L’Etat soutient trois communes de Haute-Loire pour revitaliser le commerce rural

Trois villages de Haute-Loire vont bénéficier de subventions pour encourager l’installation ou la reprise de commerces « multi-services ». Une dizaine d’autres projets sont à l’étude. Ces aides font partie du programme de reconquête du commerce rural, inscrit dans le plan France Ruralités présenté en juin par la Première ministre. Objectif : donner un nouvel élan aux territoires ruraux et répondre à une désertification croissante.
La commune de Saint-Georges-d’Aurac a réussi à sauver l'un des derniers commerces du bourg grâce notamment à l'aide de l'Etat.
La commune de Saint-Georges-d’Aurac a réussi à sauver l'un des derniers commerces du bourg grâce notamment à l'aide de l'Etat. (Crédits : DR Commune de Saint-Georges-d'Aurac)

En 1980, 25 % des communes françaises n'avaient aucun commerce, aujourd'hui elles sont 62 %. Un déclin commercial expliqué, entre autres, par les nouveaux modes de consommation, le vieillissement de la population, l'exode rural... autant de paramètres qui accentuent la perte d'attractivité de ces territoires. Et la Haute-Loire n'échappe pas à la règle. Pas étonnant quand on sait que 92% de ses 257 communes sont en milieu rural.

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Ce sont donc trois villages du département qui ont été retenus pour bénéficier du programme de reconquête du commerce rural, lancé en mars par le gouvernement. Avec une ambition : revitaliser les villages grâce à des aides à l'installation. L'Etat va y consacrer 12 millions d'euros, entre 2023-2024, sur l'ensemble du territoire, avec des subventions à l'investissement pouvant aller jusqu'à 80.000 euros pour un projet sédentaire.

« Cette aide nous permet de concrétiser notre projet », se félicite Alain Garnier, maire de Saint-Georges-d'Aurac, village de 480 habitants situé à une quarantaine de kilomètres du Puy-en-Velay. La collectivité va bénéficier d'un peu plus de 14.000 euros pour soutenir la reprise d'un bar-tabac, qui fera aussi petite épicerie de produits locaux et dépôt de pain. La commune a candidaté, il y trois mois, auprès de l'Etat car la personne qui exploitait le lieu voulait arrêter et le commerce risquait de fermer.

« Ce bar-tabac est en plein cœur du village, cela amène de l'activité et c'est surtout un lieu de convivialité. Mais les porteurs de projets qui étaient intéressés par la reprise ont abandonné, car il y avait trop d'investissements à réaliser », explique l'édile.

Garder de la vie dans le village

C'est donc la mairie qui a racheté l'immeuble et le fonds de commerce. Elle a aussi réalisé les travaux de rénovation, pour une facture totale de 116.000 euros. Si elle peut déjà compter sur cette convention avec l'Etat, Alain Garnier espère aussi bénéficier d'aides de la part du Département, de la Région et du Fonds européen. Elle a déjà trouvé une personne pour reprendre le commerce, qui paiera un loyer à la collectivité.

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« Actuellement, il faut faire 7 à 8 kilomètres pour aller chercher du pain car la boulangerie a fermé il y a deux ans. Certains habitants doivent même prendre le taxi pour aller faire leurs courses. Nous sommes conscients que c'est une solution d'appoint mais cela va permettre de garder de la vie dans le village, » souligne le maire qui salue le geste de l'Etat. « Cette aide est bienvenue car, en milieu rural, on a souvent l'impression d'être oubliés, mis de côté. »

Produits de première nécessité

C'est pour lutter contre ce sentiment de déclassement et d'abandon que l'Etat a lancé son plan France Ruralités, initié en juin par la Première ministre Elisabeth Borne. Ce dispositif pour les commerces en fait partie.  En Haute-Loire, en plus de Saint-Georges-d'Aurac, deux autres communes, Champagnac-le-Vieux, 190 habitants, et Saint-Pal-de-Senouire, 110 habitants, ont bénéficié de cette aide. C'est l'ancien préfet de Haute-Loire, Eric Etienne, aujourd'hui directeur général délégué de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), en charge des territoires et de la ruralité, qui a signé mi-août les trois conventions.

« En Haute-Loire, nous avons implanté 21 maisons France services mais cela ne répondait pas à tous les services au public. Il fallait donc aider le commerce car quand le boucher ou le boulanger du village ferme définitivement, il faut répondre à ce besoin de produits de première nécessité », argumente le préfet qui indique que, pour la Haute-Loire, une dizaine d'autres projets sont à l'étude dans le cadre d'une deuxième vague de labellisation.

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Plan « France Ruralités »

Au niveau national, ce sont 170 projets d'implantation ou de reprise de commerces qui ont déjà été retenus et financés, mais l'ANCT précise que l'enveloppe est loin d'avoir été toute consommée.

« Je crois à ce cercle vertueux et puis, cela répond à une demande du terrain. De nombreux maires m'interpellaient sur cette question. Il faut mailler le territoire. Il y a eu les actions Coeur de ville qui concernaient les villes moyennes comme Le Puy-en-Velay, puis le programme les Petites villes de demain, elles sont 27 en Haute-Loire à en bénéficier. Maintenant on lance Villages d'Avenir », détaille Eric Etienne.

Ce dispositif de l'Etat va permettre de créer 100 postes de chefs de projets, qui seront présents dans les préfectures et accompagneront les communes rurales dans la conduite de leurs différents projets. Une manière de répondre aux enjeux spécifiques du monde rural, qui compte 22 millions d'habitants et représente 90 % de la superficie de l'Hexagone.

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