
Valoriser les rebuts des scieries, sur place, à l'aide d'un outil qui les transforme en un produit très demandé : les granulés de bois. Tel est le pari de la startup lyonnaise Woodtechno, qui s'apprête désormais à sortir du laboratoire pour passer à l'échelle du pilote industriel.
Un peu plus d'un an après sa création, en 2021, la startup a bouclé une levée d'un million d'euros auprès de Demeter, via le Fonds d'Amorçage Industriel Métropolitain (FAIM). Avec une ambition : développer sa technologie de « production éco-efficiente de granulés de bois ». Une levée qui sera rallongée de 500.000 euros supplémentaires d'ici au 1er semestre 2023.
« Cette phase post-universitaire et pré-industrielle va permettre de réaliser une montée en puissance à une échelle 50 fois supérieure à celle d'un laboratoire », commente José Brunet, président de Woodtechno.
Avec son nouvel outil pilote, Woodtecho ambitionne ainsi de produire 300 kilos de granulés par heure et d'atteindre même les trois tonnes par heure, à l'issue d'une phase de maturation qui devrait durer entre 12 et 18 mois. Cette levée de fonds permettra aussi d'embaucher deux personnes, en plus des trois salariés actuels.
Valoriser les rebuts de bois des scieries
Après sa phase de maturation, Woodtechno compte s'adosser à la filière bois et implanter sa machine directement au coeur des scieries, afin qu'elles valorisent elles-mêmes leurs coproduits. « Nous ne sommes pas directement des producteurs de granulés », souligne ainsi José Brunet.
La startup, accompagnée par la SATT Pulsalys, a en effet développé une innovation basée sur les travaux de Frédéric Becquart, enseignant-chercheur au laboratoire Ingénieur des Matériaux Polymères de Saint-Étienne.
Sa technologie, basée sur un procédé d'extrusion, ouvre une nouvelle porte à la valorisation des coproduits du sciage du bois (sciure, copeaux, plaquettes) sous forme de granulés, prêts pour être ensuite utilisés au sein des poêles et chaudières.
Un procédé qui peut être réalisé directement sur place au sein des scieries, permettant d'éviter également les étapes de pré-traitement de la matière première, mais aussi d'économiser jusqu'à 75% d'énergie par rapport aux procédés de granulation traditionnels, tout en transformant les co-produits issus des résineux comme des feuillus.
Côté usages, cet outil vise donc à s'implanter directement au coeur des scieries, au plus près des besoins : « C'est un procédé modulaire et nous comptons capter les entreprises qui ne vont pas vers les modes de production conventionnels. Nous avons une volonté d'efficience et d'engagement durable et d'économie circulaire. »
Côté marché, José Brunet vise plus spécifiquement le secteur des feuillus, qui n'a pas encore accès à la production des granulés : « l'opportunité de marché est beaucoup plus grande que sur les résineux. »
Un marché en pleine explosion
Une offre bienvenue sur un marché en pleine tension, car comme le rappelle Propellet, l'association des professionnels du secteur des granulés de bois, « l'ensemble des professionnels du secteur a dû faire face à une hausse fulgurante de la demande au cours de l'année 2022. »
Et bien qu'Auvergne Rhône-Alpes soit la première région productrice de granulés de France, la situation ne cesse de se tendre depuis la crise sanitaire : la production est ainsi passée de 1,8 millions de tonnes pour une demande estimée à 2,4 millions de tonnes en 2021 et « devrait atteindre les 2,1 millions de production pour 2,7 millions de tonnes de consommation » en 2022. Il faut revenir à 2019 pour retrouver une année où la production et consommation étaient alignées, puisque la première était évaluée à 1,6 millions de tonnes contre 1,8 millions pour la seconde.
Les ventes de poêles à granulés étaient déjà en hausse régulière depuis 2010, mais le phénomène s'est en effet accéléré avec la crise énergétique et les aides de l'État pour abandonner le chauffage au fioul.
Le marché est en train d'exploser et le président de Woodtechno espère donc arriver à temps : « J'aurais préféré avoir une capacité à vendre tout de suite, mais peut-être que nous progresserons plus vite que prévu. Tout dépendra de ce que nous trouverons. Si l'hypothèse de laboratoire est conforme à la phase pilote, on pourra aller plus vite et proposer une machine d'ici la fin d'année. »
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