L’usine stéphanoise du canadien Linamar enchaîne les signatures avec Stellantis

Après 35 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel supplémentaire signé en début d’année, 25 millions il y a quelques semaines... Le sous-traitant automobile Linamar multiplie les commandes d’importance avec le groupe Stellantis. À la clé : des dizaines de millions d’euros d’investissement et la création de près de 150 emplois près de Saint-Etienne, dans la Loire.
Linamar Saint-Chamond doit recruter 140 personnes en 18 mois. Elle a parcouru la moitié du chemin.
Linamar Saint-Chamond doit recruter 140 personnes en 18 mois. Elle a parcouru la moitié du chemin. (Crédits : Stéphanie Gallo Triouleyre)

En début d'année, l'équipementier automobile canadien Linamar (27.000 salariés et 60 usines dans le monde, dont six en France) annonçait déjà avoir signé un contrat d'importance avec Punch Powertrain PSA e-transmissions Assembly. Cette co-entreprise, créée par PSA et le groupe Punch, fabrique en France les nouvelles boîtes de transmission automatiques E-DCT qui seront montées sur les futurs véhicules hybrides du groupe Stellantis.

Lire aussiAutomobile : la folle semaine du géant Stellantis

C'est plus précisément l'usine ligérienne de Linamar, à Saint-Chamond, positionnée sur les pièces de transmission pour les boîtes à vitesse et sur les pièces moteur pour les poids-lourds et les véhicules légers qui avait remporté le morceau : au total quatre références sur la centaine de pièces nécessaires à la transmission en question. Deux autres pièces étant déléguées au site Linamar de Montfaucon en Haute-Loire. Pour Saint-Chamond, cela représente, pour chacune des cinq années à venir, 600.000 exemplaires de chacune des quatre références concernées, soit 30 à 40 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel supplémentaire sur la durée du contrat qui viendront s'ajouter aux 45 millions d'euros réalisés l'année dernière. Ce marché a nécessité un investissement de plus de 30 millions d'euros dans cinq nouvelles lignes de production dédiées, et le recrutement (en cours) d'une centaine de personnes pour porter l'effectif de 200 à 300 salariés d'ici 2024.

Lire aussiGrève automobile aux Etats-Unis : quelles conséquences pour Stellantis et l'Europe ?

Un nouvel investissement de 20 millions d'euros

Visiblement sur un bon trend, Linamar Saint-Chamond remet le couvert. L'industriel ligérien vient de signer un nouveau contrat d'importance, saturant son site pour au moins les trois prochaines années. Un contrat, toujours pour Stellantis mais en direct cette fois. Linamar a décroché la fabrication des supports d'arbres à came pour le moteur EP6 de Stellantis, un moteur qui basculera prochainement vers une alimentation hybride. Dès 2024, Linamar Saint-Chamond s'est engagée à produire 500.000 exemplaires par an de cette pièce, sur les cinq prochaines années. Signe de reconnaissance dans une industrie où la moindre défaillance de fourniture peut couter très cher en mettant à l'arrêt les lignes de production du constructeur, l'usine stéphanoise sera le fournisseur exclusif de Stellantis pour cette pièce.

Lire aussiVoitures électriques : pour contrer la menace de la Chine, Stellantis s'allie avec le constructeur chinois Leapmotor

Avec à la clé, encore 25 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel supplémentaires et le recrutement d'une quarantaine de collaborateurs. Et, là encore, un investissement important est annoncé.

« Nous investissons 20 millions d'euros pour installer une nouvelle ligne consacrée à ce marché. Elle s'étalera sur 3.000m², ce sera notre plus grosse installation. Les commandes sont en cours, nous devons démarrer rapidement », explique Cédric Febbraro, directeur de Linamar Saint-Chamond et de Linamar Montfaucon.

Dans sa course à la décarbonation, Stellantis doit en effet accélérer rapidement.

Le financement, nerf de la guerre de cette industrie très capitalistique

Pour le premier marché signé avec Punch Powertrain PSA e-transmissions Assembly, comme pour cette nouvelle commande, les investissements sont portés par la maison-mère.

« Nous bénéficions de la puissance et de la solidité de Linamar. C'est évidemment un vrai plus par rapport à des sous-traitants de taille moins importante, dont certains ne peuvent assumer de telles dépenses », reconnait Cédric Febbraro. « L'industrie automobile est très capitalistique, il faut avoir les reins solides. Nous devons investir des dizaines de millions d'euros pour assumer des séries de pièces qui ont une durée de vie de seulement cinq ans. L'enjeu est évidemment de réussir à intégrer ces investissements dans les prix de vente et de travailler dès le départ à une exploitation future des lignes construites pour ces marchés en pensant polyvalence ».

« Aujourd'hui, de manière générale les sous-traitants automobiles sont face à deux grandes questions : est-ce que mes produits sont positionnés sur une technologie qui a de l'avenir, c'est-à-dire (notamment) est-ce qu'ils participent à la décarbonation et est-ce que j'ai les moyens de financer les investissements rendus indispensables par l'évolution du marché vers l'électrique et l'hybride. Sur ce dernier point, pour les sous-traitants de rang 1, c'est peut-être difficile mais ils réussissent à tirer leur épingle du jeu. C'est beaucoup plus problématique pour les sous-traitants de rang 2/3/4 etc, et notamment pour les entreprises de taille moyenne ou petite », observe Guillaume Crunelle, responsable de la practice Automotive France chez Deloitte.

Pour lui, l'accès aux financements des sous-traitants de la filière automobile est actuellement une question de survie, les acteurs du secteur doivent y être attentifs selon lui, au risque pour la filière française de perdre sa place dans le paysage international. Un sujet auquel s'est justement attelé le gouvernement, dans le cadre de France 2030, avec son plan de soutien à la filière automobile visant à soutenir les 185.000 emplois que comptent actuellement les équipementiers et les sous-traitants.

Cap sur les 100 millions d'euros de chiffre d'affaires

Sur ces deux problématiques évoquées par l'expert de Deloitte, Linamar Saint-Chamond semble confiante. L'accès aux financements lui est grandement facilité par la puissance de sa maison-mère et son positionnement sur la transmission doit lui permettre d'éviter les lourds sujets de transformation liés à l'électrification des véhicules auxquels sont confrontés par exemple un grand nombre de sous-traitants de la vallée de l'Arve.

« Sur la transmission, le passage à l'électrique ne changera pas grand-chose pour nous car une transmission est tout de même nécessaire. Nous avons d'ailleurs des commandes pour les véhicules électriques. Pour ce qui est de notre activité pièces moteurs, il y aura des évolutions puisque, par exemple, il n'y aura plus d'arbre à came dans les moteurs électriques. En revanche, il y aura d'autres pièces que nous saurons produire », assure Cédric Febbraro, signalant par ailleurs opérer une transition vers un mix véhicules légers/poids-lourds afin d'être moins dépendant des cycles propres à chacun de ces deux secteurs.

Linamar s'était installé à Saint-Chamond il y a 10 ans, sur quelque 15.0000 m² de ce qui était la friche Giat. Objectif fixé alors : atteindre les 100 millions d'euros. Objectif en passe d'être atteint avec ces deux commandes engrangées cette année pour les véhicules du groupe Stellantis. Entre temps, l'usine ligérienne avait dû faire face à un trou d'air en 2017 qui avait ramené l'effectif de l'entreprise de 250 à 160 salariés suite au départ soudain d'un gros donneur d'ordre vers l'Asie.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.