Ruralitic 2022 : le Cantal planche sur la combinaison gagnante pour "faire venir" des télétravailleurs

Depuis la fin des années 1990, l'objectif affiché des politiques numériques territoriales n'était autre que « faire venir » dans le Cantal des télétravailleurs et des indépendants. Deux ans après la crise Covid qui a bouleversé les modes de travail, l'édition 2022 du salon Ruralitic qui s'ouvre du 23 au 25 août à Aurillac sera une nouvelle fois dédiée à la question de l’attractivité des territoires ruraux. Alors que le Département du Cantal tire un bilan positif par rapport à l’objectif fixé, l'édition 2022 questionne : comment le numérique permettra-t-il de dessiner un écosystème permettant d'attirer des télétravailleurs et actifs, désireux de vivre « autre chose » et de s’intégrer dans la ruralité ?
Si de plus en plus de salariés peuvent télétravailler à partir du Cantal, il faut qu'ils puissent se rendre tout de même régulièrement dans leur entreprise dans de bonnes conditions de déplacement, nuance Bruno Faure, président du Conseil départemental du Cantal, également président de la Régie Auvergne Numérique.
"Si de plus en plus de salariés peuvent télétravailler à partir du Cantal, il faut qu'ils puissent se rendre tout de même régulièrement dans leur entreprise dans de bonnes conditions de déplacement", nuance Bruno Faure, président du Conseil départemental du Cantal, également président de la Régie Auvergne Numérique. (Crédits : DR)

En se rendant ce mardi 23 août à Aurillac (Cantal) pour la 17ème édition du salon Ruralitic, le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications Jean-Noël Barrot et la secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires chargée de la Ruralité, Dominique Faure, marqueront leur intérêt renouvelé pour un enjeu loin d'être nouveau, mais devenu clé depuis la pandémie : celui de l'attractivité des territoires ruraux, qui ont attiré, avec plus ou moins d'écueils, de nouvelles vagues de télétravailleurs au cours de ces deux dernières années de crise sanitaire.

Plus tôt dans la journée, les ministres auront visité un nœud de raccordement optique, qui permet aux habitants de la ville de Saint-Mamet-la-Salvetat (Cantal) d'être raccordés à la fibre. Ensuite, ils se rendront sur un site mobile à Arpajon sur Cère (Cantal). Ces deux projets incarnent le plan France Très Haut Débit (PFTHD) et le programme « New Deal Mobile », qui ont comme objectif d'améliorer la couverture numérique des territoires, notamment ruraux.

Ce soutien ministériel confirme, selon Bruno Faure, président du Conseil départemental du Cantal (également président de la Régie Auvergne Numérique et conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes délégué à l'Auvergne, ndlr), les choix qu'a fait le Cantal ces dernières années, largement inspirés par le salon Ruralitic, dédié aux innovations digitales de territoires ruraux.

En effet, le Département mise sur les nouvelles technologies pour attirer de nouvelles populations et inverser son solde migratoire. "Nous avons beaucoup travaillé sur la fibre, explique t-il, et nous continuons à le faire, de même que sur le haut débit et le très haut débit, où nous travaillons encore."

La fibre se déploie actuellement en Auvergne, le Puy-de-Dôme, l'Allier, le Cantal s'étant fixés comme objectif une couverture de 100 % de leur territoire d'ici au 31 décembre 2025. "Aujourd'hui, dans le Cantal, nous sommes parvenus au seuil des 92% de foyers couverts fin 2022. Il nous restera ensuite 9.000 habitations à raccorder, qui sont évidemment les plus isolées, les plus difficiles d'accès."

Le déploiement des infrastructures numériques fixes, et notamment des réseaux, constituent un actif stratégique des territoires et fait fructifier les services innovants pour la ruralité.

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"Nous avons beaucoup travaillé aussi sur le sujet de la téléphonie mobile, et nous comptons désormais 245 pylônes dans un département 240 communes, dont un seul est en 3G, tous les autres sont en 4G." Bruno Faure espère même encore l'ajout de 50 pylônes supplémentaires afin d'améliorer la couverture du territoire cantalien.

Objectif : « faire venir » dans le Cantal des télétravailleurs et des indépendants

Depuis la première édition de Ruralitic, les plans haut débit et très haut débit ont donc contribué à sécuriser l'attractivité territoriale par les réseaux. L'objectif affiché depuis 1998 n'était d'ailleurs autre que de « faire venir » dans le Cantal des télétravailleurs et des indépendants. La thématique de cette année « numérique et attractivité », permettra une nouvelle fois d'échanger sur les services mis en place pour garantir l'attractivité des territoires ruraux grâce aux réseaux.

Voilà déjà plus de 20 ans que le Conseil départemental du Cantal accompagne le déploiement des infrastructures et des usages du numérique dans le cadre de son programme CyberCantal. Mis en place dans le Département dès 2007, il s'agissait de proposer à des télétravailleurs salariés ou indépendants des locaux mutualisés équipés, favorisant l'émergence de réseaux professionnels et facilitant le lien social. Lors de Ruralitic 2019, pour répondre à une accélération de ces pratiques ainsi qu'une diversification des activités : fablab, coworking, hackerspace...

Le programme CyberCantal Télécentres a depuis migré, de façon officielle, en un "CyberCantal tiers-lieux" où désormais 15 tiers-lieux ont la charge d'animer le territoire.

"Pour l'anecdote, nous savons que pendant le confinement, 12.000 français se sont réfugiés dans le Cantal. Certains étaient actifs et ont pu télétravailler. A cette occasion nous avons mis en place une enquête pour voir qu'est-ce qu'il nous serait nécessaire de mettre en place pour pérenniser l'expérience du travail à distance", précise Bruno Faure.

Des réseaux numériques... jusqu'aux réseaux de mobilité

Ces usagers se disaient selon lui tous "satisfaits" de la qualité du réseau, mais déploraient des difficultés concernant la mobilité à partir du Cantal. Une meilleure desserte aérienne, ferroviaire ou autoroutière pour rejoindre les métropoles serait un atout pour décider certains actifs à s'installer dans le Cantal.

"Après deux années de Covid, on se rend compte que le télétravail s'est beaucoup modifié. La loi va certainement évoluer à ce sujet. Mais si de plus en plus de salariés peuvent télétravailler à partir du Cantal, il faut qu'ils puissent se rendre tout de même régulièrement dans leur entreprise dans de bonnes conditions de déplacement."

La ligne SNCF Paris-Clermont, qui fait régulièrement l'objet de critiques de part des associations de voyageurs qui la jugent particulièrement vétuste, s'est encore illustrée cet été par un retard de 17 heures qui a conduit Olivier Bianchi, le maire PS de la ville, et la nouvelle députée LREM du Puy-de-Dôme Delphine Lingemann, à interpeller le nouveau Ministre délégué en charge des Transports, Clément Beaune.

Du côté du transport aérien, la ligne Clermont-Orly qui devrait être relancée par la compagnie Amalia a finalement été stoppée et demeure en discussions, tandis que les trois rotations quotidiennes avec Paris Roissy-Charles-de-Gaulle assurées par Air France semblent encore insuffisantes pour changer la donne.

Faire venir également des entreprises

Avec un taux de chômage qui plafonne à 3,9 % (enregistré en juillet dernier sur la ville d'Aurillac), Bruno Faure reconnaît qu'il ne va pas repeupler le Cantal uniquement avec des télétravailleurs. "Il faut aussi pouvoir faire venir des entreprises."

Ruralitic explorera largement cette thématique en échangeant l'attractivité des territoires ruraux et sur les services mis en place pour la garantir grâce aux réseaux.

La manière de porter une marque territoriale sur les réseaux sociaux et de faire vivre des communautés est devenu un élément stratégique dans les dispositifs d'attractivité. Des territoires présenteront, pendant le forum, leurs stratégies d'attractivité, des chercheurs analyseront l'impact du numérique sur ces stratégies.

"Dorénavant, nous sommes plus sur un travail de marketing du territoire. Les nouveaux arrivants arrivent avec un projet de vie et nous avons à travailler sur l'accueil. C'est indispensable de travailler sur l'attractivité, le secteur est concurrentiel : pourquoi un travailleur s'installerait-il plutôt dans le Cantal que dans le Limousin ?" interroge Bruno Faure.

Avec, désormais en réflexion, des pistes telles que la création d'un guichet unique ressemblant à une conciergerie et qui permettrait d'accompagner le projet de vie des actifs qui optent pour le Cantal. Objectif affiché : agir également sur la qualité de l'accueil, en prodiguant à ces nouveaux arrivants un facteur qui se veut différenciant.

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