
Son premier déplacement à l'international aura eu des allures de symbole. Le maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, s'est envolé à Bruxelles avec un objectif : faire entendre sa voix auprès de la Commission européenne sur un sujet qui le sensibilise tout particulièrement. Celui de transition écologique et notamment de la manière dont les villes peuvent contribuer au changement climatique.
C'est pourquoi l'élu de la 3e ville de France a tenu à rencontrer, durant ces deux journées, plusieurs interlocuteurs européens dont le vice-président de la Commission européenne en charge de ce sujet, le néerlandais Frans Timmermans, mais aussi la Commissaire européenne à l'égalité, Helena Dalli, ainsi que des représentants de collectivités belges et réseaux de villes comme le Council of European Municipalities and Regions (CEMR).
Objectif affiché : témoigner de son expérience sur la scène lyonnaise, mais aussi peser sur un certain nombre d'enjeux pouvant concerner sa ville. Car dans sa vision de la politique, il l'affirme, tout est lié : "de l'échelon local à l'échelon européen".
"En tant qu'élu local, je considère qu'il est important que la voix des lyonnais et lyonnaises puis c'est à apporter la où se fabrique une bonne partie des politiques publiques qui nous concernent, c'est-à-dire à l'échelle européenne", confie l'élu à La Tribune, en marge de son déplacement.
Et d'ajouter : "Aujourd'hui, plus aucun échelon ne doit échapper à la transition écologique, qui est une transformation majeure de l'ensemble de nos habitudes de consommation, de déplacements, de nos modes de vie. Et ce, que l'on soit maire, président d'agglomération, de région, ministre, président de la république, ou encore député européen".
Alimentation et mobilités au coeur des discussions
Avec parmi ses premières préoccupations, la question de l'alimentation et notamment de l'agriculture, qui a déjà pris une forte place au sein de son programme municipal, avec des cibles déjà fixées en matière d'agriculture bio et locales (comme de parvenir à 100 % d'aliments bio et 50 % locaux dans les cantines d'ici la fin du mandat, ou encore de proposer une alternative végétarienne par semaine, à compter de l'an prochain).
"En tant qu'élu local d'une grande collectivité, je suis venu dire ici que nous avons besoin d'une politique agricole commune (PAC), qui aide les filières comme l'agriculture bio. Et à ce titre, la PAC actuelle n'est pas du tout au niveau, et demeure trop fortement influencée par l'industrie de l'agroalimentaire", affiche Grégory Doucet.
Autre enjeu clé pour l'élu lyonnais : "le sujet des mobilités", car en plus du secteur aérien et maritime, le maire de Lyon a communiqué clairement son besoin "de disposer également d'un schéma directeur du ferroviaire et du fluvial, qu'il faut pouvoir porter à l'échelle européenne".
Il cite en exemple les investissements réalisés en ce sens sur le Rhône par Voies Navigables de France (VNF), qui vient d'inaugurer cette semaine un bateau - ponton répondant aux normes les plus exigeantes en matière de motorisation, ou encore le projet d'hôtel de la logistique urbaine à Lyon, qui vise à connecter le fluvial à une livraison des marchandises en vélos- cargo. "Il est nécessaire, dès à présent, de mettre ces enjeux importants à l'agenda du Green Deal", ajoute l'élu EELV.
Et ce n'est pas pour rien que l'élu écologiste avait ciblé pour ce déplacement la question du Green Deal, ce pacte financier actuellement en discussions, qui vise à rassembler un ensemble d'initiatives proposées par la Commission européenne dans le but de rendre l'Europe climatiquement neutre en 2050.
"Cette visite était aussi une manière de dire aux élus européens que s'ils ont besoin de parler un responsable local, nous sommes là pour tester et expérimenter avec eux".
Vers une candidature au "Mission Board" pour la neutralité carbone
D'ailleurs, Grégory Doucet en a profité pour annoncer à La Tribune qu'il comptait soumettre la candidature de Lyon au « Mission Board » qui vise à bâtir des villes climatiquement neutres et intelligentes d'ici 2030, "afin de pouvoir démontrer qu'il est possible de bâtir des villes neutralité carbone".
Inspirées de la mission Apollo 11 -qui a envoyé l'homme sur la Lune-, les "Missions de l'UE", comprises au sein du programme Horizon Europe, "consistent en un engagement à apporter une solution aux grandes problématiques de société, que sont la lutte contre le cancer, l'adaptation au changement climatique, la vie dans des villes plus vertes, le maintien de la santé des sols au bénéfice de l'alimentation saine, ou encore la protection de nos océans".
A ce titre, Bruxelles s'est elle-même engagée à mettre en place, en contrepartie et pour chaque mission de l'UE, un calendrier ainsi qu'un budget spécifique.
"Pour cela, nous aurons à la fois besoin d'investissements, de volonté politique, et d'évolutions en matière de réglementation", souligne le maire EELV de Lyon. Avec un objectif : que ce sésame puisse permettre à la ville d'être soutenue financièrement, notamment par des fonds européens, dans son objectif de tendre vers le zéro émissions nettes.
Dans ce dispositif prévu par l'Europe, chacune des 100 villes dont le dossier sera retenu pour devenir des villes pionnières devront signer un «Climate City Contract», et qui sera "adapté aux réalités de chaque ville et mis au point dans le cadre d'un processus de co-création permettant de faire entendre les différentes voix à tous les niveaux", affiche la Commission européenne.
La date de dépôt des candidatures, un temps fixée à la fin 2020 mais retardée par la crise sanitaire, n'a pas encore été communiquée à ce stade.
De l'urgence climatique ... à la fronde des maires du Grand Lyon
Le maire écologiste de Lyon, qui avait d'ailleurs déjà inscrit "l'urgence climatique" au coeur de son début de mandat, lors de la présentation de son Plan Pluriannuel d'Investissement (PPI), est donc bien déterminé à démontrer que les élus locaux peuvent jouer un rôle clé.
"Déclarer l'urgence climatique nous a permis d'engager notre ville dans la direction de la transition, et de se fixer un horizon de référence afin de dire dans quel cadre nous menons notre politique. Nous avons ensuite à nos côtés des outils tels que la PPI et le plan de mandat afin de répondre à cette exigence", témoigne Grégory Doucet.
Et ce n'est pas la récente tribune, publiée par une quarantaine de maires issus de la Droite et du Centre qui dénoncent la gestion écologiste du Grand Lyon, qui va l'en dissuader :
"En réalité, la concertation existe déjà. Lorsque nous avons besoin de déterminer si nous devons piétonniser ou non le cours Charlemagne par exemple, on ne fait pas que demander uniquement aux maires, mais aussi aux habitants concernés. Et si, lors de cette concertation publique, 85 % des répondants souhaitent cette piétonnisation, effectivement, ce n'est pas le maire que nous écoutons".
Traduction : "Nous avons effectivement des maires qui sont en train de se rendre compte que la façon dans la métropole fonctionne leur retire des prérogatives, mais ce n'est pas de notre fait, n'avons pas créé la loi Maptam, ni la manière dont elle a été appliquée au Grand Lyon. De notre côté, nous ne faisons qu'appliquer les règles de l'institution", conclut-il.
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