Energie photovoltaïque : la Région Auvergne-Rhône-Alpes accélère

La Région veut installer d’ici à 2035, 425.000m² de panneaux photovoltaïques sur les toits de ses lycées. Il s'agit de la première étape dans le projet de Laurent Wauquiez de faire de l'Auvergne-Rhône-Alpes la première région solarisée d’Europe.
La région veut solariser 425.000 m² de toitures de lycées d'ici 2035.
La région veut solariser 425.000 m² de toitures de lycées d'ici 2035. (Crédits : DR)

Quand Laurent Wauquiez annonce une ambition pour sa Région, il aime le faire en grand. Le sujet de la solarisation ne fait pas exception : le président LR d'Auvergne-Rhône-Alpes veut désormais faire du territoire la « première région solarisée d'Europe ».

Pour y parvenir, d'ici à 2030, l'Auvergne-Rhône-Alpes devra ainsi multiplier par 3,3 ses capacités de production d'énergie photovoltaïque, comme déjà fixé antérieurement dans le SRADDRET (Schéma régional d'aménagement et développement durable du territoire). Le territoire dispose actuellement d'une puissance de 1,8 GWc, il doit viser les 6,3.

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La première étape va concerner les lycées, le plan de marche a été présenté lors de la dernière assemblée plénière régionale.

« Cette phase permettra de répondre à plusieurs enjeux : celui de la décarbonation de nos établissements publics et celui de la maîtrise des coûts. La facture énergétique de nos lycées est passée de 20 millions d'euros en 2020 à 40 millions cette année », précise Thierry Kovacks, vice-président de la Région en charge de l'environnement et de l'écologie positive.

425.000 m2 de panneaux photovoltaïques dans les lycées

Au total, l'objectif est d'installer d'ici à 2035 450.000 m² de panneaux photovoltaïques sur les toits des lycées, ainsi que sur les préaux et parkings attenants. Dès 2023-2024, un rythme de dix nouvelles centrales solaires par an (1.000m²) est au programme, pour un investissement de 200.000 euros par installation. Une seconde phase (dont le rythme et le financement ne sont pas encore précisés) vise l'installation de 250 centrales supplémentaires d'ici à 2030/2035. « A terme, l'objectif est bien de couvrir les toits de nos 304 lycées », pointe le vice-président en charge du dossier.

En ce qui concerne, les 80 à 100 parkings et préaux attenant aux lycées publics de la région, un appel à manifestation d'intérêt sera lancé cet automne pour solliciter des tiers investisseurs, sous convention d'occupation temporaire du domaine public. « Le photovoltaïque est rentable aujourd'hui, avec une technologie mature. Faire appel aux investisseurs privés permet de préserver nos capacités d'investissement que nous pourrons ainsi consacrer à la rénovation et à l'isolation de nos lycées par exemple ».

Un choix dénoncé par Florence Cerbaï, conseillère régionale EELV, qui a interpellé directement Laurent Wauquiez en assemblée.

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« Ce plan n'a rien d'ambitieux, il respecte simplement les objectifs fixés par la loi. Le pire est d'espérer que les investisseurs privés fassent le travail à votre place. L'expérience montre que la transition écologique n'a rien de magique. Votre collègue Xavier Bertrand avait lancé un appel à manifestation d'intérêt il y a trois ans pour solariser ses lycées. Le résultat est un flop. Alors que dans le même temps, les départements du Nord et du Pas-de-Calais solarisaient eux-mêmes leurs toitures. La morale de cette histoire est que soit Xavier Bertrand est mauvais, soit vous allez vous planter de la même manière et pour les mêmes raisons ». Devant ce tacle politique mettant en jeu celui présenté comme son rival pour l'élection présidentielle de 2027, Laurent Wauquiez n'a évidemment pu s'empêcher de commenter, ironiquement : « Le choix que vous me proposez n'est pas exactement ce que j'appellerai un dilemme cornélien ».

Au total, quelque 80 millions d'euros pourraient être injectés par la collectivité régionale dans le déploiement de ce plan. Mais le chiffre n'est pas encore figé, explique Thierry Kovacks qui espère, par exemple, pouvoir faire préciser favorablement le « décret tertiaire », ce qui permettrait de faire intervenir plus d'investisseurs privés. L'intervention du fonds régional Oser, et dont la mission est justement d'accompagner des projets d'énergies renouvelables, sera sollicitée.

Un pack solarisation pour les entreprises

Deuxième étage de la fusée de Laurent Wauquiez : le pack solarisation. Suite à un appel à manifestation d'intérêt lancé il y a quelques mois auprès des entreprises, environ 470.000 m² de surfaces (non agricoles) pourraient être « solarisables » au sein de 1.600 entreprises. Pour faciliter et accélérer leurs démarches, la Région prépare actuellement un nouvel AMI, en direction cette fois des professionnels ou des groupements de professionnels. Il s'agit d'identifier et « labelliser », plusieurs intervenants capables de prendre en main ces projets portés par les entreprises du territoire, de l'étude de faisabilité jusqu'à la signature des contrats avec Enedis.

En parallèle, pour avancer plus vite du côté des entreprises, la Région va prochainement expérimenter sur de grandes zones industrielles, notamment sur le PIPA, la mise en place de panneaux innovants, plus légers afin de répondre à la problématique du poids des installations solaires, frein à l'installation de panneaux sur les infrastructures industrielles légères.

Pour consolider ses ambitions, la Région affirme qu'elle favorisera le développement d'un écosystème local du photovoltaïque. Elle a par exemple soutenu l'ouverture d'un centre de formation au Bourget-du-Lac pour les installateurs de panneaux notamment. Sur la fabrication en elle-même, « pas question d'être freiné dans nos ambitions par des pénuries de panneaux venant de l'autre bout du monde », insiste Thierry Kovacks. « Dans la région, nous avons un centre de recherche, Photowatt, EDF, etc... nous devons capitaliser là-dessus. Et puis, nous espérons accueillir une usine d'assemblage de Carbon ».

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Rappelons que le projet Carbon, entreprise rhônalpine, prévoit l'installation d'une giga-usine de panneaux à Fos-sur-Mer puis l'installation d'usines d'assemblage locales.

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