
La start-up grenobloise UpMem vient de signer avec plusieurs fonds de capital-risque (Western Digital Capital, Partech, C4 Ventures) et avec le Conseil européen de l'innovation (EIC) pour un tour de table de quelque 6,5 millions d'euros (4,1 millions d'euros de fonds propres et 2,5 millions d'euros de subvention). Il s'agit de la deuxième levée de fonds de la jeune entreprise créée en 2015 par Fabrice Devaux et Gilles Hamou, fournisseuse de puces de traitement intégrées dans des mémoires.
Elle avait déjà mené une première opération de financement en 2017, pour 3 millions d'euros. Celle-ci lui avait permis de mettre sur le marché, dès 2020, une première puis une seconde génération de puces PIM (Processing in Mémory) capables de réduire significativement l'empreinte énergétique des centres de données, en particulier pour les applications extrêmement gourmandes que sont le traitement du big data (comme la génomique) et l'intelligence artificielle (telle celle utilisée par ChatGPT).
« Actuellement, les freins à l'accélération des traitements de données, dans des applications de big data notamment, ne se situent pas dans le processeur ou dans la mémoire en réalité, mais dans le mouvement des données, explicite Gilles Hamon, PDG et cofondateur. Ce mouvement représente la majeure partie de la consommation énergétique des serveurs. Notre puce propose une alternative disruptive avec une solution qui localise le traitement des données directement dans la mémoire en y insérant des processeurs ».
Priorité à l'efficacité énergétique ?
Ces processeurs sont moins rapides que les traditionnels. En revanche, leur intégration dans la mémoire permettrait un traitement plus efficace des gros volumes de données. Avec, en bout de course, la revendication d'une réduction de la consommation électrique des centres de données d'environ 20%.
« Aujourd'hui, les fournisseurs de data centers ont pris conscience de la nécessité de rompre avec une course sans fin à la performance et commencent à privilégier les meilleurs rendements énergétiques », poursuit le dirigeant d'UpMem.
Cette nouvelle levée de fonds doit permettre à la start-up de 23 salariés (fabrication des puces à Taiwan, assemblage et câblage des modules en Normandie) de recruter une dizaine de personnes d'ici deux ans et d'accélérer son déploiement commercial. Déjà présente en Asie et aux Etats-Unis, elle vise un marché gigantesque. « Au niveau mondial, le marché des serveurs de données pèse 80 milliards de dollars, dont 15 milliards pour les processeurs d'accélération », estime Gilles Hamon.
« Aujourd'hui, les start-ups européennes travaillant sur les puces sont plutôt orientées sur des sujets Edge (dit dans le « cloud computing », à la périphérie du réseau), sur la mobilité. Résultat : les data-centers, un sujet plus amont, sont laissés aux pays américains et asiatiques. Il est important que l'Europe se réapproprie ce sujet ».
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