Cette nouvelle unité, qui représente un investissement de 5,7 milliards d'euros (sans préciser la part des industriels et de l'État), va permettre de doubler la capacité de production du site, passant à 1,2 million de plaques par an, contre 550.000 actuellement. Elle devrait aussi créer 1.000 emplois. Cette nouvelle ligne devrait commencer à produire en 2023 et être opérationnelle à plein capacité d'ici 2026.
Aujourd'hui, le président de la République en déplacement à Crolles, avec Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Thierry Breton, commissaire européen pour le marché intérieur, et Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement.
Sur le site de ST il a présenté "les orientations et les investissements de la stratégie microélectronique de France 2030."
10 milliards pour 10 nouvelles unités de production
En octobre 2021, dans le cadre du plan d'investissement France 2030, Emmanuel Macron, avait déjà annoncé la volonté de doubler la production française de puces électroniques d'ici à 2030. Une ambition réaffirmée ce mardi. Le projet porté par ST et GF s'inscrit d'ailleurs largement dans ce plan.
"Quand la France sortait de la paralysie du Covid vous étiez déjà a pied d'œuvre pour produire, a pointé Emmanuel Macron lors de son discours de fin de visite. On s'est rendus compte des effets de rareté et que pour redémarrer on avait besoin de ces semi-conducteurs si essentiels. [...] C'est une industrie sans laquelle le reste de l'industrie ne peut pas fonctionner." Rappelant au passage la dépendance à l'Asie et l'augmentation de la production mondiale à cause des transformations d'usage.
Ce plan Électronique 2030, se veut donc comme "un des éléments clés de France 2030." Il s'agira ainsi de "structurer les chaînes de valeur dans notre pays autour de 15 chefs de fil industriels" (STMicroelectronics, Teledyne e2v, Vitesco Technologies, Murata, Aledia, Orange, Atos, Airbus...) ainsi que "150 partenaires tricolores" (chercheurs, startup, PME, ETI...).
En tout, "10 milliards d'euros seront injectés dans notre industrie pour la création d'une bonne dizaine de nouvelles usines ou lignes de production", abonde Emmanuel Macron, sans préciser si ces investissements seront privés ou publics. Les 5,7 milliards de la nouvelle ligne de Crolles s'ajoutant à cette somme annoncée aujourd'hui. A titre de comparaison, Intel a a déjà engagé 33 milliards d'euros pour sa futur "méga" unité de production de semi-conducteurs, s'établira finalement en Allemagne, à Magdebourg.
800 millions d'euros "d'argent public" pour la recherche et l'innovation
"Pour accompagner cette stratégie il faut de la recherche et de la formation, pour former les talents on a le devoir d'investir massivement dans l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation" a poursuivi le chef de l'État.
Cette nouvelle unité de Crolles compte fabriquer des semi-conducteurs en 18 nanomètres (FD-SOI). "On va aussi financer le risque, et le risque c'est la technologie de rupture", a ajouté Thierry Breton qui compte sur des semi-conducteurs en 10 nm, voire 7 nm, en "ligne de mire". "Le FD-SOI est né ici et va trouver son futur ici", a martelé le commissaire européen.
"800 millions d'euros d'argent public" seront dédiés à la recherche et l'innovation. Ils permettront notamment "d'accompagner le CEA [Commissariat à l'énergie atomique (CEA-Leti)] et les entreprises concernées dans la stratégie de miniaturisation pour le nœud technologique des 10 nm", selon Emmanuel Macron.
Sur cette enveloppe, 200 millions d'euros sont fléchés vers les start-ups, PME, laboratoires privés, ETI "françaises et innovantes", pour "stimuler la compétition dans l'écosystème français." Pour la "recherche exploratoire", 86 millions d'euros seront consacrés (avec l'université de Grenoble, le CNRS...) "pour développer la perception numérique, les composants ou le calcul."
Un soutien de 50 millions d'euros aux formations de la filière a aussi été annoncé. L'université de Grenoble est elle soutenue à hauteur de 27 millions d'euros. Une problématique hautement lié au recrutement. La CGT ST France pointait notamment les difficultés de recrutement de l'entreprise et le fait que le "secteur aurait aussi besoin de plus de formations qualifiantes, notamment de techniciens." Le président de la République estimait quant à lui à 18.000 postes à pourvoir dans les prochaines années.
Doubler la part de marché de l'Europe
Thierry Breton a par ailleurs rappelé le lancement le 21 juillet dernier du European Chips Act, marquant la "volonté déterminée de l'UE de se mettre en mouvement pour reconquérir notre souveraineté en matière de semi-conducteurs. [...] C'est un enjeu absolument essentiel car nous sommes passés de 40% de production à moins de 10% sur le territoire européen." Ce Chips Act, plan de la Commission européenne présenté en février vise à doubler (à 20 %) la part de marché mondial des puces produites en Europe en 2030 face à la concurrence asiatique.
Emmanuel Macron a aussi annoncé que "beaucoup d'argent public" allait être investi dans le Piiec (Projet important d'intérêt européen commun) de la filière. Pour rappel, ce n'est pas la première fois que site de ST à Crolles fait figure de lieu d'annonce stratégique. En 2019, Bruno Le Maire en 2019 y avait lancé le plan Nano 2022, qui va s'achever à la fin de l'année. Ce programme, volet français du Piiec, représentait un investissement de 5 milliards d'euros en cinq ans, dont un milliard venant des pouvoirs publics. Reste à voir comment le futur plan Nano 2027 s'articulera avec ces différents programmes.
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