Santé : bioMérieux lance Spotfire, un outil pour détecter les pathologies respiratoires en dehors des laboratoires

Le spécialiste mondial du diagnostic in vitro bioMérieux a lancé en juin dernier aux Etats-Unis sa nouvelle plateforme de détection rapide des pathologies respiratoires (SARS-CoV2, Grippe A, Grippe B, Rhinovirus, Virus Respiratoire Syncytial) en quinze minutes, nommée Spotfire. Ce nouveau dispositif participe à la décentralisation des tests, en dehors des laboratoires. La société familiale, qui vient de nommer son nouveau directeur général et de présenter son bilan semestriel, espère le commercialiser en Europe d'ici à 2024.
Le chiffre d'affaires de bioMérieux atteint 1,770 milliard d'euros au premier semestre 2023, avec une croissance de 8,3 % par rapport au premier semestre 2022, à taux de change et périmètre constants.

Après avoir vu son activité renforcée par la crise sanitaire, la société bioMérieux, leader mondial des diagnostic in vitro tant dans le domaine clinique (84 % des ventes) qu'industriel (16%), maintient le cap et porte de nombreux espoirs dans son nouveau produit de détection des pathologies. Créée en 1963, l'entreprise familiale dont le siège est situé à Marcy-l'Etoile (Rhône), spécialisée dans la microbiologie, travaille notamment à la détection des bactéries, aux solutions de leur résistance aux antibiotiques, ainsi qu'aux immunoessais et à la biologie moléculaire, dont font partie les tests PCR. C'est dans cette dernière catégorie que le groupe, qui investit chaque année entre 12 et 13 % de son chiffre d'affaires dans la recherche et développement, consacre aujourd'hui une grande partie de ses efforts. Avec, en illustration, son nouveau dispositif de détection rapide des pathologies respiratoires, nommé Spotfire.

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Déployé depuis le 8 juin 2023 aux Etats-Unis, le premier client de bioMérieux qui réalise 90 % de son chiffre d'affaires à l'international, l'outil permet de détecter en quinze minutes un pathogène parmi 5 ou 15 cibles, les plus fréquemment responsables d'infections des voies respiratoires supérieures (dont le SARS-CoV2, les grippes A et B, le rhinovirus ou encore le Virus Respiratoire Syncytial). Surtout, il consiste à être utilisé chez le médecin ou dans un centre médical, à l'extérieur des laboratoires, pour être « au plus près du patient », remarque Pierre Boulud, fraîchement nommé directeur général, là où Alexandre Mérieux, jusqu'alors PDG, endosse aujourd'hui le poste de président : « C'est une innovation assez différenciée sur le marché. On est en processus de lancement, de déploiement dans les différents pays en fonction des autorités réglementaires ».

Lancé aux Etats-Unis et au Japon, des objectifs en Europe

Déjà une centaine de clients ont adopté le dispositif outre-Atlantique. Le Japon a également approuvé la technologie en août. Reste à concrétiser la prochaine étape, à savoir un déploiement sur le vieux continent. De « nombreux » marchés où « la possibilité de faire un test de diagnostic chez le médecin est très contrainte, explique le directeur général, pour des raisons réglementaires et financières ».

Concrètement, bioMérieux entend s'adresser à des instituts de santé, des hôpitaux : « on pense notamment à une utilisation dans les salles d'urgences : on est à l'intérieur de l'hôpital, mais on donne la possibilité à l'équipe, aux urgences ou en réanimation, de procéder à des tests au plus proche du patient, sans avoir besoin de prendre un échantillon, de l'amener au laboratoire et d'attendre la réponse ».

« On se positionne dans des marchés décentralisés, où le « point of care » (test rapide) est moins construit et établi. On le fait pays par pays, en fonction des systèmes de santé et des autorisations. Notre ambition est de lancer mondialement Spotfire. On l'a fait aux États-Unis, on va le lancer au Japon, et on veut le déployer dans tous les pays sur lesquels on est prêt à avancer. Dans l'année qui vient, je pense qu'on aura mis à disposition notre solution dans la plupart des pays européens, notamment en France », explique Pierre Boulud, directeur général de bioMérieux

Depuis trois ans, l'entreprise a largement bénéficié de la crise Covid, avec un résultat net en hausse de 23 % au premier semestre 2020. Aujourd'hui, ses performances trouvent leur solidité dans le domaine respiratoire (branche Biofire), dont le chiffre d'affaires a augmenté de 27 % au premier trimestre 2023, en enlevant les activités liées au Covid-19 qui, elles, restent au plancher étant donné le ralentissement du virus en début d'année. Les ventes de solutions de résistances aux antibiotiques ont elles aussi progressé de 15 %.

bioMérieux affiche des résultats semestriels « solides », avec un faible endettement

Le chiffre d'affaires du groupe atteint 1,770 milliard d'euros au premier semestre 2023, avec une croissance de 8,3 % par rapport au premier semestre 2022, à taux de change et périmètre constants. En excluant l'activité des tests respiratoires liés au Covid-19, le chiffre d'affaires a même progressé de 11 %. Elle s'explique notamment par une répercussion de l'inflation sur les prix.

Le résultat net de l'entreprise, de 162 millions d'euros, accuse quant à lui une diminution de 29,1 % en un an. En cause, « un événement exceptionnel », explique Guillaume Bouhours, directeur exécutif : « on a pris une perte de valeur sur une société chinoise, HyBiome, dont nous avons pris le contrôle à 67 % et qui représente seulement 10 % du total de nos activités en Chine. Elle est positionnée sur un petit segment qui n'est pas très compétitif. On s'attendait à ce qu'elle reprenne une activité plus dynamique, qui finalement n'a pas eu lieu. La performance financière de cette petite filiale n'est pas au rendez-vous et on a pris une perte de valeur ».

En revanche, le faible endettement du groupe (68 millions d'euros sur les 800 millions d'euros de l'Ebitda, à savoir les bénéfices avant intérêts, impôts et amortissements) lui offre des marges confortables pour de possibles acquisitions.

La société espère voir ses activités croître de 8 à 10 % au prochain semestre.

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