Lutte contre le cancer : « Tous les pays collaborent avec nous et envoient leurs données pour qu'on les travaille » (Elisabete Weiderpass, Circ)

LYON BUSINESS. Présent à Lyon depuis plus de cinquante ans, le Centre International de recherche sur le cancer oeuvre pour la lutte contre la maladie à travers le monde surtout dans les pays les plus défavorisés. Grâce à une coopération internationale, l’établissement fait aussi office de référence en matière de recherche, de prévention, mais aussi de transmission comme l'explique Elisabete Weiderpass, directrice du Circ.
(Crédits : DR Capture écran)

Le centre international de recherche sur le cancer (Circ), installé à Lyon depuis 1965, vient de déménager pour s'installer dans le biodistrict de Gerland. Ce nouveau bâtiment de 11.000 m2 de locaux a nécessité un investissement de 65 millions par la Région, l'État, la Métropole et la Ville. Ce nouveau siège inscrit aussi un peu plus Lyon en tant que place incontournable de la santé.

« On est fiers de ça, et de continuer à voir Lyon comme un centre international, très important et visible au niveau international. Peut-être même plus visible au niveau international qu'au niveau français », commente la directrice du Circ, Elisabete Weiderpass.

Coopération internationale

Le cancer va devenir la maladie numéro du siècle, avec une augmentation des cas de 60% d'ici à 2040. Pour répondre à cet enjeu, le Circ « travaille dans tous les domaines de recherche sur la prévention du cancer. On est aussi responsable de faire toutes les statistiques sur les cancers dans le monde. Tous les pays collaborent avec nous et nous envoient leurs données pour qu'on les travaille, les homogénéise et qu'on les présente aux ministres de la santé du monde entier. On fait aussi de la recherche étiologique, sur les causes du cancer et on fait énormément de recherche sur la prévention, le dépistage, la vaccination », explique Elisabete Weiderpass.

Des ambitions soutenues par ce nouveau bâtiment et ses nouvelles capacités. Il accueille en effet une biobanque de plus de 1.000 m2 qui peut disposer de dix millions d'échantillons. « Les échantillons humains sont absolument fondamentales pour faire la recherche sur le cancer. C'est là où on a la possibilité de chercher de nouveaux biomarqueurs pour la détection précoce, pour les diagnostics précoces. Mais aussi les biomarqueurs pour la réponse aux traitements (pour la chimiothérapie, la thérapie hormonale ou la thérapie immunogénique). »

Aussi, 70 % des décès par cancer surviennent dans des pays à revenu faible et intermédiaire. Le Circ concentre donc son activité sur ces pays. « On étudie les profils cancers dans chaque pays individuellement et on travaille avec les ministères de la santé pour définir des stratégies de prévention adaptées à chaque pays. [...] Nous avons développé un code européen contre le cancer qui s'applique à l'Europe, mais nous avons aussi un code latino-américain, un code asiatique et on va développer un code africain. »

En France, 40% des cancers pourraient être évités grâce à des changements de mode de vie. « On a développé avec nos collègues européens ce qu'on appelle le Code européen contre le cancer. Il y a douze règles basiques : éviter le tabac, diminuer l'alcool, avoir une diète saine, avoir une activité physique et ne pas être exposé à des produits chimiques qui causent le cancer et faire vacciner ses enfants contre les papillomavirus et l'hépatite B... Toutes ces recommandations sont en ligne sur notre site », appuie la directrice du Circ.

Former et recruter

Sur la prévention, le Circ travaille avec les gouvernements et institutions compétentes en la matière. Au niveau local, des coopérations et synergies se créent également. Le biodistrict de Gerland va accueillir la future académie de l'OMS ou encore l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. « Avec le nouveau directeur de l'académie de l'OMS, on a déjà démarré des travaux en commun. On a créé des cursus sur le dépistage du cancer du col utérin qu'on a préparé avec tous nos experts qui sera bientôt sur leur site web, disponible pour tous les pays du monde dans plusieurs langues. »

Cet axe de la transmission est aussi un des piliers du Circ qui travaille en science ouverte, soit « la possibilité d'offrir tous les produits scientifiques que l'on a à tout le monde, pour tous les citoyens sans aucun coût. »

A ce jour, le Circ compte environ 300 salariés et espère aller jusqu'à 500 d'ici cinq ou six ans. « Notre difficulté c'est qu'on a pas les moyens financiers de recruter plus, mais nous avons maintenant la capacité physique d'accueillir d'autres chercheurs. On va créer des synergies avec d'autres acteurs français et ailleurs (Institut national de la santé et de la recherche médicale, Institut national du cancer) pour inviter plus des chercheurs à faire leurs recherches chez nous. [...] Heureusement, la France est riche avec des ressources humaines qualifiées dans le domaine de la recherche. Les chercheurs sont là, il faut qu'on trouve les moyens pour les postes. »

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis la rentrée dernière pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au cœur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Élodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaînes 479 (box SFR), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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