Clermont-Ferrand : GRDF installe des canalisations fabriquées à partir de déchets végétaux

GRDF et Clermont Auvergne Métropole viennent d'installer la toute première canalisation en polyéthylène certifiée biosourcée. Avec une volonté : verdir non seulement le gaz distribué sur le territoire mais aussi le réseau qui l’achemine. Le principal fournisseur de gaz en France veut impulser le développement de cette production renouvelable pour les réseaux en Europe.
GRDF va installer un kilomètre de canalisations biosourcées à Clermont-Ferrand.
GRDF va installer un kilomètre de canalisations biosourcées à Clermont-Ferrand. (Crédits : DR Jérôme Pallé)

C'est une première mondiale et elle a eu lieu à Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme. GRDF a posé, la semaine dernière, les premières longueurs de canalisations certifiées biosourcées dans la métropole auvergnate. Alors que la majeure partie des réseaux de gaz sont aujourd'hui en polyéthylène d'origine fossile, le principal fournisseur de gaz en France innove afin de réduire son empreinte environnementale et décarboner son principal outil de travail.

« Ces tuyaux possèdent les mêmes caractéristiques techniques que les canalisations classiques, notamment en termes de sécurité, de souplesse et de durabilité, mais la matière première en amont est issue de déchets de l'industrie forestière européenne », détaille Alexandre Pierru, chef de projet innovation au sein de GRDF.

Les tuyaux sont en fait constitués de polyéthylène produit à partir de résidus de la transformation de bois provenant d'industries papetières finlandaises. Un matériau innovant et prometteur selon l'entreprise gazière.

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S'affranchir le plus possible du pétrole

L'équipe R&D de GRDF a travaillé pendant deux ans sur ce projet, en collaboration avec un laboratoire spécialisé et un fabricant de canalisations basé, lui aussi, en Auvergne-Rhône-Alpes : l'Isérois Elydan. Résultat : ce polyéthylène (PE) certifié biosourcé assure le niveau de qualité requis. Et il est d'autant plus intéressant que le PE recyclé n'est pas autorisé par les normes européennes et françaises pour le transport du gaz ou de l'eau.

« Il y avait évidemment un intérêt écologique à produire des canalisations bas carbone, mais aussi un intérêt économique. GRDF a pensé qu'il était pertinent de diversifier ses sources d'approvisionnement et de s'affranchir le plus possible d'un éthylène issu du pétrole. Les canalisations sont aujourd'hui dépendantes de la fluctuation du marché du pétrole. Cela est rassurant d'avoir à terme une alternative », assure Alexandre Pierru.

Trois sites concernés sur le territoire clermontois

Pour lancer ce projet, la métropole de Clermont-Ferrand n'a pas été choisie au hasard. Pour GRDF, cela vient compléter les choix forts de l'agglomération de produire du biométhane sur son territoire et de déployer un parc de bus roulant au gaz vert. Au total, un kilomètre de canalisations sera installé sur trois sites du réseau de gaz de Clermont Auvergne Métropole.

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Parmi eux, celui du raccordement du futur méthaniseur construit dans la station d'épuration des Trois Rivières. Site qui produira du gaz renouvelable équivalent à la consommation annuelle de 1.500 foyers. Au final, l'objectif de Clermont Auvergne Métropole, comme de GRDF, est de verdir aussi bien le gaz distribué sur le territoire que le réseau qui l'achemine.

« GRDF est dans une démarche de décarbonation basée sur l'innovation. Il faut savoir que quand l'entreprise achète une tonne de canalisations en PE certifiées biosourcées, la filière de production émet deux à trois tonnes de CO2 en moins », tient à souligner le chef de projet.

Coût deux fois plus élevé pour le moment

Une dizaine d'autres chantiers de ce type devraient être lancés d'ici la fin de l'année en France. Mais cela ne va concerner que quelques kilomètres sur les 3.000 km de canalisations installées ou remplacées par GRDF chaque année. Le groupe compte cependant monter en puissance.

« Le déploiement de ces canalisations risque de prendre un peu de temps. Il existe des contraintes notamment concernant la capacité de la filière à produire du volume et puis, il y a une problématique de coût. L'idée n'est pas de créer un choc de coût », explique ce responsable qui précise que cette première canalisation installée en Auvergne a coûté deux fois plus cher à GRDF qu'une canalisation classique.

Le groupe espère, qu'avec l'augmentation de la production, le prix baissera dans les prochaines années. Il faut, pour cela, développer aussi la filière. C'est ce que GRDF va tenter d'impulser. Le distributeur entend démontrer que cette solution est techniquement réalisable et suffisamment intéressante pour être reproduite sur les réseaux européens.

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Mais GRDF en est déjà certain. Ces canalisations ont vocation à être déployées largement dans les années à venir, d'autant que l'innovation est transposable à l'ensemble des réseaux gaz et eau.

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Commentaire 1
à écrit le 19/09/2023 à 11:27
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Qui sait, Dans la région de Clermont ferrant ils pourraient se lancer dans la culture de miscanthus giganteum, dite herbe à éléphants pour récupérer de quoi fabriquer leurs tubes et en passant une bonne haie provisoire pour entourer les champs des a...

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