Covid-19 : Covalab va investir un million d'euros dans la bioproduction d'anticorps pour le diagnostic de cette maladie

Spécialisée dans le développement et la production d'anticorps, la biotech lyonnaise Covalab vient de recevoir 491.152 euros de subventions pour son projet BioDiaThera, dans le cadre de l'appel à manifestations d'intérêt (AMI) France 2030 « Capacity Building » de l'État. La société va y ajouter 566.000 euros en fonds propres, afin de développer une plateforme de production de protéines recombinantes et d'anticorps destinés à des tests de diagnostic du Covid-19.
(Crédits : Covalab)

Covalab est une société de biotechnologies créée en 1995 par le Dr Said El Alaoui à Bron, près de Lyon. Spécialisée dans le développement et la production d'anticorps monoclonaux et polyclonaux de haute qualité, elle se distingue notamment en réalisant l'ensemble de sa bioproduction en France.

"En période de pandémie, nous nous sommes rendus compte que nous étions très dépendants de pays étrangers pour l'approvisionnement en médicaments. L'objectif du gouvernement est de relocaliser la production", indique son directeur scientifique,  Meddy El Alaoui.

C'est pourquoi la biotech lyonnais a candidaté à l'appel à projets France 2030 « Capacity Building » de l'État : "nous avons les compétences et les techniques pour nous affranchir de pays tiers en développant notre outil de bioproduction", assure-t-il.

L'entreprise a ainsi reçu 491.152 euros de subventions pour son projet BioDiaThera (Bioproduction, Diagnostic et Thérapie), qu'elle va compléter avec 566.000 euros en fonds propres. Objectif affiché : développer une plateforme de production de protéines recombinantes et d'anticorps, destinés à des tests de diagnostic du Covid-19.

Des tests Covid aux débouchés toujours présents

Pour Covalab, "bien que la demande soit en baisse par rapport au début de l'année 2022, le nombre de contaminations par jour reste élevé (25.000- 30.000 par jour) comme l'indiquent les derniers relevés de Santé publique France. Étant donné que la diffusion des variants Omicron est toujours en croissance, les prévisions des spécialistes et les statistiques indiquent qu'une nouvelle vague est hautement probable cet hiver".

Pour anticiper un rapide retour de l'épidémie et éviter les importations asiatiques par manque de tests, il est nécessaire de réaliser des stocks, considère la biotech.

"Les tests de dépistage COVID-19 devraient donc se maintenir à un niveau satisfaisant car le Covid fera probablement partie de notre vie pendant quelques années".

Grâce à cet argent, Covalab va principalement investir dans du matériel et des connaissances.

L'entreprise, qui compte actuellement 20 salariés, envisage en effet d'embaucher 4 à 5 personnes d'ici un an. Cette enveloppe va également lui permettre d'assurer la montée en puissance de sa plateforme de bioproduction, avec l'ambition de multiplier par 20 ses capacités.

Une place vacante à prendre entre les laboratoires et la production industrielle

Un projet qui s'inscrit plus largement dans la stratégie de la jeune pousse, "qui fait partie des premières biotech issues de l'Université à Lyon", souligne Saïd El Alaoui, président de Covalab.

"Historiquement, nous développons des anticorps pour la recherche et développement, complète son fils, Meddy El Alaoui. Nous avons un catalogue dans lequel les chercheurs peuvent trouver les anticorps qu'ils souhaitent. Ils peuvent aussi venir nous voir avec leur molécule et nous développons des anticorps à façon".

Mais depuis quelques années, la biotech a également développé des activités de bioproduction : "nous nous sommes rendus compte qu'il y avait une place vacante entre la production de laboratoire et la production industrielle".

Covalab fournit ainsi des lots pour des preuves de concept et pour des productions à petite échelle. Cette bioproduction à l'échelle semi-industrielle permet par exemple de répondre aux besoins des tests Covid.

La société produit les éléments biologiques (fragments du virus SARS-CoV2 et anticorps) nécessaires pour la réalisation de tests sérologiques et antigéniques. "Ces produits sont pour la majorité importés et cela rend donc la France dépendante de son importation des matières premières pour la réalisation des tests", souligne le président de Covalab. L'entreprise collabore avec des industriels français du secteur du diagnostic pour proposer des tests français.

Anticorps thérapeutiques

Ses deux premières activités permettent ainsi à Covalab de financer également ses activités de R&D. L'entreprise travaille en particulier en thérapie anti-Covid pour préparer d'éventuelles nouvelles vagues de contaminations avec l'émergence de nouveaux variants.

"Nous produisons des anticorps de nouvelle génération, plus précis et plus performants, mais aussi des anticorps thérapeutiques. Il peut s'agir par exemple d'anticorps pour bloquer le Covid, ou pour les patients en impasse thérapeutique en cancérologie", détaille Saïd El Alaoui.

"Covalab est ainsi capable de réagir rapidement pour développer des protéines ou des anticorps pour répondre à un besoin urgent, comme le Covid", explique Meddy El Alaoui.

C'était d'ailleurs tout le sens de la construction du laboratoire P2 de la biotech, qui vise à produire plus spécialement des anticorps et des protéines spécifiques du SARS-Cov-2. "Nos anticorps ont ensuite été testés par des entreprises comme NG Biotech, qui produit des tests de diagnostic rapide", indique-t-il.

Plutôt que l'ARN, une immunisation par ADN

Côté conception, Covalab souhaite également en profiter pour approfondir son pari à la différenciation.

Alors que la pandémie a propulsé sur le devant la scène l'approche par ARNm, Covalab utilise pour sa part une immunisation par ADN. "Avant la crise sanitaire, nous avions déjà conçu des vaccins à ADN. Grâce à cette technologie, nous avons pu sortir des anticorps neutralisants contre la première souche de Covid-19 en l'espace de 6 mois".

A l'époque, il n'existait, selon la compagnie, qu'un anticorps neutralisant, développé par les Etats-Unis. "Nous voulions l'utiliser chez les personnes immunodéprimées ou ayant reçu un vaccin qui n'était pas efficace. Malheureusement, le variant Delta est arrivé, et nos anticorps se sont montrés moins efficaces sur le Delta que sur les premières souches. Actuellement nous travaillons donc sur le variant Omicron, pour trouver un anticorps qui puisse neutraliser n'importe quel variant", développe Meddy El Alaoui.

Covalab, qui a réalisé 1,7 million d'euros de chiffre d'affaires en 2021, envisage également une levée de fonds d'une dizaine de millions d'euros fin 2022, début 2023 afin "d'aller plus vite sur le développement de biothérapies".

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