Sécheresse : en Auvergne-Rhône-Alpes, la préfecture pousse les industriels à se doter d'un plan de sobriété hydrique

Dans la lignée du Plan eau annoncé par Emmanuel Macron en mars dernier, la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes a mis en place un outil destiné aux industriels pour les inciter à gérer et diminuer leur consommation d'eau. L'outil et la démarche ont été conçus de concert avec les acteurs du monde économique.
A ce jour, 600 sites ont manifesté leur volonté d'établir un plan de sobriété hydrique en Auvergne-Rhône-Alpes.
A ce jour, 600 sites ont manifesté leur volonté d'établir un plan de sobriété hydrique en Auvergne-Rhône-Alpes. (Crédits : Reuters)

En réaction aux intenses sécheresses de 2022, la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de mettre en place un outil pour favoriser les réductions de consommation d'eau : le plan de sobriété hydrique (PSH), destiné aux entreprises et plus particulièrement aux industriels de la région.

La trame de ce plan et la démarche d'accompagnement qu'il implique ont été élaborées en coopération avec de nombreux acteurs économiques régionaux : la CCI, la CMA, la CPME, le Medef, l'UNICEM (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction), l'UNITEX (Union Interentreprises Textiles), France Chimie, l'ARIA (Association des industries agroalimentaires) et l'U2P (Union des entreprises de proximité). Les agences de l'eau de la région peuvent, quant à elles, accompagner sur le volet financier.

« Il y a toujours eu des mécanismes de restriction et de gestion en période de sécheresse, mais cette démarche avec les partenaires économiques est inédite », affirme Gaëtan Josse, chef du service Prévention des risques industriels, Climat, Air, Énergie à la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement).

600 entreprises intéressées par la démarche

Créé en mai dernier, ce plan doit être réalisé par les entreprises elles-même. Il permet « de faire un état des lieux des prélèvements d'eau réalisés par un site et de comprendre comment cette eau est utilisée et de lister les actions de réduction de consommation de la ressource déjà réalisées ou planifiées, à la fois de façon structurelle et conjoncturelle », détaille la préfecture.

Ce partenariat avec le monde économique nourrit trois objectifs : l'amélioration du cadre réglementaire de la gestion de crise et des restrictions de prélèvement dans une logique d'équité régionale, l'identification des bonnes pratiques, la sensibilisation et l'accompagnement des entreprises, ainsi qu'un retour d'expérience au niveau national.

« Les problématiques sont différentes selon les secteurs que ce soit la chimie, le textile, le bâtiment, les carrières. Ils ont des problématiques techniques différentes et ce qui est intéressant, c'est de mobiliser les structures professionnelles », ajoute Gaëtan Josse.

A ce jour, 600 sites ont manifesté leur volonté d'établir un PSH. Les entreprises ne sont, pour l'instant, pas obligées de se munir de ce plan, mais ce dispositif a été conçu pour être incitatif. Celles, qui en ont un, pourront bénéficier « d'adaptations des restrictions en cas de sécheresse. Les efforts déjà réalisés ou planifiés seront pris en compte pour ces adaptations. »

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L'idée de ce PSH est directement inspirée du plan d'utilisation rationnelle de l'eau (PURE), mis en place par la préfecture du Puy-de-Dôme dès 2021, et adopté par de gros industriels comme Michelin, Constellium, Limagrain ou Candia.

Prendre sa part dans l'effort de sobriété

Sur son site internet, le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires précise que « l'agriculture est la première activité consommatrice d'eau avec 58 % du total, devant l'eau potable (26 %), le refroidissement des centrales électriques (12 %), et les usages industriels (4 %). »

Si les industriels ne sont donc pas les plus gros consommateurs d'eau, ils sont malgré tout fortement encouragés à établir un PSH, au vu de de l'aggravation du risque de sécheresse, qui ne tend pas vers une amélioration.

« L'industrie a une très faible part dans la consommation nette. Mais qu'elle soit résiliente et qu'elle prenne sa part dans l'effort collectif, c'est important », précise la préfecture.

L'instauration de ces PSH fait aussi directement écho au Plan eau présenté par Emmanuel Macron, le 30 mars dernier. Plan qui demande un « effort de sobriété sur l'ensemble des usages, avec une réduction de 10 % des prélèvements d'ici 2030 », rappelle la préfecture.

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Le Plan eau prévoit, par ailleurs, l'accompagnement des 50 sites industriels français,  gros consommateurs d'eau ayant le plus fort potentiel de réduction. En Auvergne-Rhône-Alpes, ces industriels-là seront particulièrement suivis. Leurs noms n'ont pas encore été dévoilés, mais la région devrait en compter un peu plus de cinq.

Cet effort de réduction s'avère aussi moins évident à mettre en place que pour d'autres pratiques. « C'est plus difficile que la décarbonation où un gramme de C02, c'est un gramme, alors que pour l'eau tout dépend d'où on se situe et de ce qu'on peut rendre », analyse Gaëtan Josse.

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