Microbatteries médicales : la startup Injectpower en route vers le lancement d'une usine en Isère

Forte d'une vingtaine d'années de recherche et développement au sein du CEA, la start-up grenobloise Injectpower est en route vers l'industrialisation de ses microbatteries médicales, aussi fines qu'un cheveu, grâce à une levée de fonds et un plan d'investissement de 6,5 millions d'euros.
La microbatterie d'Injectpower, dirigée vers le secteur médical, permet de capter une donnée par heure pendant quatre mois.
La microbatterie d'Injectpower, dirigée vers le secteur médical, permet de capter une donnée par heure pendant quatre mois. (Crédits : Injectpower)

Elles sont longues comme « un quart de grain de riz ». De la taille d'un cheveu. Moins épaisses que l'entre-deux traits d'une empreinte digitale. Les micro-batteries en lithium-ion (solides) de la startup grenobloise Injectpower, à vocation médicale, viennent de recevoir la confiance de plusieurs investisseurs de poids, à hauteur de 6,5 millions d'euros. La moitié représente une levée de fonds, notamment de la part du groupe Idec, spécialisé dans l'immobilier. L'autre moitié se constitue, quant à elle, d'investissements privés, d'associations de business angels du sillon alpin, ou encore de la Bpifrance.

Lire aussiCES 2023 : ces 36 startups qui composeront la délégation Auvergne Rhône-Alpes

Une industrialisation envisagée fin 2025

Grâce à ces entrées, qui seraient soutenues par une nouvelle levée de fonds de 40 à 50 millions d'euros en 2024, la jeune entreprise entend finaliser ses développements et surtout, mettre en œuvre son outil de production.

Car la startup créée en 2020, forte d'une technologie développée ces vingt dernières années au sein du CEA/LETI à Grenoble (Isère), vise la commercialisation de ses toutes petites batteries, rechargeables, d'ici à environ deux ans et demi. Pour cela, elle doit encore passer des étapes : d'abord, la mise en œuvre de sa chaîne de production, mais aussi obtenir la certification des produits finaux auprès des autorités médicales.

« L'énergie, dans le médical, est un besoin non satisfait »

Car ces batteries seraient implantées médicalement en vue de recueillir des données locales de façon rapide et régulière, sur un temps long. Elles sont notamment fléchées vers la prise de tension du glaucome, derrière l'œil, mais aussi de pathologies cardiaques, neurologiques ou encore céphaliques, comme l'hydrocéphalie. Pour cela, Injectpower fait non seulement valoir la toute petite taille de ses batteries, « poussées dans leurs retranchements » selon Philippe Andreucci, son président directeur-général, mais aussi sa technologie rechargeable, notamment par induction (le reste fait encore partie de ses « recettes secrètes »).

« L'énergie, dans le médical, est un besoin non satisfait. (...) D'une puissance de 4 microampères par heure, ces batteries permettent d'enregistrer une donnée par heure pendant quatre mois. Quand il faut les recharger, environ une fois par mois, nous utilisons, dans l'exemple du glaucome, des lunettes génèrent un très faible champ magnétique. Ici, contrairement aux batteries utilisant du lithium liquide, il n'y a pas de risque d'échauffement », affirme encore le patron de la startup.

Pour certaines maladies, comme le glaucome, des études cliniques vont être lancées par son partenaire et associé, Injectsense, en France et aux Etats-Unis « à partir de la fin d'année prochaine ». Mais la startup se veut confiante, forte des années de recherches passées : « On dit qu'il faut généralement dix ans à une technologie médicale pour être commercialisée, estime Philippe Andreucci. Cela fait déjà dix ans qu'Injectsense développe ses capteurs. Nous pensons pouvoir, une fois les autorisations obtenues, commercialiser à l'horizon fin 2025 à 2026 ».

Dans les pas de la microélectronique

Surtout, face à l'expansion du marché mondial des implants médicaux (103 milliards de dollars en 2022), la startup met en avant une singularité grenobloise : s'appuyer sur les technologies de la microélectronique pour optimiser ses procédés de production, testés au sein du CEA. Concrètement, Injectpower entend créer une usine dite de type « MEMS 200 mm » à partir de 2025, toujours dans son berceau isérois. Autrement dit, « une salle blanche » où seraient produits quelques milliers de wafers de 200 millimètres (des galettes de silicium) par an. Quasiment rien par rapport au secteur électronique conventionnel ? « Cela paraît ridicule à prime abord, mais un seul wafer produit 10.000 batteries », répond Philippe Andreucci.

« Grâce à l'utilisation de cette chaîne, très standardisée, nous retrouvons tous les bons côtés de la microélectronique : la fiabilité, la robustesse, le dimensionnement et les rendements », ajoute ce dernier.

Car une si petite batterie ne sera pas vendue trois francs six sous... Son prix d'achat, en cours de négociation, dépend aussi du montant des remboursements, déterminé au moment de l'homologation sur un marché médical. Si Injectpower dit viser prioritairement la France et les Etats-Unis avec Injectsense, elle voit déjà l'Union européenne en prochaine étape, et de nombreuses autres applications médicales. Près de Grenoble, un terrain a déjà été réservé. La startup aimerait passer de dix à une quarantaine de salariés dans l'année à venir.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.