Métaux stratégiques : Mecaware lève 40 millions d'euros pour le recyclage des rebuts de batteries électriques

La startup grenobloise Mecaware vient d'officialiser une levée de fonds de 40 millions d'euros pour avancer dans l'industrialisation de sa ligne de recyclage des rebuts de batteries électriques, qui sera d'abord lancée depuis le site du fabricant de batteries Verkor en Isère. Celle-ci prévoit d'extraire, à partir de 2025, environ 50 tonnes de métaux stratégiques, comme le nickel ou le cobalt, notamment grâce au captage de CO2 depuis des fumées industrielles. Une technologie développée par la recherche publique et que l'Etat abonde à travers son plan France 2030.
Batteries électriques : Mecaware, acteur du recyclage des rebuts technologiques, entend gagner un tiers du marché européen d'ici à une quinzaine d'année grâce à sa technologie de rupture, en circuit fermé.
Batteries électriques : Mecaware, acteur du recyclage des rebuts technologiques, entend gagner un tiers du marché européen d'ici à une quinzaine d'année grâce à sa technologie de rupture, en circuit fermé. (Crédits : Reuters)

Trois semaines après la sécurisation retentissante de 2 milliards d'euros du grenoblois Verkor pour construire sa future gigafactory de batteries électriques à Dunkerque (Nord), la startup iséroise Mecaware a annoncé à son tour avoir levé 40 millions d'euros en 2023. Cette levée de fonds, principalement menée par l'Etat à travers le plan France 2030, ou encore les investisseurs Crédit Mutuel Innovation et SPI2, s'applique à l'un des deux projets fondateurs de l'entreprise : ScrapCO2Met. Celui-ci vise à recycler les rebuts de production (les scraps) des fabricants de batteries électriques.

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La jeune entreprise, issue de la recherche publique, entend en effet recycler les métaux stratégiques des batteries en fin de vie, comme le cobalt, le lithium ou encore le nickel. Elle prévoit une première production « pilote » de 50 tonnes en 2025, sur le site industriel de Verkor en Isère, pour le recyclage d'environ 200 batteries. Cette première étape dessine les prémisses d'une industrialisation envisagée à partir de la fin de l'année 2026 avec la construction d'un site propre, dans la « vallée des gigafactories », dans le Nord de la France. Le tout, pour une production qu'elle espère de 6 à 8.000 tonnes de produits issus des rebuts de batteries.

Mecaware

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Pour se positionner, Mecaware fait jouer son principal atout : là où le recyclage traditionnel utilise divers solvants, elle s'appuie sur un procédé chimique, quadruplement breveté depuis 2014, utilisant du CO2 capté dans les fumées rejetées par certaines usines. Ajouté en circuit fermé à de l'eau et des amines, un élément organique, le gaz permet de réaliser l'extraction des différents métaux rares « sans intrant impactant, sans production d'effluents et sans apport énergétique particulier », relève l'entreprise dans un communiqué. Conçue par le professeur Julien Leclaire, enseignant-chercheur du laboratoire Chimie supramoléculaire appliquée de l'université Claude Bernard Lyon 1, cette technologie constitue la genèse de la jeune entreprise, créée par l'enseignant-chercheur et trois autres fondateurs dans un objectif de commercialisation.

« Nous estimons les besoins de métaux rares à 3 millions de tonnes par an en 2030, pour la production de l'ensemble des gigafactories européennes », détaille Arnaud Villers d'Arbouet, directeur général de Mecaware.

L'entreprise n'est pas la seule positionnée sur ce marché, sachant que le recyclage sera progressivement intégré dans la fabrication des batteries, d'ici à 2037. Les groupes Suez et Eramet ont en effet annoncé la création de deux usines de recyclage des batteries de véhicules électriques lithium-ion à Dunkerque, pour un investissement total de 1,5 milliard d'euros (dont 70 millions d'euros de l'Union européenne et 10 millions de la BPI). Le canadien Li-Cycle a également choisi le Nord-Pas-de-Calais pour renforcer sa présence européenne. Mais Mecaware reste confiante et ambitieuse : « si nous démontrons la qualité et l'efficacité de notre process, qui intègre complètement l'idée de souveraineté et de circularité, nous entendons gagner un tiers du marché européen à l'horizon 2035-2040 », soutient Arnaud Villiers d'Arbouet.

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