Batteries : en chemin vers le milliard et demi nécessaire à sa gigafactory, Verkor boucle un tour de table à 250 millions d'euros

Quelques semaines après le lancement de son école de la batterie associée aux travaux de son nouveau centre d'innovation à Grenoble, Verkor a officialisé ce mercredi, aux côtés de l'ensemble de ses partenaires, un tour de financement plus large de 250 millions d'euros, qui signe aussi l'entrée de la Banque Européenne d'investissement (BEI) à ses côtés. Une nouvelle étape décisive sur le chemin du financement de sa gigafactory de Dunkerque, dont le milliard et demi d'euros doit désormais être bouclé d'ici le premier trimestre 2023, comme vient de le confirmer la pépite iséroise.
En marge de cette nouvelle étape de financement pour son centre d'innovation de Grenoble, Verkor planche déjà sur la clôture de l'enveloppe de 1,5 milliard d'euros, qui sera déterminante pour sa gigafactory de Dunkerque. Et à ce sujet aussi, la Banque Européenne d'investissement (BEI) confirme qu'elle est prête à l'accompagner sur le même modèle que son voisin suédois, Northvolt.
En marge de cette nouvelle étape de financement pour son centre d'innovation de Grenoble, Verkor planche déjà sur la clôture de l'enveloppe de 1,5 milliard d'euros, qui sera déterminante pour sa gigafactory de Dunkerque. Et à ce sujet aussi, la Banque Européenne d'investissement (BEI) confirme qu'elle est prête à l'accompagner sur le même modèle que son voisin suédois, Northvolt. (Crédits : DR)

C'est un nouveau pas de géant que vient de franchir le projet isérois Verkor, deux ans après sa création en juillet 2020 en pleine crise sanitaire. Après avoir confirmé cette année son projet d'implantation d'une gigafactory de 16 GWh (pouvant grimper dans un second temps à 50 GW) d'ici à 2025 à Dunkerque (Hauts-de-France), la jeune pousse iséroise, cofondée par six associés, vient d'annoncer la finalisation de son second grand round de financement : soit une enveloppe de 250 millions d'euros, qui signe en premier lieu le soutien de la Banque européenne d'investissement (BEI) à hauteur de 49 millions d'euros, à travers un dispositif d'emprunt à taux préférentiel.

A cette somme, s'ajoute une enveloppe de 51 millions d'euros de prêts bancaires, amenés par un pool composé de la Société générale et de la banque espagnole Santander, grâce à une garantie fournie par la Banque publique d'investissement. "Une première pour une industrie dont la production ne se destinait pas à l'export", s'est félicité son cofondateur et président du directoire Benoit Lemaignan, devant un parterre de partenaires industriels et financiers accueillis pour la première fois à Grenoble, dans son nouveau Verkor Innovation Center (VIC) en cours de travaux.

Près de 80 millions d'euros d'obligations convertibles auront également été sécurisées tout au long du premier semestre dernier, auprès des différents partenaires actuels de Verkor tels que l'industriel Schneider Electric, l'équipementier Plastic Omnium, ainsi que des fonds d'investissement comme Demeter.

Enfin, surprise de taille pour son équipe de six cofondateurs, la "love money" apportée par les quelques 150 salariés actuels et leur entourage aura aussi permis de lever 2,5 millions d'euros, tandis que 70 millions d'euros sont apportés par le groupe Idec, lui aussi partenaire historique de Verkor, qui porte à ses côtés l'achat de son site actuel de Grenoble auprès de son ancien propriétaire, Siemens, pour y implanter le nouveau Centre de R&D et l'école de la batterie de Verkor.

Une ligne pilote au Verkor Innovation Center

Car c'est en plein coeur de la Presqu'île scientifique grenobloise, sur un site au passé industriel (puisqu'il a notamment été occupé successivement par Merlin Gérin et Siemens), que Verkor a choisi de localiser l'une de ses deux têtes de pont.

A savoir un centre d'innovation de 12.000 mètres carrés dont les travaux ont déjà commencé, et qui comprendra une première ligne de production pilote de batteries, d'une capacité de 200 MWh, ainsi que des locaux mixtes permettant d'accueillir son projet d'école de la batterie, qu'il a officialisé cet été aux côtés de 11 partenaires académiques (dont le CEA, par le biais de l'INSTN, Grenoble INP-UGA, l'AFPA, le Campus des Métiers et des Qualifications d'Excellence Smart Energy System au sein de l'Académie de Grenoble, HESAM Université, IMT Grenoble, le Pôle formation Isère et l'Université Lyon 1, etc).

Soit un nouvel outil qui lui permettra de former chaque année près de 1.600 personnes aux nouveaux métiers de la filière de la batterie, afin de nourrir ses propres besoins mais aussi tous ceux d'une filière en pleine construction. Car selon les chiffres, ce sont près de 40.000 personnes qui devront être formées annuellement d'ici la fin de la décennie pour répondre aux enjeux de l'électrification des mobilités.

Un projet d'école de la batterie que Verkor compte même dupliquer désormais, dans un second temps, comme il vient de le confirmer face à ses partenaires, au sein de l'écosystème de Dunkerque qui accueillera sa future gigafactory, en s'appuyant sur ce qui sera réalisé à Grenoble.

En attendant, la première portion de ce projet est quant à elle chiffrée à 20 millions d'euros sur les cinq premières années, dont 13 millions sont apportés par l'Etat.

Objectif : 1,5 milliards d'euros d'ici début 2023

D'ici la livraison dans quelques mois de ce premier site (en mai 2023), la pépite iséroise planche déjà sur un troisième round de financement : car après les 100 millions levés en juillet 2021 aux côtés d'une poignée d'actionnaires de référence (composés du groupe Renault, du fonds suédois EQT Ventures, du fonds Demeter, des industriels Arkema et Tokai Cobex, etc), puis les 250 millions sécurisés au cours de ce semestre, le futur producteur de batteries planche déjà sur la clôture d'un tour de financement bien plus important.

Avec dans son viseur, les quelques 1,5 milliards d'euros qui seront nécessaires à la création de son projet de gigafactory à Dunkerque. Son président, Benoit Lemaignan, se montre particulièrement confiant malgré le contexte économique actuel marqué par l'inflation, après la démonstration de cette nouvelle étape qui vient d'être officialisée ce mercredi, en rappelant tout le soutien porté au projet de Verkor par des acteurs de référence comme la BEI, mais aussi le groupe Renault, ou encore Plastic Omnium...

D'ailleurs, lorsqu'on scrute au sein des partenaires déjà existants, on voit déjà que de premiers jalons ont été posés : en plus de ses actionnaires historiques, composés de grands industriels et fonds d'investissements qui pourraient remettre la main à la poche, différents leviers de financements sont attendus, "un peu comme ce que nous avons vu lors des précédents tours de table au sein de l'écosystème", confirme Benoit Lemaignan.

Ils seront très certainement variés lorsque l'on voit, d'une part, le président LR du Conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, annoncer dans une courte vidéo devant les partenaires de Verkor qu'il compte soumettre au vote, conformément à ses engagements, une aide de 60 millions d'euros à l'isérois pour l'installation de sa gigafactory. Qui, il le précise, sera complétée par une enveloppe en provenance de la communauté urbaine sur place, dont le montant n'a pas encore été communiqué.

Sans compter le support, désormais révélateur, de la Banque européenne d'investissement (BEI), qui, par la voix de son vice-président France, Ambroise Fayolle, a confirmé que l'enveloppe de 250 millions à laquelle il a participé à hauteur d'un tiers "ne serait qu'une première étape" : car pour la BEI, qui s'est donnée depuis 2019 l'objectif de devenir une nouvelle Banque du climat en accélérant le financement des projets liés aux énergies renouvelables et à la transition énergétique, l'aide qui pourrait être apportée à Verkor se résume un peu à celle de son voisin, le suédois Northvolt. Ce qui constituait pour la BEI non pas une première, mais seulement le second investissement du même type, au sein du monde naissant des gigafactories :

"On a décidé de suivre à la BEI le même modèle que ce que l'on avait établi pour une autre gigafactory en Europe, Northvolt, où l'on a financé d'abord un démonstrateur et une fois que l'on a vu que cela marchait, on a participé à la gigafactory juste à côté", confirme à La Tribune Ambroise Fayolle.

Résultat : après ce premier prêt de 49 millions d'euros, d'autres options demeurent en effet sur la table puisque dans le cas de Northvolt, la participation de la BEI est allée jusqu'à une enveloppe de 400 millions d'euros (sur un coût total estimé à 4 milliards d'euros, ndlr).

"Aujourd'hui, on finance un prêt pour aider au développement du prototype et des premières batteries, et quand on passera à la production de masse comme à Dunkerque, nous serons aussi prêts à venir financer, dans un projet qui sera à la fois de beaucoup plus grande ampleur en nombre de milliards, mais aussi beaucoup moins risqué que le VIC", assure le vice-président de la BEI.

Et de rappeler qu'en bout de ligne, le financement de la BEI constitue aussi "un label", "qui permet de faire venir d'autres investisseurs sur le même projet". Un encouragement confirmé également par la présence de la Secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Laurence Boone, qui avait fait ce mercredi le déplacement à Grenoble pour rappeler que, face à l'interdiction désormais actée de la commercialisation des véhicules neufs thermiques d'ici à 2035, "Verkor va fabriquer des batteries pour les véhicules électriques grâce au soutien européen mais aussi au programme Investissements d'avenir de la France, qui dédie plusieurs milliards à toute la chaîne de la batterie".

Pour rappel, le président de la République Emmanuel Macron s'est engagé à produire, d'ici à 2030, près de 2 millions de véhicules électriques par an sur le territoire français, lors du Mondial de l'Automobile de Paris. "Cela vous met très certainement un peu la pression, le Northvolt que vous êtes va devoir accélérer encore pour accompagner ces objectifs", a glissé la Secrétaire d'Etat Laurence Boone, en clin d'œil à la feuille de route de Verkor qui demeure à écrire.

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