
Elle avait déjà réalisé une première levée de fonds d'1,6 million d'euros à l'occasion de sa création en 2021, Mag4Health passe désormais un cap en réussissant un nouveau tour de table, beaucoup plus conséquent. La spin-off du CEA de Grenoble vient de lever 5,4 millions d'euros auprès de business angels, de family offices, de Bpifrance, de l'ANR et la Région Auvergne Rhône-Alpes. Ces fonds sont complétés par des financements directs des hôpitaux en charge des essais cliniques (à hauteur d'1,1 million d'euros) et par un prêt bancaire.
Objectif affiché : accélérer le développement et la production de ses magnétoencéphalographes nouvelle génération afin de démocratiser l'utilisation de cette technologie.
Une précision de 3 millimètres
Matthieu Le Prado, cofondateur de Mag4Health, résume en quelques mots l'intérêt du magnétoencéphalographe (MEG) : « contrairement aux électroencéphalographes qui mesurent l'activité électrique du cerveau, le MEG analyse lui les champs magnétiques. Avec un degré de précision sans commune mesure. Les EEG ont une précision à 3 centimètres tandis qu'avec les magnétoencéphalographies, on obtient des indications à 3 millimètres près ». Ce degré de précision permet déjà aujourd'hui, dans de grands centres hospitaliers, de préparer des chirurgies des épilepsies et des tumeurs du cerveau. Mais l'utilisation des magnétoencéphalographes est actuellement limitée par des contraintes de coûts et d'usage des équipements disponibles, notamment en matière de cryogénie et de poids.
Contraintes que la jeune pousse grenobloise promet de lever avec ses magnétoencéphalographes nouvelle génération en s'appuyant sur la technologie quantique.
Diagnostiquer plus précocement la maladie d'Alzheimer
« Nos machines sont dix fois plus légères que les équipements qui existent aujourd'hui : entre 300 kg et 1,5 tonne contre 10 tonnes. Il est évident que les contraintes associées sont beaucoup moins importantes, elles nécessitent des structures de bâtiment moins lourdes », explique Matthieu Le Prado, pointant par ailleurs la question de la cryogénie nécessaire sur les MEG déjà commercialisés. « Les équipements fonctionnent aujourd'hui avec de l'hélium liquide à -269 degrés. Notre solution est mise en œuvre, elle, à température ambiante. Nous réussissons ainsi à diviser par trois les coûts d'acquisition, d'utilisation et de maintenance, ce qui permettra de démocratiser l'utilisation des MEG ».
Mag4Health devrait ainsi ouvrir la voie à de nouveaux usages des magnétoencéphalographes. En particulier pour le diagnostic des commotions cérébrales ou le diagnostic précoce des maladies dégénératives, dont la maladie d'Alzheimer évidemment. L'enjeu est important. Selon les estimations de l'entreprise, les maladies neuronales représenteraient un coût de 800 milliards d'euros par an en Europe. Un diagnostic plus précoce permettrait d'en réduire l'impact en améliorant la prise en charge.
Mag4Health s'appuie sur des travaux initiés il y a plusieurs années au sein du CEA de Grenoble et pour lesquels Matthieu Le Prado avait œuvré. Il s'agissait alors d'un programme à 22 millions d'euros pour envoyer des capteurs dans l'espace afin de détecter et de mieux appréhender les champs magnétiques auxquels est soumise la Terre mais aussi pour anticiper d'éventuels nouveaux incidents comme celui qui avait impacté lourdement les réseaux électriques du Québec en 1989. « Après ces travaux, nous avons basculé sur le médical. Dans l'espace, il s'agissait de capter des champs magnétiques depuis une distance très importante. Dans le médical, il faut capter des champs très faibles. Dans les deux cas, des capteurs ultrapuissants sont nécessaires ».
20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2026
La récente levée de fonds permettra à Mag4Health de financer la production de 12 MEG en 2023 et 2024 pour les premiers clients afin d'effectuer les essais cliniques nécessaires à la certification européenne. Le dossier de certification sera, lui, déposé plus rapidement aux Etats-Unis. Objectif : une certification aux Etats-Unis dès l'année prochaine et en 2026 pour l'Union Européenne.
La start-up de 10 salariés (18 en 2024) envisage un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros l'année prochaine et de 20 millions d'euros à horizon 2026.
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