Avec sa nouvelle usine près de Lyon, MaaT Pharma accélère le déploiement de ses médicaments à base de microbiote

La biotech lyonnaise MaaT Pharma vient de finaliser la construction de son usine, dédiée à la production de médicaments à base de microbiote à écosystème complet. Cette unité va lui permettre de multiplier par dix ses capacités de production pour ses besoins cliniques et commerciaux, notamment à destination des patients atteints de cancer.
MaaT Pharma dispose désormais de nouvelles capacités de production  implantées à Saint-Quentin-Fallavier, à une trentaine de kilomètres de Lyon.
MaaT Pharma dispose désormais de nouvelles capacités de production implantées à Saint-Quentin-Fallavier, à une trentaine de kilomètres de Lyon. (Crédits : DR)

Elle est désormais opérationnelle, multipliant par dix les capacités de production de l'entreprise lyonnaise spécialisée en biotechnologies, MaaT Pharma, pour ses besoins cliniques et commerciaux. Capacités de production jusqu'ici localisées chez ABL, dans le biodistrict de Gerland. Avec ses quelque 1.600 m², la nouvelle usine de la biotech, implantée à Saint-Quentin-Fallavier, à une trentaine de kilomètres de Lyon, se revendique comme « la plus importante usine européenne entièrement dédiée à la production de médicaments à base de microbiote à écosystème complet ».

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L'investissement, de 8 millions d'euros, a été porté par le CMDO (contract development & manufacturing) Skyepharma, dans le cadre de son nouveau concept « Skyehub Bioproduction ». Celui-ci est basé sur un accompagnement et des locaux clés en main à destination des biotechs en quête de moyens de production rapide.

« Ce modèle d'usine clé en main est très intéressant. Le bâtiment nous a été livré en un an et nous n'avons pas eu besoin d'aller chercher un statut d'établissement pharmaceutique, ce qui nous aurait pris au moins deux ou trois ans. Sans compter que nous économisons cet investissement immobilier pour concentrer nos ressources sur notre R&D », pointe Hervé Affagard, CEO de MaatPharma, start-up qu'il avait fondée en 2014.

« Le timing est important. Le sujet du microbiote est assez récent, il a émergé il y a moins de 10 ans, mais il s'accélère. Nous devons donc avancer vite », ajoute le dirigeant. L'entreprise devrait passer de 65 salariés aujourd'hui à 140 dans trois ans.

Participer au traitement des cancers par le microbiote

MaatPharma travaille sur le microbiote des patients atteints de cancer, microbiote dont l'équilibre (et le déséquilibre donc) est désormais reconnu comme étroitement lié à l'état de santé. La biotech revendique une approche thérapeutique « complète », sur les 250 espèces de bactéries présentes dans la flore intestinale. Elle a mis au point une plateforme de découverte et d'analyse appuyée sur des outils d'intelligence artificielle.

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Son candidat-médicament le plus avancé, le MaaT013, traitement par administration rectale réalisé à partir de dons de microbiotes collectés auprès d'individus sains, est actuellement en phase clinique 3. Il vise à participer au traitement des cancers et de la maladie du greffon contre l'hôte (GvH), une complication rare mais grave survenant après une greffe de cellules souches hématopoïétiques. La start-up a annoncé récemment avoir atteint la moitié des patients visés dans cette étude, un cap déclenchant une revue dont les résultats seront publiés prochainement. La phase 3 pourrait être achevée à l'été 2024, portant une potentielle demande d'autorisation sur le marché à horizon mi 2025. Avec une cible de 2.000 patients par an aux Etats-Unis et en Europe, le chiffre d'affaires envisagé pourrait atteindre plusieurs centaines de millions d'euros.

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Son deuxième produit, le MaaT033, est lui entré en phase clinique 2B et vise les patients bénéficiant d'une transplantation de moelle osseuse. Le marché cible porte sur 20.000 patients environ.

Deux autres médicaments sont également en cours de développement, mais à des stades plus précoces sur les mélanomes métastatiques et sur la maladie de Charcot.

« Aujourd'hui, sur l'exacte population que nous suivons, aucun produit n'a encore été approuvé dans le monde, nous sommes sur un marché vraiment pionnier », souligne Hervé Affagard.

100 millions d'euros levés

Depuis sa création, la biotech a levé plus de 100 millions d'euros, en trois tours. Dont 36 millions suite à son introduction sur Euronext en novembre 2021. Elle est d'ailleurs, à ce jour, toujours la dernière « healthtech » à avoir mené à terme un process d'introduction en bourse. MaaT Pharma a également levé 12,7 millions d'euros en février dernier, grâce à un tour de table auprès de ses principaux actionnaires (Seventure Partners, Psim, Biocodex, Invus, Céleste Management, Skyviews Life Sciences et Tocqueville).

« Nous prévoyons une fin de cash sur le deuxième trimestre 2024. D'ici là, nous devrons de nouveau lever des fonds, nous allons travailler sur notre stratégie », annonce Hervé Affagard.

Ces fonds lui permettront notamment d'avancer sur ses travaux concernant la mise au point d'un traitement à partir d'une selle synthétique et non plus, comme actuellement, d'une selle issue de donneurs.

Dans sa démarche, la biotech devra tenir compte du contexte, actuellement moins favorable à l'écosystème européen du microbiote. Le dirigeant de MaaT Pharma observe le sujet avec attention. Il a mené la création l'année dernière de l'APM, Alliance Promotion Microbiote. Celle-ci fédère une vingtaine d'acteurs clés (privés et publics) du microbiote, avec pour ambition de positionner la France comme le leader européen dans le développement, la production et la commercialisation d'innovations thérapeutiques basées sur les microbiomes.

« Environ 300 entreprises dans le monde travaillent sur cette question du microbiote et la France est bien placée. Cette science trouve sa source d'ailleurs dans des travaux français. Nous sommes toute une génération de pionniers à être nés dans les années 2014/2015. Mais depuis, nous constatons que la France et l'Europe stagnent sur le sujet, il y a peu de nouvelles créations d'entreprises, alors que l'innovation bouillonne aux Etats-Unis et surtout en Asie, notamment en Chine, au Japon et en Corée. Pour moi, cela tient dans les liens insuffisants entre la recherche publique et la R&D privée. Et puis, évidemment, il y a la problématique des financements qui, très clairement, sont bien plus présents aux Etats-Unis ».

A noter, néanmoins, la reconnaissance par l'État du sujet microbiote dans le plan innovation santé 2030.

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