Seconds cancers : à Lyon, le centre de cancérologie Léon Bérard lance une étude sur la prévention

Le centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, situé à Lyon (Rhône), lance une vaste étude sur le rôle des traitements par immunothérapie dans la prévention des seconds cancers, qui représentent 20 % des pathologies. Cette recherche, menée auprès de 400 patients en rémission et comportant des facteurs de risque, entend mieux comprendre le potentiel de l'immunothérapie dans la lutte contre la maladie.
Le centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, à Lyon (Rhône).
Le centre Léon Bérard, à Lyon, fait partie des 18 établissements de lutte contre le cancer en France. Il dispose d'un établissement de recherche clinique et d'une unité de soins.

Tout a commencé par un constat médical, appuyé ensuite par des données : « C'est en évaluant nos dossiers médicaux entre 2013 et 2018, au nombre de 50.000, qu'on a mis en évidence l'impact potentiel de l'immunothérapie sur les seconds cancers ». Le Dr. Pierre Heudel, médecin oncologue au centre spécialisé Léon Bérard à Lyon (Rhône), membre du réseau de 18 établissements Unicancer, nourrit l'espoir d'avancer sur la prévention des nouvelles pathologies. Car le sujet des seconds cancers, qui désignent un cancer différent du premier contrairement à la récidive (lorsque le premier cancer réapparaît) est encore « très peu étudié en cancérologie », affirme le spécialiste : « Il n'existe quasiment pas d'essais prospectifs. Toutes les études menées jusqu'ici sont rétrospectives et ne s'appuient que sur des dossiers médicaux, des bases de données ».

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Contrairement à la chimiothérapie ou aux thérapies ciblées, qui agissent directement sur les cellules cancéreuses pour les détruire, l'immunothérapie a pour objectif de réactiver le système immunitaire du patient afin de combattre la maladie. Ce traitement, lancé il y a une dizaine d'années, voit progressivement son périmètre d'action s'élargir : « C'était au début très ciblé sur certains types de cancers, comme celui du poumon ou du mélanome métastatique, remarque le Dr. Heudel. Et puis, le traitement s'est étendu aux cancers du rein, du mélanome en situation localisée, et depuis un an à certains types de cancers du sein, localisés ou métastatiques ».

Mieux comprendre les leviers de prévention des pathologies

À travers le projet clinique PredoSTAR, lancé cet été par le centre Léon Bérard aux côtés de trois autres établissements (le centre Gustave Roussy à Villejuif, le centre Jean Perrin à Clermont-Ferrand et l'IUCT Oncopole à Toulouse), l'immunothérapie est abordée sous un prisme préventif, là où un cancer sur cinq est une seconde maladie. L'étude académique, financée par les dons du centre, vise à regarder non plus la corrélation, mais bien la causalité entre les traitements par immunothérapie et le risque de seconds cancers.

Pour cela, 400 patients adultes en rémission, naïfs de tout traitement par immunothérapie et comportant des facteurs de risques, dont le tabagisme ou des prédispositions génétiques, participent à la recherche clinique sur trois ans. Un groupe recevra un traitement de suivi classique et un autre se verra proposer un complément par immunothérapie via le médicament dostarlimab, déjà commercialisé.

Derrière cette vaste étude, dont les conclusions ne seront pas connues avant 2029 ou 2030, l'idée d'avancer sur la prévention des premiers cancers : « Certaines observations, encore très en amont d'études cliniques, évaluent la réduction du risque de premier cancer, notamment pour les pathologies ORL. Est-ce que l'immunothérapie est capable de réduire le risque d'évolution des lésions précancéreuses ? On peut espérer qu'à une échelle de dix ans, on puisse vraiment avancer sur ces sujets-là », escompte le Dr. Heudel.

Lyon, « place forte de la santé mondiale »

À Lyon, le centre Léon Bérard assure des missions de recherche, de soins et d'enseignement aux côtés de 600 chercheurs, 280 médecins et 800 soignants. Chaque année, près de 45.000 patients sont accompagnés et 6.000 tumeurs sont diagnostiquées. Cet « établissement de soins privé d'intérêt collectif » travaille notamment avec les Hospices civils de Lyon au sein de l'Institut d'Hématologie et d'Oncologie Pédiatrique.

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La ville accueille aussi depuis 1972 le Centre international de recherche sur le cancer, une agence spécialisée de l'Organisation mondiale de la santé. L'institution, installée dans le quartier de Lyon Gerland (70 acteurs de la santé, dont les laboratoires Sanofi, Boehringer, ou encore l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) travaille notamment sur les causes et la prévention des cancers dans son laboratoire de recherche, via la collecte et l'analyse de données. L'ex-ministre de la santé et de la prévention, François Braun, avait à ce titre qualifié ainsi la capitale des Gaules de « place forte de la santé mondiale » lors de sa visite du biodistrict lyonnais, le 12 mai 2023.

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