Le tour de cou développé en AuRA, nouvel indispensable en stations de ski cet hiver ?

Le masque, obligatoire sur les remontées mécaniques ? Qu'importe : en Savoie comme dans le Rhône, des entreprises se sont déjà adaptées en proposant, non pas des masques mais des "tours de cou", qui pourraient bien se généraliser dans les stations de sports d’hiver. Leurs commandes grimpent en flèche à l'approche de cette nouvelle saison.
La pandémie a fait émerger un nouveau matériel dans la gamme de l’équipement du skieur : le tour de cou filtrant.
La pandémie a fait émerger un nouveau matériel dans la gamme de l’équipement du skieur : le tour de cou filtrant. (Crédits : DR)

« Le jour de l'annonce, les ventes ont explosé », confie Pascal Rochet, le gérant de l'entreprise Affiches-Toi, située à La Ravoire (Savoie), dans l'agglomération de Chambéry.

Après l'annonce de Jean Castex, confirmant que les remontées mécaniques pourraient réouvrir cet hiver, tout en respectant le port du masque discuté avec les stations de ski,  une idée est réapparue : celle de transformer les traditionnels tours de cou des skieurs, en y intégrant cette fois des capacités filtrantes. Un 2 en 1 qui vise à permettre de simplifier la tâche des skieurs, mais également de réduire l'encombrement dans les files d'attente et les télécabines des domaines skiables cet hiver.

Spécialisée habituellement dans la commercialisation d'objets promotionnels pour les stations de sports d'hiver, la société Affiches-Toi (8 employés, 2,6 millions d'euros de chiffre d'affaires), se félicite par exemple d'avoir conçu un tour de cou permettant un taux de filtration de 94 %.

Le principe du tour de cou filtrant est le même qu'un masque en tissu. Testé en laboratoire agréé, ses capacités de filtration sont garanties jusqu'à 50 lavages, pour un prix public affiché entre 13 et 17 euros l'unité.

L'idée a émergé peu avant l'hiver dernier alors que la deuxième vague de la pandémie frappait le pays. « On a commercialisé notre tour de cou avant qu'on sache que les remontées mécaniques n'allaient pas ouvrir, on en a vendu pas mal », souligne Pascal Rochet.

L'entreprise, dépendante de l'économie des stations, était alors frappée de plein fouet par la fermeture totale des stations jusqu'au printemps 2021. Mais son innovation distribuée sous sa marque Le Drapo connaît un succès fou. « Le tour de cou nous a tout rattrapé, souffle Pascal Rochet. Il fallait être réactif, on l'a été. De notre propre initiative, on a réfléchi à un produit qui éviterait le port du masque chirurgical, qui n'est pas simple à porter pour les skieurs : le tour de cou était idéal. On a sorti le produit au bon moment : on a été les premiers. »

Le défi de l'approvisionnement

Une fois l'idée trouvée de combiner le pouvoir chauffant du tour de cou et un masque filtrant, Affiches-Toi a dû trouver le tissu adéquat, et concevoir un design adapté aux pratiquants de sports d'hiver. L'entreprise est aussi partie en quête d'un fabricant capable de répondre à cette nouvelle demande et aux normes en vigueur, qui ont évolué durant l'hiver.

Tour de cou filtrant

Les capacités de production n'étant pas disponibles en France, l'entreprise savoyarde s'est tournée vers un fournisseur situé en Italie voisine.

La commercialisation a été effectuée auprès des clients habituels de l'entreprise : les stations, les offices de tourisme, les écoles de ski et les remontées mécaniques... Affiches-Toi a aussi connu un beau succès directement auprès des particuliers, via son site de vente en ligne, au point de développer une gamme urbaine, et de l'amener à recruter deux salariés supplémentaires.

Une idée "made in Savoie"

L'idée s'est répandue dans l'industrie textile, à commencer en Pays-de-Savoie, où plusieurs sociétés ont vu, dans le tour de cou, une possibilité d'élargir leur gamme.

C'est le cas de la marque d'accessoires techniques pour le sport Jao, créée à Tignes par deux monitrices de ski, qui a elle aussi eu l'idée d'homologuer son tour de cou : composé d'une matière identique à son produit traditionnel pour conserver la chaleur, il est désormais doté également d'une membrane de filtration supplémentaire, classée en catégorie 1, pour un prix public compris entre 33 et 37 euros pièce.

La tendance a même conquis la scène lyonnaise avec le groupe Boldoduc, spécialisée dans le textile à usage technique. Installé à Dardilly (Rhône), l'entreprise, qui compte 400 employés en France et en Tunisie, vient elle aussi de lancer sa nouvelle marque Boldo'Air Sport, proposant essentiellement des tours de cou, des bonnets et des bandeaux, tout en étendant son réseau de distribution dans les stations de sports d'hiver.

Après avoir développé et produit, lors du premier confinement, plus de 15 millions de masques textiles de catégorie 1, lavables 50 fois, les équipes de recherche et de développement du groupe Boldoduc avaient été accompagnées par le Pôle de compétitivité Techtera, la DGE et l'Institut Français du Textile et de l'Habillement, pour tester, en conditions réelles, "un textile monocouche léger, lavable et ultra confortable pour la pratique du sport". Une technologie, Boldo'AIR, qui a donné naissance notamment à la matière utilisée désormais au sein de son Tour de cou 2
en 1 anti-Covid pour les sports de montagne cet hiver.

"Testé et validé l'hiver dernier auprès des moniteurs de l'ESF et en collaboration avec la Fédération Française de ski", cet équipement (prix public : 23 euros) devrait être présenté à nouveau à un plus large public de skieurs à l'occasion de l'ouverture de la station de Val Thorens, le 20 novembre prochain, ainsi que durant le Rock on Snow à Avoriaz, prévu du 10 au 12 décembre.  Objectif affiché là aussi : "ne pas encombrer les sportifs portant bonnet, lunettes, ski et autres à la main dans les files d'attente vers les remontées
mécaniques".

Le tour de cou s'installera-t-il dans la gamme des skieurs pour le long terme, alors que les taux d'incidence font actuellement une remontée "fulgurante" selon les mots du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal ?

Dans le Rhône, les derniers chiffres publiés jeudi 18 novembre évoquent déjà un doublement des chiffres, passés de 104 cas pour 100.000 habitants le 10 novembre dernier à 210 cas pour 100.000 habitants le 18 novembre.

Pour l'heure, ce n'est pas l'avis de Pascal Rochet, qui constate que les ventes se sont strictement alignées sur les mesures sanitaires. « Depuis la fin de l'hiver dernier, les ventes étaient à zéro, tempère-t-il. Elles n'ont repris qu'avec l'annonce du premier ministre de l'obligation du port de masques sur les remontées mécaniques. Sur un hiver standard, on ne sait pas comment cela va se passer... »

(avec ML)

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