Un peu plus de deux ans après sa première levée de fonds (2 millions d'euros), la startup lyonnaise Santé Académie (60 salariés), plateforme digitale de formation médicale, annonce un nouveau tour de table à 12 millions d'euros. Ses investisseurs historiques, MAIF Avenir et Bpifrance (Digital Venture), remettent au pot et deux nouveaux actionnaires font leur entrée au capital. Il s'agit de MGEN (via son fonds Racine géré par Serena et Makesense), et de Sofiouest, la société d'investissement du groupe Sipa Ouest-France.

Faciliter l'accès à la formation

Santé Académie, créée en 2020 par Stanislas de Zutter, Felix Levius et Jessym Reziga, s'est construite sur un constat : les professionnels de santé, les libéraux notamment, devraient pouvoir mettre à jour leurs connaissances beaucoup plus régulièrement. Pourquoi ? D'abord parce que les connaissances scientifiques connaissent une hyper-croissance incontestable. Ensuite, parce que les professionnels de santé d'aujourd'hui ne font plus tout à fait le même métier qu'il y a 20 ans.

« Une infirmière libérale doit désormais savoir gérer des soins post-opératoires en raison de séjours hospitaliers beaucoup plus courts qu'avant, ou des maladies chroniques. Un médecin de ville, de son côté, est appelé à gérer des sujets sur lesquels il ne travaillait pas auparavant du fait de la carence de certaines spécialités médicales dans certains territoires : la gynécologie par exemple, la pédiatrie, la dermatologie etc », explique Stanislas de Zutter.

Depuis 2016, la loi prévoit d'ailleurs une obligation de formation. Chaque professionnel doit ainsi justifier, pour chaque période de trois ans, d'une « démarche de développement professionnel continu ».

Sauf que dans les faits, il peut être difficile pour ces professionnels de se dégager suffisamment de temps pour assurer cette obligation.

« Il est complexe pour un médecin généraliste de fermer son cabinet pendant trois jours pour assister à un congrès, encore plus dans un territoire rural. Ou à un infirmier libéral de trouver un remplaçant pour assurer ses tournées pendant qu'il suit une formation. Résultat : seuls 20% des soignants réussissent à se former », note le cofondateur de la start-up.

Avec sa plateforme digitale de formation (agréée par la ministère de la santé), Santé Académie promet de pallier cette problématique et permettre ainsi, in fine, une meilleure expérience de soins pour les patients. Elle a déjà formé quelque 20.000 soignants (la France en compte 2 millions environ).

Diversification

Son concept : des formations digitales collaboratives et asynchrones, conçues sur le modèle des séries télévisées. « Nous proposons des formations de 5 heures en moyenne, à faire en deux mois généralement. Les formations sont découpées en épisodes de 15 minutes qu'ils peuvent visionner avant leurs consultations par exemple ou lorsqu'un patient n'honore pas un rendez-vous. La formation est pensée pour créer un effet Netflix, leur donner envie de visionner la suite. Ils doivent répondre à des quizz, mettre en application ce qu'ils apprennent. Ils peuvent échanger avec d'autres professionnels etc».

Son catalogue de formations adressant environ 60 thématiques, - toutes validées par la Haute autorité de santé-, cible aujourd'hui les professionnels de santé libéraux, tout particulièrement les infirmier.es, médecins de ville, et pharmacien.nes. Grâce à sa levée de fonds, la start-up devrait doubler son catalogue à destination de ces derniers et s'ouvrir à de nouveaux métiers d'ici 2024, notamment les dentistes.

Autre avancée majeure, Santé Avenir va développer une offre de contenus et une solution technique adaptée aux établissements de santé.

« La demande est très importante car l'enjeu est majeur. En raison des tensions de personnel, certains services ne peuvent envoyer leurs équipes en formation. Nous avons déjà entamé ce virage, et nous travaillons d'ores et déjà avec le service de santé des armées et le GHU Paris psychiatrie & neurosciences », détaille Stanislas de Zutter.

La startup, qui ne communique pas son chiffre d'affaires, annonce une trentaine de recrutements supplémentaires d'ici la fin de l'année.