Les autotests Covid, le nouveau « best-seller » (et axe de diversification) des laboratoires Boiron

En pleine cinquième vague et face à l’explosion du variant Omicron, les laboratoires Boiron, qui viennent de clôturer un large plan de réorganisation suite au déremboursement de l’homéopathie, consolident en parallèle leur activité dans une nouvelle branche : celle des autotests. Durant les fêtes, le groupe aura contribué à tester et assembler sur son site lyonnais près de 25.000 autotests par jour, signe d’une montée en puissance et d’une activité qui pourrait bien se poursuivre en 2022. Voire même au-delà.
(Crédits : DR)

C'est début mars 2020, dès le démarrage de la crise sanitaire mais aussi, d'une crise de son propre modèle économique, que la directrice générale des laboratoires Boiron a commencé par s'intéresser à la question des autotests. « Je m'étais alors inspirée du domaine des respirateurs, en me disant qu'il fallait que nous trouvions des moyens de sortir de la crise que traversait aussi l'entreprise, en mettant nos propres moyens de production à disposition », souligne Valérie Lorentz-Poinsot.

Près d'un an plus tard, en avril 2021, les laboratoire Boiron auront finalement conclu un partenariat avec le fabricant breton NG Biotech, afin d'assurer la distribution de leurs tests, puis réaliser une partie de leurs assemblages et des contrôles qualité, à partir du site Boiron de Messimy (Rhône), près de Lyon.

Sur place, jusqu'à 20 des 950 salariés ont travaillé à conditionner ce qui se pose désormais comme un « best-seller » du leader mondial de l'homéopathie, dont le chiffre d'affaires a été fortement touché par le déremboursement de l'homéopathie par l'Assurance Maladie, intervenu en janvier 2021.

Avec à la clé, des sessions d'assemblages qui se sont même intensifiées durant la période des fêtes de fin d'année, afin de répondre à la demande. « Nous avons la capacité d'assembler quotidiennement jusqu'à 20 à 25.000 tests, ce qui représente environ 15% de ce que l'on vend chaque jour à l'échelle du marché français ».

Boiron a pour cela mobilisé des équipes supplémentaires durant les fêtes, ainsi qu'une partie de ses capacités de production dédiées à l'homéopathie, ainsi que son réseau de distribution, composé de 15 établissements pouvant ensuite livrer un réseau de 22.000 pharmacies quotidiennement.

Une part de marché qui atteint jusqu'à 35%

« Cela nous place à la première position en matière de vente d'autotests en France, avec des parts de marché qui varient de 35 à 40% en fonction des semaines », affirme la directrice générale du laboratoire lyonnais.

Car les autotests produits se destinent au marché français, mais aussi belge, portugais, iItalien ou encore celui des pays de l'Est...

Après avoir testé dans son laboratoire P3 chaque lot, Boiron appose ainsi son logo comme un argument commercial sur chaque boite de tests Ninonasal, vendues uniquement en pharmacie, pour un tarif de 25 euros.

« Le testing est une étape très importante dans le contexte actuel, puisque tous les lots que nous assemblons sont vérifiés et si leur fiabilité n'était pas suffisante, ils ne seront pas mis sur le marché », s'engage Valérie Lorentz-Poinsot, qui revendique une fiabilité de 98% sur les tests distribués. « 95% de nos espaces sont déjà des locaux pharmaceutiques, qui répondent à des normes strictes ».

 A l'heure où certaines pharmacies françaises connaissent déjà des pénuries en matière de distribution, la règle des deux auto-tests requis pour les cas contacts a fait exploser la demande. Et ce n'est pas nécessairement l'allègement du protocole dans les écoles qui va changer la donne...

Boiron chaine d'assemblage autotests

« Depuis la nouvelle réglementation concernant les cas contacts, qui ne doivent plus s'isoler s'ils sont vaccinés mais réaliser deux autotests qui seront remboursés par l'Assurance Maladie, la demande a bondi », reconnaît Valérie Lorentz-Poinsot. « Déjà avant les fêtes, la demande s'était fortement accentuée car les gens voulaient se tester avant de se retrouver ».

Résultat ? Rien que sur la première semaine de janvier, Boiron a enregistré un nombre de ventes, avec près de 500.000 tests vendus en une journée, contre, jusqu'ici durant la période des fêtes, 150.000 à 200.000 tests vendus quotidiennement. Soit un pic qui s'est traduit, rien que la semaine dernière, par 1,2 millions de tests déjà écoulés...

 « Et cet accroissement pourrait encore durer tout le mois de janvier », admet la directrice générale de Boiron, même si le groupe précise que pour l'heure, l'entreprise n'a pas encore besoin de relancer de nouvelles "sessions d'assemblage".

Un nouvel axe de diversification... avec le CBD ?

De son côté, le laboratoire lyonnais voit donc désormais le marché des autotests comme un nouvel axe de diversification, après les compléments alimentaires, associés au développement d'une ligne de cosmétiques à base de plantes, ainsi qu'à de nouvelles formulations homéopathiques qui se veulent plus innovantes (comme le Cocyntal pour les coliques du nourrisson, sirop Storinyl pour la toux, etc).

Au total, l'ensemble de nos nouveautés (tests Covid compris) représentaient déjà, à l'automne dernier, 8% du chiffre d'affaires, soit près de 27 millions de revenus.

Engagés sur le terrain du cannabis thérapeutique, les laboratoires Boiron s'étaient aussi associés à un fournisseur anglais, lui-même référencé comme un sous-traitant potentiel, afin de mener une expérimentation aux côtés de l'Etat Français.

Mais pour l'heure, les deux partenaires n'ont toujours pas encore obtenu de contrat de sous-traitance dans le cadre de cette expérimentation.

L'homéopathie, au cœur de la stratégie (comme du dernier plan de restructuration)

Pour autant, la directrice générale estime que quoi qu'il arrive, « l'homéopathie restera le coeur de métier » de Boiron. Avec, en 2020, un chiffre d'affaires qui atteignait les 513 millions d'euros, soit une baisse de -7,8 %. Et 2021 avait démarré avec un recul de -42% du chiffre d'affaires du groupe au 1er trimestre, depuis légèrement "remonté" à -15% au 3e trimestre 2021.

Les autotests permettront-ils encore de réduire le gap et d'afficher un retour à l'équilibre sur la fin 2021 ? Les derniers résultats trimestriels du groupe sont attendus pour le 20 janvier prochain, et il se pourrait bien que la part occupée par les autotests s'accroisse encore, à cette occasion.

« Cela pourrait permettre de compenser en partie le déremboursement de l'homéopathie et de démontrer la résilience de l'entreprise », espère Valérie Lorentz-Poinsot.

Car après le déremboursement cette fois total des traitements homéopathiques par l'Assurance maladie à compter du 1er janvier 2021, les laboratoires Boiron ont annoncé un grand plan de restructuration de 512 suppressions de postes, associé à la fermeture de 13 sites à l'échelle nationale.

Ce plan vient d'être complété le 31 décembre 2021, a confirmé la direction, et a abouti entre autres à la fermeture de deux sites (Grenoble et Saint-Etienne) en Auvergne Rhône-Alpes.

Dans le Loir-et-Cher par exemple, le site de Montrichard n'avait pas réussi à trouver de repreneur pour ses 69 salariés, tandis que les équipements ont été transférés vers son usine principale de Messimy (Rhône).

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