Antoine Thebault, le patron du groupe éponyme, est catégorique : le lamibois, ce matériau composite constitué de couches de placage de bois stratifié, représente une des voies royales de la décarbonation de la construction. « Le lamibois (LVL en anglais pour Laminated Veneer Lumber) offre une résistance mécanique très importante tout en nécessitant des ressources en bois de 30 à 40% inférieures aux matériaux bois habituels ».

100.000m² de lamibois par an

Sauf que, faute d'offre suffisante notamment, il est actuellement encore peu utilisé en France. Une lacune à laquelle Thebault veut pallier en implantant, en Haute-Loire, la première usine française de fabrication de lamibois. Cette nouvelle unité de 25.000 m², la 6e du groupe, sera construite sur un terrain de 15 hectares à Lempdes-sur-Allagnon. A terme, elle permettra de produire, chaque année, quelque 100.000m² de panneaux et poutres de lamibois destinés au marché français et à l'export.

Ce groupe familial basé dans les Deux-Sèvres emplois 400 salariés et a réalisé 100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, dont 65% à l'export. Le groupe Thebault possède cinq usines en France et est un acteur majeur du marché du contreplaqué avec 125.000m² produits par an, soit 50% de la production française.

Cette nouvelle unité, prévue en 2025, s'accompagnera de quelque 85 recrutements et sera réalisée en partenariat avec l'entreprise locale de sciage CBD Bois, avec laquelle une société commune a été créée. Montant prévisionnel de l'investissement : 100 millions d'euros, soutenu à hauteur de 17 millions d'euros par France Relance (volet décarbonation) et de trois millions d'euros par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Syndicat intercommunal pour le développement économique Allier Allagnon.

Du bois altiligérien

Si le groupe Thebault a retenu la Haute-Loire pour ce méga investissement industriel, c'est pour sa ressource en sapin pectiné, essence retenue par l'entreprise pour produire son LVL-Lamibois.

« La résistance mécanique de cette essence nous a convaincu. De plus, les ressources disponibles sont importantes car cette essence connaît un taux d'accroissement intéressant. Nous pourrons produire notre Lamibois sans toucher au capital, en quelque sorte. Cela permet de sécuriser notre approvisionnement, d'autant que cette espèce semble plus résistante que d'autres au changement climatique », explique Antoine Thebault, représentant de la troisième génération à la tête de l'entreprise.

Cette initiative devrait donner un coup de pouce significatif à la valorisation des sapins pectinés, confinés, selon une étude de Fibois, - l'interprofession régionale du bois-, réalisée en 2019, à une forme « d'impasse sylvicole et commerciale ».

Accélérer la décarbonation de la construction

Pour le groupe Thebault, cette diversification dans le LVL (produit d'ingénierie bois principalement destiné à la construction) doit lui permettre de renforcer son empreinte dans le secteur de la construction. Ce marché représente actuellement 45% de son chiffre d'affaires, le reste de l'activité étant constitué de contreplaqués à destination d'applications telles que l'agencement ou l'emballage. Avec le LVL, cette proportion de la construction dans son chiffre d'affaires dépassera les 65% d'ici 5 ans. « Nous souhaitons prendre notre part dans la stratégie bas carbone française avec cette nouvelle solution », explique Antoine Thebault, rappelant que 85% de sa matière première est issue de France  (pins maritimes et peupliers). Seul l'Okoumé vient des forêts gabonaises.

Outre son renforcement sur la construction, cet investissement majeur en Haute-Loire ouvrira à Thebault le chemin d'une croissance significative (perspectives non communiquées).