Contournement de la RN7 dans le région de Roanne : qui va payer ?

Après plus de quatre décennies de combat des élus locaux, le dossier du contournement de la RN7 entre Mably et Saint-Germain Lespinasse dans le Roannais (42) pourrait enfin trouver une fin heureuse. Pour la première fois inscrit dans un mandat de négociation donné à un préfet, il devrait figurer dans le volet mobilités du CPER 2023/2027 qui, après deux ans de retard, devrait être validé d’ici à la fin de l’année. Le bal des négociations financières devrait s’ouvrir sous peu.
Cette portion de RN7 traverse une zone commerciale dense.
Cette portion de RN7 traverse une zone commerciale dense. (Crédits : Google maps)

C'est un serpent de mer, un sujet vieux de plusieurs décennies, à l'instar de celui de la fameuse A45 qui devait relier Lyon à Saint-Etienne. Mais la déviation et la mise à deux fois deux voies de la RN7, entre Mably et Saint-Germain Lespinasse dans le Nord de la Loire, ne devrait pas connaitre le funeste sort rencontré par l'A45, enterrée en 2020 par Elisabeth Borne, alors ministre des Transports, après plus de 30 ans de combat des élus locaux et des organisations économiques (montant estimé à 800 millions d'euros).

Avancée inédite

En effet, pour la première fois, des négociations sérieuses vont pouvoir s'engager entre l'État et les collectivités locales sur le financement de cet équipement routier dont le montant est estimé à 80 millions d'euros. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a confié le mandat de négociation à la Préfète de Région, Fabienne Buccio, juste avant l'été dans le cadre du volet mobilités du Contrat de Plan Etat-Région (CPER) 2023-2027.

« C'est une excellente nouvelle et c'est un pas de géant qui a été franchi, inédit depuis 40 ans mais ce n'est que le premier étage de la fusée. Le plus dur reste à venir : la négociation des financements », résume Antoine Vermorel-Marques, député LR de la cinquième circonscription de la Loire.

L'élu avait été particulièrement actif sur ce sujet ces derniers mois en adressant plusieurs courriers à la Première ministre (co-signés par la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, le Medef, la CPME, une centaine d'entreprises dont Nexter et Michelin ainsi que par les présidents des collectivités locales), en rencontrant à plusieurs reprises Clément Beaune ou ses services, puis en déposant, en mai dernier, une proposition de « résolution spécifique » devant l'Assemblée nationale.

Négociations prochaines

Après la traditionnelle pause estivale, les discussions devraient désormais démarrer très prochainement pour une inscription dans l'imminent (mais déjà en retard de deux ans) volet mobilités du prochain CPER. Discussions qui devront déboucher sur un accord collégial quant aux fonds que devront apporter les uns et les autres sur ce dossier.

Qui mettra au pot ? L'Etat et la Région donc mais aussi peut-être le Département de la Loire et éventuellement Roannais Agglomération (100.000 habitants). Combien ? C'est bien là tout l'enjeu des négociations. « Pour moi, le financement des travaux concernant une route nationale revient à l'Etat, c'est lui qui devrait financer. Mais nous savons bien que l'Etat ne financera pas à 100% et demandera une participation des collectivités locales. Nous espérons qu'un tiers nous sera demandé mais nous craignons qu'on nous demande de payer la moitié des travaux... », confiait récemment à la Tribune, Yves Nicolin, le président de Roannais Agglo. « Nous avons commencé à discuter avec le Département et la Région, afin qu'ils portent ensemble la part locale du financement. Roannais Agglomération n'en a pas les moyens ».

De son côté, le président du Département de la Loire, Georges Ziegler, écrivait justement au cœur de l'été au préfet ligérien, Alexandre Rochatte, toute son impatience de connaitre les modalités du plan de financement imaginé par l'Etat pour ce dossier. Il n'a pas obtenu encore de détail mais le CPER ayant déjà deux ans de retard, les négociations ne devraient probablement plus (trop?) tarder à s'enclencher.

Un chainon manquant de 7,6 kilomètres handicapant les entreprises

La portion concernée par ces négociations représente un segment de seulement 7 kilomètres. C'est peu pour une mobilisation de si longue date mais ces 7 petits kilomètres, - traversant une zone commerciale et une zone résidentielle avec une école-, représenteraient en réalité un gros caillou dans la chaussure des riverains et des entreprises locales.

« Après l'arrivée de nouvelles infrastructures autoroutières comme l'A72 vers le sud et l'A89 vers Clermont-Ferrand et Lyon qui ont permis de dynamiser le territoire roannais, cette portion de 7 kilomètres représente le chainon manquant pour relier Roanne au nord de la France et à Paris. Avec 5.000 véhicules par jour (comptage avant Covid NDLR), dont une grande partie de poids-lourds, cette portion est souvent congestionnée. Cela contitue un véritable frein à l'essor de nos entreprises, ce problème ralentit les échanges commerciaux entre Roanne et le nord de la France », pointe Véronique Madelrieux, présidente de l'antenne roannaise de la CCI métropolitaine.

« Avec 6 à 8 semi-remorques qui rentrent et sortent chaque jour de notre usine, ces 7 kilomètres sont une lourde contrainte. Il est vrai que 7 kilomètres, cela peut sembler court mais la zone est vraiment dense avec un risque accidentogène élevé. C'est une charge quotidienne pour nous », abonde Pascal Verrière, dirigeant du groupe Pramac, fabricant de groupes électrogènes (1.100 salariés et 384 millions d'euros de chiffre d'affaires), espérant que cette fois, les négociations iront bien jusqu'au bout...

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