Ramener commerces et vie sociale sur les territoires ruraux. C'est l'objectif de Villages Vivants, entreprise installée à Crest dans la Drôme et à Clermont-Ferrand. La coopérative, sous forme de Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), associant des personnes physiques et des personnes morales, comme des collectivités locales ou des acteurs territoriaux, a annoncé une nouvelle ouverture de capital - d'un montant de 2 millions d'euros - afin d'amplifier son action.
Concrètement, Villages Vivants facilite l'accès à l'immobilier pour des « projets collectifs et vivants ». La coopérative achète puis loue des espaces pour permettre l'ouverture de commerces, services ou tiers-lieux de proximité, installés dans des territoires ruraux.
«Notre constat de départ, c'est que les fermetures de commerces et de services de proximité dans les campagnes entraînent une chaîne de problèmes sur l'emploi, la mobilité, l'aménagement du territoire, etc. Avec, in fine, un point commun : moins voire plus du tout d'endroits de socialisation sur ce territoire », explique Sylvain Dumas, co-fondateur et co-directeur de Villages Vivants.
La coopérative, qui emploie 15 salariés, a déjà mené 20 opérations immobilières dans 10 départements différents, et participé ainsi à la création de 70 emplois.
La recette ? S'appuyer notamment sur les acteurs locaux, sur des collectifs d'habitants.
« L'autre constat que nous avons fait, c'est que des projets de l'économie sociale et solidaire réussissent à s'implanter là où les études de marché, qui s'appuient sur des méthodes classiques, prédisent des échecs, souligne Sylvain Dumas. Ils regardent l'économie avec un autre rapport à la lucrativité, à la valeur d'un fonds de commerce, en impliquant les habitants ».
Village Vivants a ainsi permis l'ouverture de l'Hostel Quartier libre, une auberge-restaurant coopérative dans le Vercors.
Depuis sa création, Villages vivants a déjà levé 8 millions d'euros, auprès notamment d'institutions comme la Caisse des dépôts, l'Etat, France Active Investissement, Mirova, etc. Elle compte également 500 citoyens parmi ses sociétaires. Avec cette nouvelle levée de fonds, elle a aussi la volonté de doubler ce nombre d'ici la fin de l'année 2023, et d'atteindre 2.000 sociétaires fin 2024.
« Tout le monde peut devenir investisseur solidaire »
La levée de fonds s'adresse en effet à différents publics : collectivités locales, entreprises locales mais aussi particuliers. « Nous proposons des parts sociales d'une valeur de cent euros, avec un avantage fiscal pour les particuliers. Le montant est faible pour que tout le monde puisse se rendre compte qu'il peut devenir investisseur solidaire et que l'économie n'est pas réservée à une élite », explique Sylvain Dumas.
« Notre objectif est d'avoir une gouvernance s'appuyant sur une base large de sociétaires, qui peuvent voter et être les garants de la continuité du projet d'intérêt général, poursuit le co-fondateur de Villages Vivants. Nous voulons avoir des financeurs qui peuvent s'impliquer - même si on se doute bien que tout le monde ne s'impliquera pas dans des commissions - et participer au grand exercice de démocratie qu'est l'assemblée générale. » Villages Vivants est en train de recruter une personne qui sera chargée d'animer la vie coopérative et de faire participer les sociétaires à la gouvernance.
Grâce à cette levée de fonds, Villages Vivants espère mener à bien sept à dix projets en 2024 - soit à peu près 4 millions d'euros d'investissements. Pour le moment, les projets suivis se concentrent dans le quart sud-est du pays.
En 2024, la coopérative prévoit une nouvelle levée de 4 millions d'euros, et réfléchira à un éventuel changement d'échelle.
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