Technologies médicales : en Auvergne, Biocorp passe sous le giron du géant danois Novo Nordisk

Le fabricant danois de médicaments Novo Nordisk détiendra, mi-octobre, 100% du capital de la société puydômoise Biocorp. Cette opération, à plus de 154 millions d’euros, avait été annoncée en juin. Novo Nordisk compte sur cette acquisition pour développer très rapidement de nouveaux dispositifs connectés.
Le dispositif connecté, Mallya, développé par Biocorp, équipe les stylos injecteurs d'insuline de Novo Nordisk depuis deux ans.
Le dispositif connecté, Mallya, développé par Biocorp, équipe les stylos injecteurs d'insuline de Novo Nordisk depuis deux ans. (Crédits : DR Biocorp)

Suite logique d'un partenariat noué il y a plusieurs années, le fabricant de médicaments Novo Nordisk rachète aujourd'hui l'intégralité des parts de la société de technologies médicales Biocorp, située dans le Puy-de-Dôme. Déjà partenaires, donc, autour de Mallya, l'un des produits phares de l'entreprise française (un dispositif connecté compatible avec les stylos injecteurs d'insuline de Novo Nordisk), le géant danois s'est naturellement emparé de la jeune société, basée à Issoire.

Lire aussiBiotech : répondre aux enjeux de la sous-traitance pharmaceutique

Cette medtech auvergnate, qui produit et commercialise ce capteur intelligent depuis 2020, écrit ainsi une nouvelle page de son histoire avec un rachat à 154,4 millions d'euros. Cette acquisition, réalisée au terme d'une OPA simplifiée et d'un futur retrait de la cote, est nourrie par les ambitions fortes du laboratoire pharmaceutique.

« Au-delà de l'acquisition, Novo Nordisk veut investir fortement sur le long terme dans l'entreprise. Cela va nous donner une force de frappe et des moyens conséquents au niveau du matériel et des recrutements. C'est un avantage énorme car nous sommes dans un domaine qui demande beaucoup d'investissements. Si nous n'avions pas pu nous adosser à un tel groupe, le chemin aurait été plus long et plus compliqué », explique Eric Dessertenne, directeur général de Biocorp.

L'entreprise de 85 salariés devrait ainsi voir ses effectifs avoisiner les 100 personnes à la fin de l'année, et même doubler dans 3 ans avec des embauches du côté de la R&D, de la production et du service qualité.

La production reste à Issoire

La direction de Biocorp se félicite aussi de l'autonomie que lui laisse Novo Nordisk, conscient de la synergie entre les deux entités.

« Notre entreprise va rester très indépendante dans sa manière de fonctionner, dans son organisation, afin de ne pas casser l'innovation et l'agilité qui ont été nos critères différenciants, qui ont justement attiré Novo Nordisk. Nous allons préserver en quelque sorte notre esprit start-up et continuer à produire en France. C'est ce message aussi qui nous a convaincu », précise le dirigeant de Biocorp.

Lire aussiComment Chartres veut devenir le hub mondial des flacons d'insuline de Novo Nordisk

La medtech continuera d'ailleurs de servir ses clients actuels, notamment Sanofi ou Merck, autres géants du secteur et concurrents directs de Novo Nordisk. Cela, afin de respecter les contrats engagés sur plusieurs années, notamment au sujet du capteur Mallya.

Un fort intérêt pour les dispositifs connectés

Biocorp pourrait justement faire évoluer et grandir ce dispositif médical, qui permet aux patients diabétiques de suivre précisément les doses injectées quotidiennement. La PME pourrait en produire plusieurs millions par an d'ici trois à quatre ans (contre quelques dizaines de milliers aujourd'hui), le potentiel de ce marché étant considéré comme énorme par l'entreprise.

« Dans le monde, plus de 60 millions de personnes utilisent un stylo injecteur chaque jour. Nous espérons à terme équiper la majorité de ces patients. D'autant que nous avons obtenu, en fin d'année dernière, l'autorisation de commercialiser ce dispositif aux Etats-Unis, le plus gros marché mondial, » s'enthousiasme Eric Dessertenne.

Le groupe compte également aller plus loin dans la « e-santé », avec d'autres dispositifs connectés, quelle que soit la voie d'administration du traitement (injectable, orale, inhalation). Et c'est aussi ce qui a attiré Novo Nordisk.

« Nous cherchons à accroître notre agilité pour permettre l'innovation et le développement, plus rapides, de nouveaux dispositifs connectés », a ainsi justifié Marianne Ølholm, vice-présidente senior, dispositifs et solutions d'administration chez Novo Nordisk dans un communiqué, confirmant que l'esprit d'entreprise de Biocorp serait préservé.

S'assurer que le traitement soit bien pris

Les chercheurs de Biocorp travaillent en ce moment sur de nouveaux produits, comme par exemple des piluliers connectés, qui pourraient apporter un service aux malades dans la prise de leur traitement.

« Ce n'est pas notre chiffre d'affaires, de 11 millions l'an dernier, qui a intéressé Novo Nordisk. Lui qui génère des milliards d'euros sur ses molécules », explique Eric Dessertenne. « C'est bien notre capacité d'innovation. Notre feuille de route est d'améliorer l'observance des patients. En clair, de s'assurer que le traitement soit pris correctement. »

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.