Chalair, nouvelle compagnie aérienne pour assurer la ligne aérienne Aurillac-Paris

Depuis le 1er juin, la compagnie aérienne, qui opère déjà 8 lignes régionales en France, assure les vols entre la capitale et le Cantal. Cette liaison, considérée comme une ligne d’aménagement du territoire, va bénéficier de plus de 20 millions d’euros d’aides publiques sur 4 ans.
La compagnie Chalair a été choisie pour assurer, en 1h20, la liaison entre Paris et Aurillac, ligne d'Aménagement du Territoire.
La compagnie Chalair a été choisie pour assurer, en 1h20, la liaison entre Paris et Aurillac, ligne d'Aménagement du Territoire. (Crédits : DR Chalair)

Pour les quatre prochaines années, c'est Chalair Aviation qui assurera la liaison entre l'aéroport d'Orly à Paris et celui de Tronquières à Aurillac. La compagnie, spécialisée dans le transport aérien régional, a remporté la délégation de service public et opère, depuis début juin, trois allers-retours par jour (du lundi au vendredi, 1 aller-retour le dimanche). Les vols, effectués sur des appareils ATR 42, peuvent accueillir 48 passagers, pour un prix moyen de 200 euros aller-retour.

« Notre cœur de métier c'est de faire voler des avions qui ont entre 19 et 100 places. Nous opérons déjà 8 à 9 lignes en France, que ce soit au départ de Castres, Limoges, Brest ou encore Pau. Nous avons de l'expérience sur ce type de petites lignes. C'est un vrai marché pour nous » indique le PDG de l'entreprise, Alain Battisti.

Précédent attributaire de la ligne, Air France n'a pas souhaité demander le renouvellement de la délégation. Cela ne répond plus à leur projet de développement font savoir les acteurs du dossier.

Effort financier conséquent de l'Etat et des collectivités

Et pour conserver cette ligne Aurillac-Paris, il a fallu batailler et trouver des financements. Car, comme beaucoup de petites lignes régionales, cette liaison aérienne n'est pas rentable. Le déficit prévisionnel sur quatre ans est estimé à 25 millions d'euros. Beaucoup plus que lors de la précédente délégation (17 millions), le prix du kérosène et l'inflation générale ayant fait grimper les coûts.

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Les élus du Cantal sont donc montés au créneau pour solliciter l'Etat et lui demander une rallonge des aides. Un bras de fer qui a duré plusieurs semaines.

« Nous sommes même allés à Matignon pour défendre la cause du Cantal. Finalement, l'Etat va financer la ligne à hauteur de 10,2 millions d'euros. Nos critères d'enclavement méritaient cette somme et même plus » estime Bruno Faure, président LR du Conseil Départemental du Cantal.

Pour se rendre à Paris depuis Aurillac, il faut en effet plus de 6h en voiture et même 6h30 en train. Et l'élu enfonce le clou :

« Il nous faut déjà 1h30 pour rallier l'autoroute. Et la gare TGV la plus proche est à Montpellier, à 250 kilomètres. Les habitants du Cantal n'auraient pas compris que le gouvernement annonce un plan vélo à deux milliards d'euros et qu'il rechigne à subventionner une ligne d'avion qui permet de désenclaver notre territoire. Il faut faire attention au sentiment d'abandon dans la ruralité ».

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La liaison aérienne, considérée comme une ligne d'aménagement du territoire, bénéficie également d'autres subventions. La Région va ainsi verser 1,9 million d'euros sur 4 ans, la communauté d'agglomération du Bassin d'Aurillac 4,3 millions et le Département 5 millions. Mais ces aides ne devraient pas combler l'ensemble du déficit prévisionnel. Les élus envisagent donc d'aménager à la baisse le programme de vols afin de réduire l'enveloppe. La compagnie, elle, va veiller à ne pas dépasser ses prévisions de dépenses de fonctionnement.

« Il faut avoir une gestion millimétrée de la ligne. C'est une opération risquée pour la compagnie car si le déficit est dépassé, c'est nous qui devons remettre au pot. C'est ce qui s'est passé l'an dernier pour la liaison entre La Rochelle/Poitiers et Lyon. Nous avons dû mettre un million d'euros de notre poche. Nous avons finalement décidé de demander la résiliation de la délégation » raconte le PDG de Chalair.

Clientèle mixte, loisirs et professionnels

Pour la ligne Aurillac-Paris, les projections sont bonnes. Le taux de remplissage de l'avion tourne autour de 55 à 65% en moyenne selon la compagnie. Chalair attend 36.500 passagers par an et ambitionne même d'atteindre les 40.000 d'ici la fin de la délégation. Avec une clientèle qui utilise l'avion à 75% pour des déplacements personnels et 25% pour des raisons professionnelles. Et justement la CCI, la chambre de commerce et d'industrie du Cantal s'est engagée à participer au financement de la liaison, à hauteur de 150.000 euros par an.

« On apporte notre pierre à l'édifice pour maintenir cette ligne, qui est indispensable à la survie économique de nos entreprises du Cantal. Elle permet de faire l'aller-retour dans la journée pour Paris ce qui correspond aux besoins de nos chefs d'entreprise mais aussi de leurs collaborateurs et de leurs clients » détaille Laurent Ladoux, président de la CCI du Cantal.

Parmi les entreprises qui fréquentent la ligne : Qualipac, spécialisée dans le packaging haut de gamme pour le parfum et la beauté ou encore Matière, leader de la construction de ponts en kit.

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