Emeutes : les collectivités dégainent les unes après les autres leurs aides aux commerces dégradés

En réaction aux dégradations et pillages subis par les commerces, les collectivités locales multiplient les dispositifs de soutien. Les métropoles de Lyon et Grenoble ainsi que la ville de Lyon ont déjà débloqué des enveloppes d’urgence. Elles s’ajouteront au plan de 15 millions d’euros que vient d’annoncer Laurent Wauquiez, le président de la Région.
Entre 500 et 1.000 commerces auraient été vandalisés en Auvergne-Rhône-Alpes lors des violences de ces derniers jours.
Entre 500 et 1.000 commerces auraient été vandalisés en Auvergne-Rhône-Alpes lors des violences de ces derniers jours. (Crédits : YP)

Les annonces de plans de soutien et subventions se succèdent ces derniers jours pour accompagner les commerces dégradés lors des violentes émeutes qui ont secoué la France à la suite du décès du jeune Nahel. Selon une estimation provisoire de la Région, encore en cours de consolidation, entre 500 et 1.000 commerces auraient été touchés en Auvergne-Rhône-Alpes.

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Les plus violentes dégradations s'étant concentrées sur les villes de Lyon (120 commerces dont une trentaine tout ou partie incendiés), de Saint-Etienne (environ 120 commerces dégradés et/ou pillés) et de la métropole grenobloise (une centaine de commerces impactés). Le montant chiffré des dégâts est encore en cours d'évaluation mais il s'annonce très important au vu des pillages et des vols qui se sont ajoutés aux dégradations des vitrines.

A Lyon, Métropole, Ville et Région additionnent leurs aides sur fond de bisbille

A Lyon, la Ville a été la première à dégainer en annonçant le déblocage d'une enveloppe de 500.000 euros, via plusieurs dispositifs. Notamment, 150.000 euros qui seront versés rapidement aux associations de commerçants pour soutenir des animations commerciales et 300.000 euros qui viendront compléter un fonds d'indemnisation de la Région.

Fonds dont la Région n'avait pas encore annoncé la création... ce qui a déclenché l'ire de Laurent Wauquiez. Selon son entourage, la Région n'avait même pas été consultée sur ses intentions à ce sujet.

Le président LR de la Région l'a fait savoir illico, par retour de communiqué de presse. Les propos de Grégory Doucet n'engageaient que lui et la Région présenterait son propre plan en temps et en heure. Laurent Wauquiez s'est d'ailleurs fendu le même jour d'un courrier adressé au maire EELV de Lyon, avec qui les relations étaient déjà tendues. Dans cette lettre, que la Tribune a pu consulter, Laurent Wauquiez écrit : « Notre ville (Lyon NDLR) est très marquée par cet épisode de violence inouïe. Par les choix que vous avez conduit depuis de nombreux mois, en refusant d'augmenter les effectifs de police municipale, en refusant l'installation de nouvelles caméras de vidéo protection, vous portez une lourde responsabilité dans cette faillite (...). J'espère que pour vous, ces récents événements ont abouti à une prise de conscience ».

Deux jours plus tard, ce vendredi, la Région a finalement détaillé son plan. Au programme : une enveloppe d'urgence de 15 millions d'euros pour soutenir les commerçants de la Région. Ce dispositif permettra aux commerçants impactés de bénéficier d'une aide de 5.000 à 10.000 euros afin de financer la perte de chiffre d'affaires, le remplacement des équipements dégradés et l'achat de matériel de sécurisation. Les communes et les EPCI (la Ville de Lyon donc par exemple...) sont conviés à accompagner ce dispositif pour compléter la somme. Ce plan doit être soumis au vote en commission permanente exceptionnelle ce mardi 11 juillet. La Région promet un système simple avec une télédéclaration en ligne, pour un versement d'ici la fin du mois de juillet.

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La Métropole de Lyon n'est pas en reste, avec 250 commerces impactés sur son territoire (dont la moitié à Lyon). Elle a, elle aussi, annoncé une aide d'urgence en fin de semaine dernière : un million d'euros. Elle a choisi de se positionner sur le terrain de la sécurité.

« Les événements entraînant des dégradations se multiplient ces dernières années, les cambriolages augmentent. J'avais en tête depuis un moment déjà cette question de la sécurisation des commerces. Ces dernières émeutes viennent accélérer le processus », explique Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon.

Ce dispositif doit aider les commerçants, à hauteur de 5.000 euros, à investir dans des rideaux métalliques, des vitrages renforcés, des grilles, des boutons d'alarme etc. A condition que ces matériels soient fabriqués en Europe. « Nous allons par ailleurs débloquer une enveloppe complémentaire de 100.000 euros pour soutenir les structures de management de centre-ville du territoire. Cela leur permettra de mettre en place des animations commerciales supplémentaires afin de compenser les fortes baisses d'affluence enregistrées pendant cette période d'émeutes », détaille Bruno Bernard.

« La sécurisation des commerces est une priorité. Entre les gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites et ces émeutes, les commerçants ont subi ces derniers temps des dégradations d'un niveau exceptionnel. Toutes les aides qui vont dans ce sens sont les bienvenues », réagit Régis Poly, vice-président commerces de la CCI de Lyon, expliquant que la chambre consulaire avait justement récemment réactualisé son guide de la sécurité, en partenariat avec la Police Nationale.

La Métropole a par ailleurs annoncé le relogement gratuit des 25 entreprises incendiées à la Coursive, pépinière d'entreprises de Saint-Fons.

Faciliter les dépôts de plaintes et soutenir psychologiquement les commerçants

Au-delà des aides financières, la CCI de Lyon métropole Saint-Etienne Roanne a impulsé un dispositif d'accompagnement, en partenariat avec les préfectures de la Loire et du Rhône, le ministère de la justice et les Finances publiques. Un numéro d'urgence a été mis en place et les commerçants peuvent prendre rendez-vous en ligne pour leurs démarches à Lyon. Sur un même lieu (dans les locaux de la CCI à Lyon), ils peuvent s'entretenir avec un policier pour déposer leur plainte et rencontrer des conseillers de la CCI afin de faciliter leurs démarches. Une cellule d'enquêteurs de la direction départementale de la sécurité publique a été spécialement dédiée aux commerçants. Ce dispositif est soutenu financièrement par une enveloppe de 50.000 euros de la Ville de Lyon.

« Notre objectif est d'être le plus réactif possible, de faciliter les démarches de dépôt de plainte. Pour un commerçant, il est complexe de fermer son magasin et d'attendre parfois longtemps au commissariat pour déposer plainte », souligne le vice-président commerces de la CCI de Lyon, Régis Poly.

Des soutiens à Saint-Etienne et Grenoble aussi

A l'instar de la métropole de Lyon, la métropole grenobloise a annoncé elle aussi le déblocage d'une enveloppe d'urgence qui se traduira par des subventions forfaitaires de 3.000 à 10.000 euros en fonction des dégradations subies.

A Saint-Etienne métropole, pas de plan financier d'urgence à l'horizon. En revanche, la Ville a mis en place avec la CCI et la CMA une permanence à l'office du commerce pour accompagner les commerçants. En partenariat avec le CHU, elle avait également organisé une cellule de soutien psychologique en fin de semaine dernière.

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