Environ 7 % des quelque 450.000 exploitations agricoles françaises ont, selon EDF, équipé leurs bâtiments et hangars agricoles de panneaux photovoltaïques. C'est encore peu, mais le marché est en pleine expansion. Si l'agriculture contribuait en 2020 à 20 % de la production nationale d'énergies renouvelables (toutes énergies confondues), selon l'Ademe, cette part devrait doubler d'ici à 2030, et même tripler d'ici au milieu du siècle.

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C'est sur ce terrain de jeu, au potentiel gigantesque, qu'est historiquement positionnée l'entreprise Tenergie (240 collaborateurs ; 216 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022). Basée dans les Bouches-du-Rhône, l'entreprise est déjà l'un des acteurs les plus importants de ce segment très spécifique, partagé notamment avec Solveo, Arkolia, Helexia, Terre et Lac Solaire, mais aussi EDF. Secteur à ne pas confondre avec l'agrivoltaïsme (qui sous-entend un lien direct entre l'activité agricole et le panneau photovoltaïque).

Et elle compte bien accélérer encore le pas en nouant des partenariats avec des acteurs locaux afin de renforcer sa crédibilité et rassurer la clientèle agricole.

Location des toitures

En Auvergne-Rhône-Alpes, Tenergie vient ainsi de franchir un cap significatif en s'associant à parts égales au sein d'une nouvelle co-entreprise - Loire Haute-Loire Energie - aux côtés du Crédit Agricole Loire Haute-Loire, mais aussi des coopératives agricoles Eurea (3.200 agriculteurs adhérents, 52 jardineries Gamm Vert) et Sicarev (1.600 adhérents dans la Loire et la Haute-Loire). À eux trois, les partenaires de Tenergie touchent presque l'intégralité des quelque 8.000 exploitations de la Loire et de la Haute-Loire.

Leur ambition : massifier l'installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments agricoles en ciblant une centaine de projets par an, soit l'équivalent de 20 à 30 mégawatts-crête. Le tout, grâce à un modèle appuyé sur la location : en clair, l'agriculteur n'a rien à débourser. La co-entreprise porte en effet l'investissement pour l'acquisition des panneaux, leur installation et les travaux éventuellement nécessaires (renforcement, désamiantage). Elle perçoit en contrepartie, via un contrat de prestation avec Tenergie, l'intégralité des fruits de la revente de l'électricité à EDF. L'agriculteur reçoit, lui, un loyer pour la mise à disposition de ses toitures, dont le montant dépend de l'investissement en travaux consenti par Loire Haute-Loire Energie.

Les contrats sont conclus pour trente ans, au terme desquels l'agriculteur devient propriétaire de la centrale solaire. En quelques semaines, Loire Haute-Loire Energie aurait déjà convaincu une bonne vingtaine d'exploitations agricoles, via les équipes des trois partenaires de Tenergie.

Massifier l'installation de panneaux photovoltaïques

« Aujourd'hui, même si cela se développe, trop peu d'agriculteurs sont engagés sur ce chemin du photovoltaïque. Ils sont confrontés à plusieurs freins : celui de l'investissement initial, compris entre 250.000 et 400.000 euros pour une installation agricole standard de 1.500 m², et celui de la multiplicité/complexité des offres qui leur sont présentées, avec en plus parfois des déconvenues rencontrées par les agriculteurs du point de vue du rendement », observent Olivier Schill, responsable de la transition énergétique au Crédit Agricole Loire Haute-Loire, et Maxime Robineau, responsable RSE et référent énergie d'Eurea.

Avec cette nouvelle structure, le CALHL, la Sicarev et Eurea - qui travaillent sur ce projet depuis plus d'un an et qui avaient émis un appel à candidatures pour sélectionner un opérateur partenaire (Tenergie) - espèrent lever ces freins et ainsi apporter des solutions concrètes à leurs adhérents et clients.

« C'est notre rôle de coopérative d'assurer la bonne organisation de nos adhérents, de valoriser leur activité. Les revenus générés par la location de leurs toitures représentent des revenus supplémentaires qui viennent sécuriser leur activité principale. En tant que partenaires de nos clients agriculteurs, nous allons jouer un rôle de tiers de confiance, ce qui permettra d'accélérer la double utilisation du foncier », complète Raphaël Feignier, directeur régional de Sicarev.

Un deal présenté comme « gagnant gagnant » entre ces acteurs et Tenergie, qui permet aux clients et adhérents des trois organisations de se renforcer économiquement, tout en participant à la transition énergétique. Et à Tenergie d'avancer plus rapidement.

« Nous nous sommes associés à parts égales. Je préfère faire plus de volume et moins de chiffre d'affaires sur chaque projet. Depuis 2021, nous sommes devenus entreprise à mission, cette formule nous permet d'avancer beaucoup plus vite et donc de prendre une part plus active dans la transformation du monde agricole et dans la transition énergétique », confie François Trabucco, directeur général de Tenergie.

La même logique a été suivie, dans la foulée, dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les Hautes-Alpes avec une autre co-entreprise, Caapten, créée conjointement par Tenergie et le Crédit Agricole Alpes Provence, visant les industriels et les agriculteurs.

Une stratégie de partenariats locaux que certains des concurrents de Tenergie mettent également en œuvre. C'est le cas par exemple de l'entreprise lyonnaise Terre et Lac Solaire qui s'est associée récemment à la coopérative agricole Oxyane (7.000 agriculteurs sur 10 départements principalement situés en Auvergne-Rhône-Alpes).

Objectif 3.000 centrales en 2026

Producteur indépendant d'énergies renouvelables créé en 2008, Tenergie est désormais à la tête de 1.600 centrales ENR (dont 90% photovoltaïques) représentant 850 mégawatts produits. Même si sa marque de fabrique est le bâtiment agricole (315 bâtiments équipés en 2023), Tenergie est aussi positionnée sur les ombrières de parking (avec notamment un contrat signé l'année dernière avec la SNCF pour l'équipement de 125 parkings), sur les centrales au sol sur sites dégradés et sur l'agrivoltaïsme.

D'ici à 2026, elle vise 3.000 centrales, qui devraient représenter « une production supérieure à un réacteur nucléaire », commente François Trabucco.