"6e vague" Covid : "Nous allons rester présents sur le marché des autotests" (Boiron)

L’INVITEE ECO. Pour son 90e anniversaire, le leader mondial de l’homéopathie sort tout juste de la crise Covid, mais surtout, de la « crise du déremboursement » comme on l’appelle déjà en interne, et qui a vu l’arrêt total de la prise en charge de l’homéopathie par l’Assurance Maladie au 1er janvier 2021. Alors qu'il vient de boucler un grand plan de réorganisation, Boiron veut ouvrir une nouvelle page en réaffirmant, d’une part, la place du marché français, mais aussi sa diversification vers de nouveaux axes comme l’assemblage d’autotests Covid-19, qui est loin d'être derrière lui, ou encore le cannabis thérapeutique.
Malgré le déremboursement, Valérie Ponsot Lorentz ne souhaite pas abandonner le marché de l'homéopathie pour autant, y compris en France : selon elle, celle-ci reste « utile » partout dans le monde, « à commencer par les femmes enceintes, les enfants, les personnes fragiles ou encore les personnes polymédicamentées qui suivent plusieurs traitements ».
Malgré le déremboursement, Valérie Ponsot Lorentz ne souhaite pas abandonner le marché de l'homéopathie pour autant, y compris en France : selon elle, celle-ci reste « utile » partout dans le monde, « à commencer par les femmes enceintes, les enfants, les personnes fragiles ou encore les personnes polymédicamentées qui suivent plusieurs traitements ». (Crédits : DR)

Avec 153 millions de tubes homéopathiques vendus à travers le monde et un siège installé à Messimy, en banlieue lyonnaise, les laboratoires Boiron se placent comme un leader incontesté du monde de l'homéopathie, depuis leur création en 1932. Ils avaient même obtenu le "graal" en 1984, avec l'introduction de cette voie thérapeutique au rang des produits remboursés par l'Assurance Maladie.

Et pourtant, cette aventure entrepreneuriale à la lyonnaise a connu des turbulences au cours des trois dernières années, alors qu'émergeait, en pleine pandémie, la volonté affichée par le gouvernement de procéder, par l'entremise de la ministre de la santé de l'époque, Agnès Buzyn, à un déremboursement total de sa production.

L'annonce avait fait grand bruit, et Valérie Lorentz-Poinsot, sa directrice générale, était montée au créneau pour tenter d'inverser le cours de l'histoire.

C'est finalement un virage qui a dû être adopté de gré ou de force, puisque ce déremboursement a eu pour conséquence un grand plan de réorganisation au sein du groupe (estimé à 64 millions d'euros) comprenant la fermeture de 12 de ses 31 sites ainsi que la suppression de 546 de ses 2.500 salariés à travers l'Hexagone.

Un plan tout juste clôturé au 31 décembre dernier, et qui a abouti, à l'échelle régionale, à la fermeture de plusieurs sites dont ceux de Grenoble et de Saint-Etienne. Un épisode ressenti comme « un choc sur le plan social » par Valérie Lorentz-Poinsot, qui affirme toutefois que la page est désormais refermée.

Du plan de réorganisation à la diversification des marchés

« Nous sommes désormais en train de terminer l'accompagnement des personnes en reclassement à l'externe, et nous avons recommencé à recruter car en parallèle, nous avions besoin de nous doter de nouvelles compétences sur certains territoires ».

C'est ainsi qu'après avoir amorcé 40 recrutements à l'échelle régionale, une nouvelle vague d'une vingtaine de postes sont à nouveau à pourvoir sur le site Boiron de Messimy, en région lyonnaise.

Toujours présent dans 50 pays à travers le monde, Boiron a tenu durant les derniers mois à préparer son rebond, qui passe à la fois par la création de nouvelles formules et packages homéopathiques ou phytothérapie, mais aussi par de nouveaux axes comme l'assemblage de tests Covid, réalisés en fin d'année dernière avec son partenaire Biospeedia, et qui ne tariraient pas en matière de débouchés alors que le Covid est passe de passer d'un statut de pandémie à celui de maladie endémique.

« Nous voyons bien qu'une nouvelle vague revient en Espagne, au Portugal... Nous nous attendons nous aussi à une 6e vague, et nous allons rester présents sur la vente d'autotests », affiche la dirigeante.

Autre créneau de diversification esquissé : celui du cannabis thérapeutique, où Boiron veut profiter de ses positions d'expert dans le domaine des plantes, pour se positionner au chevet d'un programme expérimental français que nous dévoilions déjà ici, en partenariat avec l'acteur européen Emmac Life Science.

Pour l'heure le laboratoire n'aurait pas été appelé à exercer son rôle de sous-traitant suppléant, mais il se tient prêt : « Nous nous inscrivons dans cette étude et nous attendons les résultats avec impatience », confirme sa directrice générale. Une manière de se prépositionner et d'être prêt pour le décollage d'un marché qui pourrait s'annoncer juteux en Europe, et où la France enregistre, pour l'heure, un retard à l'allumage.

La volonté de rester en France

Reste que l'Hexagone, berceau de l'entreprise mais également des revenus du groupe, est appelé à conserver une place importante, remboursement par l'Assurance Maladie ou non.

Avant 2020, le marché tricolore représentait jusqu'à 60% des revenus de Boiron, et ce pourcentage est descendu désormais plutôt à 52%. Mais qu'à cela ne tienne, Valérie Lorentz-Poinsot ne compte pas abandonner le navire et ne croit pas en la fin de certte voie thérapeutique : « des études montrent que 77% des Français se soignent aujourd'hui avec l'homéopathie ou l'ont déjà utilisée, tandis que 93% des Français souhaitent même un retour au remboursement de l'homéopathie ».

Selon elle, l'homéopathie reste « utile » partout dans le monde, « à commencer par les femmes enceintes, les enfants, les personnes fragiles ou encore les personnes polymédicamentées qui suivent plusieurs traitements et ne peuvent pas soigner autrement certaines pathologies ».

« Nous serons toujours là », affiche la dg de Boiron, qui continue en même temps d'enregistrer une progression au sein des marchés internationaux, notamment en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, « et pourquoi pas demain en Asie ».

Sur ce terrain également, les laboratoires lyonnais ont poursuivi leur stratégie d'innovation ciblée, en demandant notamment récemment de nouvelles autorisations de mise sur le marché de traitements homéopathiques : c'est par exemple le cas avec Varésol, des granulés visant à traiter les symptômes de la varicelle.

Retrouvez l'intégralité de l'interview ici.

Un décideur chaque semaine

Pour rappel, le groupe La Tribune et BFM Lyon s'unissent depuis cette rentrée pour vous proposer, à travers l'émission Lyon Business (tous les mardis à 17h45), l'interview d'un décideur de l'économie lyonnaise au coeur de l'actualité.

Une occasion de décrypter ensemble les enjeux des dossiers et tendances de l'économie locale, animée par Elodie Poyade pour BFM Lyon et Marie Lyan pour le bureau Auvergne Rhône-Alpes du journal La Tribune.

Une émission à retrouver en direct et en replay sur la chaîne BFM Lyon, disponible sur le canal 30 de la TNT et sur les chaines 479 (box SFR), 360 (Orange), 315 (Bouygues) et 915 (Free), ainsi que sur le bureau Auvergne Rhône-Alpes de La Tribune.

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