Il liait Lyon, Saint-Etienne, Vienne et la CAPI : pourquoi le pôle métropolitain lyonnais vit ses dernières heures

Quatre des six membres du pôle métropolitain, emmenés par la métropole lyonnaise, ont acté la dissolution du pôle métropolitain. La structure, créée en 2012 entre Lyon, Saint-Etienne, Vienne et la CAPI devait permettre de porter le développement conjoint de ces territoires. Le pôle n’a pas convaincu, il vit ses derniers jours : la Préfecture de Région vient d'acter sa dissolution au 31 décembre.
La dissolution du pôle métropolitain vient d'actée dans un arrêté de la Préfecture de Région avec une prise d'effet au 31 décembre. Elle avait été initiée, il y a quelques mois, par la Métropole de Lyon, suivie par trois des cinq autres membres de la structure.
La dissolution du pôle métropolitain vient d'actée dans un arrêté de la Préfecture de Région avec une prise d'effet au 31 décembre. Elle avait été initiée, il y a quelques mois, par la Métropole de Lyon, suivie par trois des cinq autres membres de la structure. (Crédits : DR/ML)

« Nous avons été surpris de cette décision de la métropole lyonnaise car elle a été assez unilatérale. Cela me fait un peu sourciller quand même d'entendre que tout cela n'a servi à rien. On ne peut pas balayer d'un revers de main tout ce qui a été fait et construit depuis plusieurs années ».

Hervé Reynaud, - le maire de Saint-Chamond désormais aux commandes de Saint-Etienne Métropole depuis le « retrait total » de Gaël Perdriau suite à l'affaire de la vidéo intime-, est déçu, il ne s'en cache pas. Il regrette la dissolution du pôle métropolitain.

Dissolution qui vient d'actée, dans un arrêté de la Préfecture de Région et qui avait été initiée, il y a quelques mois, par la Métropole de Lyon, suivie par trois des cinq autres membres de la structure : à savoir Vienne Condrieu Agglomération, la communauté de communes de l'Est lyonnais et la communauté d'agglomération Villefranche-Beaujolais-Saône.

Face à ce bloc de quatre qui a validé l'arrêt de mort du Pôle Métropolitain, Saint-Etienne Métropole et la CAPI souhaitaient, quant à elles, poursuivre le travail engagé depuis douze ans au sein de cette structure.

Un budget trop élevé et un fonctionnement non optimal ?

Pour rappel, le pôle métropolitain est une structure créée par la loi du 16 décembre 2010 afin de "renforcer des territoires urbains qui ne peuvent prétendre à devenir des métropoles". Il existait encore 25 pôles métropolitains en France au 1er janvier 2021, avec la mission de "regrouper plusieurs EPCI au sein de zones géographiques étendues".

En région lyonnaise, le pôle métropolitain avait été créé lui-même en 2012 entre la Communauté Urbaine de Lyon (sous l'ère Collomb) et les territoires de Saint-Etienne Métropole, de la CAPI (communauté d'agglomération Porte de l'Isère) et du Pays Viennois. Ces quatre membres fondateurs avaient ensuite été rejoints par la communauté de communes de l'Est Lyonnais et l'agglo de Villefranche-sur-Saône. Il représente aujourd'hui 173 communes et plus 2,5 millions d'habitants.

Fonctionnant sous le régime d'un syndicat mixte ouvert, le pôle métropolitain avait pour ambition de favoriser le dialogue et la création de projets communs entre ces territoires. Aucune compétence ne lui avait toutefois été déléguée par ses membres. Son budget avait été grignoté au fil des années, passant d'1,1 million d'euros en 2020 à 310.000 euros pour cette année 2022.

Un coût que Bruno Bernard, président EELV de la Métropole de Lyon, juge pourtant encore trop élevé au regard des actions du pôle.

« Depuis sa création, le pôle métropolitain a couté 15 millions d'euros d'argent public. C'est beaucoup trop pour une structure dont je ne vois pas l'utilité. Réunir 88 élus autour d'une table pour déjeuner et évoquer des sujets qui se traitent par ailleurs concrètement hors du pôle, je ne vois vraiment pas l'intérêt. Ce pôle métropolitain est inutile, il n'y a pas grand-chose d'autre à en dire... Un des arguments, lors de sa création, était une meilleure visibilité à l'international. Sérieusement, est-ce que ce pôle apporte un quelconque avantage à la visibilité de notre territoire ? », tacle le président.

Il est soutenu dans cette analyse par trois autres membres du pôle, ainsi qu'à Saint-Etienne, par Pierrick Courbon, chef de file de l'opposition. « Ce pôle représente une dépense inutile et une couche de millefeuille administratif dont on peut facilement se passer ». Et cela, face à une Métropole lyonnaise qui a, de fait, pris elle aussi beaucoup plus de poids avec la loi Mapam en décrochant les compétences d'un Département à l'échelle de son propre territoire.

Des réalisations concrètes pointées par les défenseurs du pôle

Un procès à charge que contestent Hervé Reynaud, pour Saint-Etienne Métropole et Jean Papadopulo, président de la CAPI et président en exercice du pôle métropolitain. Pour ce dernier, il ne faut pas oublier les succès permis par le dialogue initié au sein du Pôle.

« Les discussions pour l'aménagement de la plaine de Saint-Exupéry sont nées au sein du Pôle métropolitain. Nous avons mis en place des partenariats autour de la Biennale de la Danse, de Jazz à Vienne ou de la Biennale du Design. Nous avons aussi installé des représentations communes dans plusieurs salons professionnels de l'immobilier, ainsi que des outils communs entre nos offices du tourisme », pointe-t-il.

Il rappelle par ailleurs le succès d'une offre combinée de mobilité (T'Libre, TER, STAS, TCL) initiée au sein du pôle et désormais pilotée par la Région dans le cadre de sa compétence Transports.

Concernant le budget du pôle, Jean Papadopulo estime qu'un accord aurait pu être trouvé, pour un budget encore plus réduit que celui validé pour 2022. Avec une organisation ne nécessitant pas de réunir une centaine d'élus. Pour le président du pôle, cette dissolution menée par la Métropole lyonnaise correspond en réalité à la volonté de celle-ci de discuter dans le cadre d'échanges bilatéraux plutôt que multilatéraux.

« Tant pis, nous prenons acte. Cela ne nous empêchera par de continuer de bien travailler ensemble ».

Coopérer autrement

Les dés sont désormais jetés. Quatre des six territoires ont adopté, en septembre, les délibérations actant la mort du pôle. Elle sera effective dans les prochains jours. Les six salariés sont d'ores et déjà en cours de reclassement. Des nouvelles délibérations seront prises prochainement par chacun des six membres du pôle pour décider du sort des (maigres) actifs.

Cette fin du pôle métropolitain, structure qui apparaissait à sa création en 2012 comme innovant en France, ne signifie pas pour autant la fin du dialogue entre des territoires aux enjeux étroitement imbriqués. C'est en tout cas ce qu'affirme Bruno Bernard.

« Nous portons de nombreux projets de développement avec Saint-Etienne Métropole par exemple. Sur le covoiturage, sur les déchets ménagers, sur l'alimentation et sur l'économie avec notre nouveau fonds d'investissement industriel ».

Le président de la métropole lyonnaise annonce par ailleurs avoir réveillé tout récemment le réseau des neuf grandes villes de la région. Un réseau qui existait de manière informelle depuis longtemps mais qui s'était endormie.

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