Reprise des vols Clermont-Orly : une bouffée d’oxygène (très) attendue par le monde économique

Pour les acteurs économiques, l'heure est au soulagement. D'ici quelques jours, la ligne aérienne Clermont-Orly reprendra finalement du service, un an et demi après sa mise à l'arrêt. Ce retour sera opéré par la compagnie aveyronnaise Amelia, qui avait déjà tenté de relancer les vols hérités d'Air France en septembre 2020, mais s'était heurtée entre temps à un rebond de la crise sanitaire. Une liaison jugée vitale pour l'économie clermontoise et puydomoise et qui n'était pas concernée par les dispositions issues de la Loi Climat, compte-tenu de la durée du trajet par le rail.
(Crédits : DR)

La nouvelle a sonné comme l'épilogue d'un combat de plusieurs mois. Les vols reprendront finalement sur la ligne Clermont-Ferrand - Paris Orly dès le 2 novembre prochain.

Après le retrait de la compagnie Air France au printemps 2020, c'est finalement la compagnie aérienne aveyronnaise Amelia by Regourd Aviation qui a proposé la reprise de cette liaison, jugée vitale pour le monde économique. Elle avait d'ailleurs déjà songé à relancer cette ligne une première fois en septembre 2020, avant d'être stoppée dans son élan par la crise sanitaire.

En 2020, le trafic de l'aéroport de Clermont-Ferrand avait ainsi chuté de -73% sur l'ensemble de l'année. Et ce, alors que l'équipement auvergnat avait accueilli près de 430.000 passagers pour 12 destinations régulières desservies en 2019.

Déjà à l'époque, la ligne Clermont-Orly, opérée alors par Air France, représentait près de 25% du trafic de l'aéroport.

Deux vols par jour et un le dimanche

Dès le 2 novembre prochain, la compagnie Amelia, qui opérait jusqu'ici une seule autre liaison aérienne (Paris-Rodez), proposera ainsi la reprise de deux vols par jour entre Clermont et Paris Orly, du lundi au vendredi, ainsi qu'une le dimanche.

Les passagers pourront voyager à bord d'un ATR 72-600 de la flotte Amelia, un appareil récent, silencieux et plus écologique de 72 places. "C'est un appareil neuf, de la dernière génération, avec une consommation de carburant plus faible que les précédents", confient les services de communication de la compagnie.

De quoi appuyer son utilité aussi bien auprès des voyages "affaires" que "loisirs" car cette ligne permet en effet aux auvergnats de réaliser l'aller-retour à Paris sur une journée, et à l'inverse, aux parisiens de passer une journée à Clermont-Ferrand. Une option rendue impossible par le rail, dont le temps de trajet, pour parcourir ses 420 kilomètres, est compris entre 3 et 4 heures, en fonction des horaires.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle cette ligne Clermont-Paris n'est pas concernée par la Loi Climat, qui interdit depuis son adoption en juillet dernier les liaisons aériennes intérieures, lorsqu'il existe une alternative en train en moins de 2h30.

"En fonction de l'évolution de la fréquentation, nous augmenterons peut être la fréquence des vols si le besoin s'en fait sentir", précise Amélia.

Un retour espéré de longue date

La Région Auvergne Rhône-Alpes n'a d'ailleurs pas hésité à se mettre aux commandes, afin d'assurer le retour de cette desserte : « Quand il s'agit de défendre l'Auvergne, je ne me laisse pas faire : je ne voulais pas que l'on profite du Covid-19 pour abandonner cette ligne, si importante pour nos habitants et nos entreprises », assurait son président LR, Laurent Wauquiez.

« Pendant toute la semaine, je me suis battu pour obtenir la reprise de la liaison Clermont-Ferrand - Orly, avec deux rotations par jour, exactement comme avant la crise. Le désenclavement de l'Auvergne est notre priorité ».

Car pour le président de Région, « la crise sanitaire a déstabilisé toutes nos liaisons Clermont-Ferrand - Orly, le risque étant à l'époque que les lignes fermées pendant les confinements ne rouvrent pas ».

Mais malgré la suspension du trafic et le report de son premier projet, la compagnie Amelia était toujours restée en discussions avec les acteurs régionaux et les usagers, afin de comprendre leurs besoins et de reprendre la desserte aérienne dès que possible.

Soutenir la mobilité des auvergnats et l'économie régionale

Depuis le confinement, la compagnie Amelia avait notamment mené une enquête auprès des entreprises du territoire, avec l'appui d'Objectif Capitales, de la CCI du Puy-de-Dôme et de la CPME, pour estimer les besoins réels des acteurs économiques.

Celle-ci avait démontré combien cette liaison entre Clermont-Ferrand et Paris était importante pour le développement économique du territoire et pour les salariés des entreprises auvergnates, notamment Michelin et Limagrain.

"L'absence d'une ligne entre Orly et Clermont-Ferrand freine l'implantation de nouvelles entreprises en Auvergne mais aussi le développement des entreprises locales. Nous sommes une métropole universitaire, 100.000 chercheurs, des cadres, des chefs d'entreprises dans des domaines aussi variés que l'industrie, le médical ont besoin d'un accès à Paris fiable et rapide", confirme à La Tribune Patrick Wolff, président d'Objectif Capitales.

Cette association de lobbying créée en 2018 pour améliorer les connexions ferroviaires et aériennes entre l'aire métropolitaine clermontoise et les capitales françaises et européennes. "Aujourd'hui la plupart d'entre eux prennent leur voiture pour se rendre à Paris. Ca n'est pas une solution durable."

D'ailleurs, le groupe Michelin, seule entreprise du CAC40 à avoir son siège établi en région depuis son origine, à Clermont-Ferrand, avait déjà témoigné, lors du dernier Paris Air Forum organisé par La Tribune, du rôle de cette liaison aérienne avec la capitale.

Florent Ménégaux, président de Michelin, rappelait que compte-tenu de l'installation à Clermont-Ferrand de l'ensemble de la recherche mondiale du groupe, "plus de 10.000 personnes voyagent au sein du monde entier en permanence : être enclavé est un véritable sujet (...) et nous avons besoin de tous les modes de transport".

Et d'ajouter : "Aujourd'hui, on ne peut pas encourager notre personnel à prendre le train pour aller à Paris, c'est trop de perte de temps", affirme Florent Ménégaux, évoquant un temps de trajet moyen par le rail de 4h15 entre Clermont et Paris (420 km), contre 3h30 pour un MarseilleParis (770 km).

700.000 euros de la part du Syndicat Mixte de l'aéroport

Des enjeux de mobilité qui ont même conduit à l'apport d'un soutien financier apporté à la reprise de cette ligne, de la part du syndicat Mixte de l'Aéroport de Clermont-Ferrand :

Pour accompagner la compagnie lors de la reprise de la ligne, le Syndicat Mixte de l'Aéroport, dont fait partie la Région, lui apportera ainsi un soutien financier à hauteur de 700.000 euros.

Le président d'Amelia Alan Regourt a cependant déjà prévenu : "pour être rentable il faut remplir les avions aux deux-tiers". Un premier bilan d'étape est donc prévu dès l'hiver 2022, tandis que d'ici là, les acteurs locaux sont appelés à prendre des billets pour soutenir la relance de cette ligne.

De son côté, l'aéroport Clermont-Ferrand Auvergne reste lui aussi vu comme un outil stratégique pour le développement économique de la région. C'est pourquoi les trois collectivités qui composent le Syndicat Mixte de l'Aéroport de Clermont-Ferrand Auvergne (SMACFA) - la Région Auvergne-RhôneAlpes, Clermont Auvergne Métropole et le Département du Puy-de-Dôme - ont d'ailleurs investi 9 millions d'euros, cet été, pour rénover la piste de l'aéroport. Désormais complétée, celle-ci permet aujourd'hui d'augmenter la capacité d'accueil et la mise en conformité vis-à-vis des normes européennes.

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