Comment les 4 milliards de l'Ademe peuvent booster la transition écologique en AuRA

L'Ademe Auvergne Rhône-Alpes s'est mise en ordre de marche pour capitaliser sur France Relance. En effet, dans le cadre de ce plan, le gouvernement a confié un budget national d'intervention de 4 milliards d'euros à l'Ademe. Objectif : accélérer la transition énergétique des entreprises et des territoires. Dans la région, l'Ademe a déjà accompagné 61 entreprises en la matière, en allant du soutien à l'ESS, à la décarbonation de l'industrie.
Les 120 millions d'euros d'aide à la décarbonation de l'industrie, 16 projets ont d'ores et déjà été retenus au niveau national dont celui porté par le GIE Osiris, qui assure depuis 1999 la fourniture d'énergie des industriels installés sur la plateforme chimique des Roches-Roussillon (38).
Les 120 millions d'euros d'aide à la décarbonation de l'industrie, 16 projets ont d'ores et déjà été retenus au niveau national dont celui porté par le GIE Osiris, qui assure depuis 1999 la fourniture d'énergie des industriels installés sur la plateforme chimique des Roches-Roussillon (38). (Crédits : DR)

L'Ademe Auvergne-Rhône-Alpes est en pleine effervescence. Pour faire face à l'afflux de travail, elle va recruter trois personnes supplémentaires qui viendront épauler son équipe de 32 salariés permanents. Et pour cause : l'Agence régionale de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, entend bien attirer vers les entreprises d'Auvergne-Rhône-Alpes le maximum de fonds issus du plan France Relance.

30 milliards d'euros vont être investis par l'Etat, via ce plan, pour la transition écologique. Dans cette perspective, le gouvernement a confié un budget d'intervention de 4 milliards d'euros à l'Ademe pour 2021/2022, le double de son champs habituel.

Ces fonds ne sont pas fléchés et répartis par territoire. La politique du "premier arrivé, premier servi" en vigueur sur tous les pans de France Relance (et clairement assumé par le ministre de l'Economie) est là aussi appliquée.

Néanmoins, "jusqu'ici les équilibres territoriaux sont globalement respectés", assure Jérôme d'Assigny, directeur de l'Ademe Auvergne-Rhône-Alpes. "Pour chaque vague de nouvelles labellisations, je vise une proportion de 12% environ pour Auvergne-Rhône-Alpes. Pour l'instant, nous tenons cet objectif ", sourit-il.

Déjà 61 entreprises financées dans le cadre de France Relance

"Dans le cadre du plan France Relance, nous avons déjà accompagné 61 entreprises de la région, pour un montant de 13 millions d'euros", dévoile à La Tribune Jérôme d'Assigny.

Avec un focus non négligeable sur l'Economie Sociale et Solidaire : 43 des 61 structures soutenues en 2020 par l'Ademe pour France Relance sont issues de l'ESS.

"Un fonds spécial a été créé au milieu de l'année dernière sur ce sujet au niveau national afin d'épauler les entreprises de l'ESS frappées par une baisse de chiffre d'affaires. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous avions déjà travaillé spécifiquement ce sujet auparavant, ce qui nous a permis d'avancer très vite sur cette thématique", glisse-t-il.

Emmaüs Lyon, par exemple, a ainsi pu profiter d'une enveloppe de 272.000 euros. L'aide moyenne sur ce fonds spécifique est pour l'instant de 32.000 euros par structure.

Le plastique : une priorité de la transition écologique

Autre cible du volet développement durable de France Relance : la montée en puissance du plastique recyclé. Plusieurs fonds différents ont été créés pour répondre à cette ambition.

15 entreprises de la région ont ainsi pu bénéficier d'une aide totale de 3,8 millions d'euros dans le cadre du fonds national (16 millions d'euros), dédié au soutien au cours de la matière recyclée.

"Le cours de la matière vierge est passé en dessous de celui du plastique recyclé. Il est impératif de soutenir les entreprises sur ce point afin que les efforts mis en place ces dernières années ne soient pas balayés". Six entreprises de Haute-Loire (département hautement plasturgiste), 3 du Rhône, 3 de l'Ain, une de la Loire, une de l'Isère et une de la Drôme ont bénéficié de cet appui spécifique de France relance.

Sur le versant aval, le nouvel appel à projets Orplast vise lui aussi à encourager les entreprises à intégrer plus de plastiques recyclés dans leurs productions. Les lauréats de la première vague ne sont pas encore connus (première clôture au 1er décembre 2020), mais sur ce pan, la moisson a été plutôt maigre : seulement trois dossiers ont été déposés dans la région (deux par des entreprises de l'Ain et un par une entreprise ardéchoise, pour des montants de 300 à 500.000 euros chacun).

Et 10 seulement au niveau national. " C'est une forme de déception, c'est vrai mais il y a des explications : les délais étaient probablement un peu courts", explique Jérôme d'Assigny. Les critères d'accès, réservant cet appel d'offres aux PME, ont également représenté un frein important. "Sur l'Ain et la Haute-Loire par exemple, nous avons beaucoup d'entreprises petites et moyennes mais dépendantes d'un groupe plus important. Elles ne rentraient donc pas dans les cases. Ces freins sont désormais levés, nous espérons donc plus de projets dans les prochains mois".

Décarbonation de l'industrie : un projet phare en Isère

Une enveloppe de 120 millions d'euros a également été confiée par l'Etat à l'Ademe pour la décarbonation de l'industrie. Trois appels à projets ont été lancés afin de favoriser l'investissement pour l'efficacité énergétique ou la décarbonation des procédés industriels.

16 projets ont d'ores et déjà été retenus au niveau national dont celui porté par le GIE Osiris, qui assure depuis 1999 la fourniture d'énergie des industriels installés sur la plateforme chimique des Roches-Roussillon (38).

Une première étape avait été franchie en 2018 avec une substitution à hauteur de 60% d'énergies fossiles par des énergies récupérables (fournies par l'incinérateur de Trédi). La seconde, validée dans le cadre de France Relance, fera passer la proportion à 73%, moyennant un investissement de l'ordre de 21 millions d'euros (dont 4,1 millions d'euros financés par l'Ademe), pour une économie de 30.000 tonnes de C02 par an.

"Sur ce sujet de la décarbonation, nous avons eu six dossiers présentés : un jugé prioritaire, celui du GIE Osiris. Un qui était en dessous du seuil des 3 millions d'euros requis et que nous avons réorienté vers un autre fonds. Les autres sont en cours d'instruction, nous espérons deux lauréats supplémentaires d'ici la fin du mois de février. Il s'agira, là aussi, d'investissements importants", précise Jérôme d'Assigny.

France Relance a par ailleurs d'ores et déjà validé l'accompagnement de deux entreprises dans le cadre de leur projet de production de chaleur renouvelable (fonds chaleur) : la scierie Ducret (01) et Biosyl Auvergne (43)."Au vu des ressources bois que nous avons sur notre territoire, il s'agit d'un sujet majeur", insiste le directeur de l'Ademe AuRA.

De nombreux appels à projets en cours et à venir

Les tiroirs du plan France Relance sont multiples, avec de très nombreux fonds dédiés spécifiquement à tel ou tel sujet. La partie pilotée par l'Ademe est à l'image de l'ensemble du plan : généreuse mais avec des opportunités par toujours simples à identifier pour les entreprises.

"Il est vrai qu'il y a beaucoup de dispositifs, mais pour bien mailler tout le territoire et toucher l'ensemble des entreprises, nous avons renforcé nos collaborations avec les chambres consulaires, les conseils régionaux, les Préfets, Bpi et bientôt la CPME. Je pense qu'aujourd'hui une entreprise dans une démarche de transition écologique trouvera forcément la bonne porte d'entrée", promet le directeur de l'Ademe Auvergne Rhône-Alpes.

Plusieurs appels à projets sont en cours d'examen, ou pas encore lancés. Avec des opportunités à saisir pour les acteurs régionaux. Sur le sujet de l'hydrogène par exemple ou de la reconversion des friches, une dizaine de dossiers est attendue.

Ou encore, pour les TPE et PME, le dispositif "Tremplin", lancé toute fin janvier, octroyant une aide "forfaitaire, simplifiée et rapide" pour tous projets en lien avec le développement durable, avec des aides de 5.000 à 80.000 euros (études, mobilités durables, réduction des déchets etc). "Il suffit de rentrer sa demande sur un tableur et de nous envoyer trois devis".

A noter : au-delà du plan de relance, l'Ademe AuRA aura délivré 64 millions d'aides en 2020, dont 11 millions pour le nouveau système de récupération de chaleur du CERN.

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Commentaires 2
à écrit le 12/02/2021 à 9:48
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Il faudrait déjà définir "la transition écologique", car cela ne veut rien dire! Quand on utilise de la monnaie c'est que l'on a l'intention de construire un nouvelle rente!

à écrit le 11/02/2021 à 23:41
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L'ADEME ... une incurie constante depuis 20 ans. Et nous leur confions 4 milliards d'euros (de nos impôts) ?!

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