Maurienne : les élus rendent symboliquement leurs écharpes tricolores face à l’annulation du SCoT

Le Schéma de cohérence territoriale a été retoqué par le Tribunal administratif de Grenoble, saisi par des associations de protection de l’environnement. Au cœur des tensions : les projets d’unités touristiques.
(Crédits : DR)

Ce vendredi 30 juin, maire et élus de la vallée de la Maurienne (Savoie) ont décidé de rendre à l'Etat leurs écharpes tricolores, devant la Sous-préfecture de Saint-Jean-de-Maurienne, pour protester contre l'annulation de leur SCoT (schéma de cohérence territoriale) par le Tribunal administratif de Grenoble, le 29 mai dernier.

Ce dernier avait été saisi par plusieurs associations de protection de l'environnement, notamment Mountain Wilderness, France Nature Environnement et Valloire Avenir et Nature. Dans leur viseur : la perspective d'augmenter le nombre de lits de tourisme de 30 à 50% que l'existant - soit plus de 20.000 lits supplémentaires - avec des UTN (Unités touristiques nouvelles) ainsi que des extensions de domaines skiables sur des sites vierges.

« Notre travail n'est pas parfait, on s'attendait à quelques blocages, mais pas à un rejet total. Nous sommes au fond du trou, désabusés et un peu désorientés, confie Yves Durbet, président du Syndicat du Pays de Maurienne, contacté par La Tribune. Nous avons travaillé sur ce SCoT, le premier de notre territoire, depuis 2013. Nous avons beaucoup investi en matière grise mais aussi en argent, avec plus d'un million d'euros pour les différents bureaux d'études ».

« Préserver la vallée d'une artificialisation folle »

« La décision du juge permet de préserver la vallée d'une artificialisation folle », se félicite pour sa part Eric Ferraille, trésorier de France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes. Il poursuit : « Ce qui me gêne énormément, c'est qu'aujourd'hui, des élus contestent la séparation des pouvoirs et une décision de justice. Ils devraient être les garants de la loi et de son application, mais là, ils la bafouent dans le SCoT et en plus ne sont pas contents de la décision de justice. »

Sur le fond du sujet, il déplore la poursuite du modèle du tout-ski, qui nuit, selon lui, à la population locale. « Quand on sait combien il y a de lits froids, c'est hallucinant. La population diminue dans les stations de ski, le modèle est pourri jusqu'à la moelle, avec une poignée de promoteurs immobiliers qui s'en mettent plein les poches. »

« Pour nous, c'était équilibré, avec une attention sur l'économie foncière, des projets d'aménagements et de développement, des orientations pour évoluer vers davantage d'équilibre entre les saisons hivernales et estivales », se défend cependant Yves Durbet.

Deux mois pour faire appel

Du côté des élus, les suites qui seront données ne sont pas encore tranchées. « Nous avons deux mois à partir du jugement pour faire appel, précise Yves Durbet. Pour l'instant, la décision n'a pas été prise, nous réfléchissons. Il n'y aura de toute façon pas de retour en arrière, mais on peut espérer des précisions intéressantes ». Quoiqu'il en soit, les élus vont devoir lancer une nouvelle procédure de construction d'un SCoT. « Ce qui est positif, c'est que nos diagnostiques et notre PADD [projet d'aménagement et de développement durable, ndlr.] n'ont pas reçu un seul commentaire de la part du Tribunal, précise-t-il. Il n'y a pas que des erreurs dans ce que nous avions défini. ».

Les associations de protection de l'environnement, elles, préviennent rester vigilantes. Et aimeraient voir d'autres projets émerger. « Qu'on arrête de faire du logement touristique ! Il faudrait déjà lutter contre les lits froids, estime Eric Ferraille. Les communes ont le pouvoir de taxer les résidences secondaires au prorata de leur occupation. Elles peuvent aussi aider les gens à rénover leurs logements, plutôt que de financer des canons à neige. »

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Commentaires 2
à écrit le 05/07/2023 à 21:40
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plus d'élus , plus de responsables ....place à la racaille écologiste , en France c'est l'avenir , on en voit le résultat économique , catastrophe sauf pour nos rêveurs qui nous dirigent , ils n'ont jamais eu à prendre de responsabilités .....cela de...

à écrit le 01/07/2023 à 18:41
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Il faut qu'ils rendent leur écharpe pour de vrai, ça ce serait courageux

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