Pharmaceutique : le grand retour du paracétamol français se prépare en Isère

La plateforme chimique de Roussillon, en Isère, accueille le chantier de la future usine de production de cette molécule-phare des pharmacies familiales.
Projection de la future usine de Seqens, à Roussillon.
Projection de la future usine de Seqens, à Roussillon. (Crédits : DR)

On ne produisait plus de paracétamol en France depuis 2008. Ce principe actif, antalgique et antipyrétique, est pourtant l'un des médicaments les plus consommés en France. Depuis la crise du Covid, les médias se font régulièrement écho des pénuries des différentes spécialités contenant ce principe actif - Doliprane, Efferalgan, Dafalgan, etc.

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Pour remédier à ces difficultés d'approvisionnement, le groupe Seqens, sous-traitant pour la pharmacie, se lance dans la production made in France de paracétamol. Un projet qui a vu le jour en juin 2020, dans le sillage de la crise du Covid. Avec une forte volonté politique de relocaliser. « On s'est rendu compte de la dépendance de la France, et plus généralement de l'Europe, à ces principes actifs venus d'Asie », explique à la Tribune Gildas Barreyre, secrétaire général de Seqens.

Pendant un an et demi, les équipes de R&D du groupe, qui possède déjà deux usines de paracétamol en Chine, ont développé un nouveau procédé de production, plus respectueux de l'environnement. « Nous nous sommes ensuite tournés vers nos clients, UPSA et Sanofi, se souvient Gildas Barreyre. Nous leur avons expliqué que nous étions capables de produire du paracétamol dans ces conditions, et nous leur avons demandé s'ils étaient prêts à nous accompagner dans le cadre d'un partenariat ». Un moyen pour ces groupes de garantir leur approvisionnement, tout en réduisant leur empreinte écologique, grâce au nouveau processus de production développé par Seqens.

Les premiers kilos de paracétamol attendus en 2025

La construction de l'usine - à Roussillon, en Isère - est en cours. Les premiers kilos de paracétamol devraient en sortir début 2025. Le produit devra alors encore être certifié et qualifié par l'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Un processus technique qui devrait prendre environ un an, pour vérifier que le produit est stable, ainsi que pour valider sa qualité globale.

Pour faire revenir le paracétamol en France, sur un budget global de 100 millions d'euros, Seqens dispose d'une subvention aux investissements de la part de l'Etat, à hauteur de 30 à 40% des dépenses. « C'est beaucoup. Nous ne sommes pas sur un soutien classique, qui est en général plutôt à hauteur de 15%, explique Gildas Barreyre. Cela a été possible dans le cadre du régime dérogatoire lié au Covid et nous permet de financer le surcoût lié au procédé bas carbone ».

Ce dernier, en cours de brevet, repose sur la chimie des flux, et permet des économies en termes de consommation de matière, de solvants et des gains de rendement. Les consommations d'eau et d'énergie sont minimisées.

« L'élément de réussite du projet, c'est la conjonction d'une innovation de procédé permettant de réduire l'empreinte environnementale, le partenariat avec les clients, qui s'engagent à acheter la production ainsi qu'une aide de l'Etat », synthétise Gildas Barreyre.

Objectif à terme : produire 15 000 tonnes de paracétamol par an en Isère, soit 50% du marché européen.

Outre l'activité liée à la construction du site, la nouvelle usine sur la plateforme chimique de Roussillon, en Isère, va permettre la création d'une cinquantaine d'emplois directs. Et jusqu'à quatre fois plus d'emplois indirects, en sécurité, maintenance, transports, etc.

D'autres principes actifs en cours de relocalisation

Alors que le gouvernement a publié mi-juin une nouvelle liste de principes actifs essentiels, dont certains ne sont plus ou très peu produits en France, le groupe Seqens prévoit de se lancer sur quatre autres produits, essentiellement des anesthésiants (le propofol, le rocuronium, le cisatracurium et le midazolam), dans ses usines polyvalentes, qui produisent différents médicaments.

Des investissements auront lieu sur les sites du groupe à Porcheville (78), Limay (78) et Villeneuve-la-Garenne (92) à hauteur de près de 300 millions d'euros sur trois ans. Ils sont soutenus dans le cadre du programme de relance France 2030.

« Nous serons dans le même esprit que pour le paracétamol, avec une phase d'innovation pour trouver le bon procédé, compétitif en termes de coûts et respectueux de l'environnement, explique Gildas Barreyre. Si on produit comme les asiatiques, cela ne sert à rien, il faut que nous trouvions une valeur ajoutée ».

450 molécules seraient dans des situations critiques, parmi lesquelles environ 150 sont très peu ou pas du tout produites en France ou en Europe, ce qui entraîne une importante dépendance envers le marché asiatique. Dans ce contexte, l'Etat a décidé d'accompagner, via un mécanisme d'aides, une relocalisation durable de la production. Le paracétamol français n'est qu'une première étape.

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Commentaires 5
à écrit le 02/09/2023 à 5:21
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Pour encore mieux anesthésier des Français déjà plein aux as d'indemnités sociales, congés payés et autres armes à en faire le moins possible et d'en être le plus dépendant et donc irresponsable au maximum. Allo Maman Bobo, quelle est belle cette in...

à écrit le 01/09/2023 à 22:43
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En Grand Bulgarie in boit d'Analgin bcp.plus eficasse que Paracetmol

à écrit le 01/09/2023 à 19:36
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"ce qui entraîne une importante dépendance envers le marché asiatique" ceux qui achèteront du paracétamol français auront une dépendance également, avec nous. Si l'Asie ne produit pas assez, sachant que plus les pays se développent plus ils consommen...

à écrit le 01/09/2023 à 12:14
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Trop beau, la maquette 3D de la future usine : ça donne vraiment envie de réindustrialiser. Et zut! à tous les pinailleurs : un peu d'enthousiasme, que diable !

à écrit le 01/09/2023 à 9:18
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boh, quand les infrastructures seront installeees, un bon socialiste fera ses choux gras en hurlant qu'il faut taxer tout ca, tout en demandant des embauches, et des augmentations de salaires, avec diminution du temps de travail.......he, faut arrete...

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