
Cruelle ironie du sort pour les 178 salariés de Mécacentre à Saint-Etienne, spécialisée dans la fabrication par forgeage à froid de pièces de liaison au sol pour l'automobile et les véhicules utilitaires (rotules, cardans, croisillons etc) et filiale de la coentreprise allemande ZF PWK. Quelque jours après la présentation, mardi, par Bruno Le Maire et Roland Lescure, des prochaines étapes du plan de soutien à la sous-traitance automobile, le tribunal de commerce de Saint-Etienne prononçait la liquidation, à effet immédiat, de l'entreprise. Aucun repreneur ne s'est en effet présenté, depuis sa déclaration en cessation de paiement au début de l'été.
Baisse des volumes
ZF PWK évoquait alors « un contexte de profonde mutation du secteur automobile » ainsi « qu'une hausse des coûts de production qui ne peut être complètement répercutée ». Le chiffre d'affaires 2022 était tombé à 22 millions d'euros, les pertes cumulées de ces dernières années affleurant, elles, les 40 millions d'euros.
Une situation déficitaire devenue chronique depuis les années 2010, lorsque ZF, alors unique actionnaire de l'entreprise s'était associée au sein d'une coentreprise avec PWK pour reprendre sa filiale stéphanoise. Mecacentre, créée en 1946, était alors passée du statut relativement confortable de filiale de ZF, à celui plus exigeant de fournisseur. Elle comptait alors plus de 300 salariés.
« On nous a peu à peu retiré nos volumes, donc il était évident que nous ne pouvions être rentables. Le problème de Mecacentre n'a rien à voir avec le développement du véhicule électrique puisque n'importe quel véhicule a besoin des pièces que nous fabriquons. Notre situation relève plutôt de la stratégie de ZF. Ils ont aussi vendu leur site d'Andrézieux (dans la Loire également NDLR)», explique à la Tribune Nordine Ait Zouaoua, délégué syndical CGT.
Ce dernier rappelle aussi que sur le site ZF de Sarrebruck, l'Allemand aurait annoncé la suppression de 7.000 emplois d'ici 2030 selon le syndicat IG Metall.
Bras de fer sur les indemnités de licenciement
Malgré la liquidation, les salariés occupent toujours l'usine de Saint-Etienne, comme ils le font depuis le 3 octobre dernier. Ils se battaient jusqu'ici pour une enveloppe de primes supralégales de 13,5 millions d'euros, la direction en proposait cinq millions. Finalement, les deux parties sont tombées d'accord, juste avant l'audience du tribunal de commerce, sur sept millions d'euros. Mais les engagements écrits n'étant pas encore parvenus aux salariés, ils ont décidé de maintenir la pression en poursuivant l'occupation autant que nécessaire.
« Nous avons encore des combats à mener sur le PSE, le reclassement, les formations, etc. Il y a actuellement des aides pour le secteur automobile, nous devons nous battre pour en bénéficier. C'est important car tout le monde ne retrouvera pas de travail. Oui, nous sommes sur le métier de la frappe à froid, des entreprises recrutent mais elles ne sont pas forcément à Saint-Etienne et certains salariés ne sont pas mobiles », prévient Nordine Ait Zouaoua.
Des licenciements qui interviennent alors même que le chômage est reparti légèrement à la hausse ce troisième trimestre en France (+0.7% pour les demandeurs d'emploi de catégorie A). En Auvergne Rhône-Alpes, la hausse est plus marquée avec une augmentation ce trimestre de 1,6%. Dans la Loire, elle est de +1,3%.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !