpes, Caisse d'Épargne Rhône-Alpes, la CCI de Lyon, Saint-Étienne et Roanne. Mais aussi l'Etat, à travers le programme France 2030 justement, opéré en partie par la Banque des Territoires.

Un capital de 70 millions d'euros donc qui dépasse les prévisions réalisées. Preuve pour Stéphane Villecroze, président du fonds Demeter, gestionnaire du FAIM, que « celui-ci a rencontré son public ».

D'ici à 2025, 20 à 25 sociétés industrielles doivent rejoindre son portefeuille, sans discrimination sectorielle, selon l'objectif initialement fixé. Et avec la répartition suivante : deux tiers en amorçage et un tiers en capital-risque.

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Ainsi, la thèse du fonds, établie par les deux métropoles, est claire : financer des startups industrielles et à impact qui veulent s'implanter durablement sur le territoire, c'est-à-dire, y créer des emplois pérennes. Ce qui se résume en trois mots :  «Industrie - Impact - Territoire ».

Une vision qui explique le choix de Demeter, un fonds d'investissement basé à Paris, dédié à la transition énergétique, pour la gestion du FAIM. Et qui possède des bureaux en région et en Europe.

Augmenter le ticket moyen

Deux ans et demi après son lancement, le fonds a investi 13,5 millions d'euros, soit moins d'un quart de sa capacité totale, dans une douzaine de participations sur les vingt à vingt-cinq envisagées.

Ce qui se traduit également par la création de 113 emplois dont 48% d'emplois directifs productifs. Un chiffre qui semble, pour le moment, en deçà des ambitions affichées par la Banque des Territoires en 2022 qui indiquait  dans un communiqué de presse, un objectif de création d'environ 400 emplois industriels directs d'ici à 2026. Mais qui pourrait rapidement augmenter en fonction des futures participations et des réinvestissements.

Autre sujet essentiel : le montant des tickets, « un peu en deçà des objectifs », admet le président de Demeter :

« On a commencé par investir des petits tickets autour d'un million d'euros, ce qui est un peu en deçà des objectifs que nous continuons à poursuivre donc nous allons essayer d'augmenter le montant de ce premier ticket »  afin d'atteindre les 3 à 4 millions d'euros.

Et d'expliquer ce résultat en demi-teinte : « Lorsque nous ne sommes pas tout à fait sûrs, nous investissons un petit ticket mais c'est une erreur. Il vaut mieux être très convaincu et en mettre beaucoup. Et certaines entreprises n'ont pas forcément besoin de renforcer beaucoup leurs fonds propres au démarrage. Mais lorsqu'il y a une ambition de croissance qui est réaliste, au regard du marché et de ce qu'elles ont développé sur le plan technologique, cela nécessite de lever davantage ».

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De leurs côtés, les entrepreneurs qui sont intervenus lors de la présentation de ce bilan dressent un tableau positif de l'accompagnement reçu. Ce grâce à la double casquette du fonds : d'une part, le soutien de Demeter qui officie depuis vingt ans dans la transition écologique et qui possède donc de bonnes connaissances des business model des entreprises. Les équipes du fonds intègrent d'ailleurs le conseil d'administration de leurs participations.

Et de l'autre, celui de la métropole qui apporte son aide sur les enjeux de foncier. Ainsi, E-Recycle et Manufacture Bois Paille, deux sociétés du portefeuille FAIM, reconnaissent avoir été accompagnées dans la recherche de locaux.

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Un soutien assumé par Emeline Baume, 1ère vice-présidente de la métropole de Lyon déléguée à l'économie (EELV) :

« On a la chance d'être sur un territoire avec de nombreuses zones industrielles à régénérer à l'échelle de l'air métropolitaine lyonnaise. Il y a une nécessité à plus et mieux coopérer avec l'ensemble des territoires et souvent, cela se joue sur des questions d'implantation et d'accompagnement au développement des industriels ».

Appuyer sur l'accélérateur

Ainsi, les équipes de Demeter ont un peu moins de deux ans pour trouver 8 à 13 pépites lyonnaises et stéphanoises à soutenir. Un challenge, glisse son président, qui reste confiant. Ce, avec une enveloppe de 21,5 millions d'euros car la moitié du capital initial, soit 35 millions d'euros, sera dédiée au réinvestissement dans des sociétés qui auraient besoin d'un nouveau tour de table pour poursuivre leur croissance.

« La triste réalité est que nous n'allons pas accompagner toutes les entreprises parce que le modèle économique ne convient pas ou parce que l'entreprise bute sur des obstacles technologiques ou de marché qui font que ce n'est pas la peine de réinvestir à perte » , tempère Stéphane Villecroze. Qui poursuit :

« Mais, effectivement, l'objectif est de réinvestir deux ou trois fois et ce sera sans doute même plus pour les gros dossiers ». Ainsi, les sociétés les plus prometteuses pourraient bénéficier d'un financement allant jusqu'à 10% du fonds, soit 6 à 7 millions d'euros.

Ces nouvelles participations permettront également de « se renforcer dans ces sociétés à cette occasion », reconnaît le président de Demeter.

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