Pour fabriquer un million de mini biopiles à base de papier par jour BeFC lève 16 millions d'euros

La deeptech grenobloise, qui a validé sa technologie de batterie miniature fonctionnant avec du papier et des enzymes, lève 16 millions d’euros afin de passer à la phase d’industrialisation. D’ici à la fin de l’année 2024, elle sera en capacité de fabriquer un million de biopiles chaque jour. Elles alimenteront le marché des dispositifs basse consommation, en recherche de solutions plus vertueuses que les piles lithium et alcalines actuellement utilisées.
(Crédits : DR)

Trois ans après sa création et son premier tour de table à 3 millions d'euros, la start-up deeptech grenobloise BeFC annonce une série A de 16 millions d'euros auprès notamment d'Otium Capital et de ses investisseurs historiques (Demeter, BNP Paribas Développement et Supernova Invest).

Faire face à la demande

Cette opération doit permettre à la toute nouvelle lauréate du programme French Tech 2030 d'entrer dans une phase d'industrialisation de ses biopiles, destinées à alimenter des dispositifs électriques basse consommation nécessitant une durée de fonctionnement limitée à quelques semaines ou mois. Par exemple : les tests de grossesse ou d'ovulation digitaux, les biocapteurs utilisés par les athlètes, les dispositifs médicaux de diagnostic rapide, les capteurs de température et d'humidité pour les bâtiments, etc.

BeFC, qui associe à ses biopiles les fonctionnalités de communication sans fil pour la transmission des données, est aujourd'hui en capacité d'en produire 1.000 par jour. D'ici fin 2024, grâce à une modification de son process de fabrication s'appuyant désormais sur de l'impression à haut débit, elle pourra en fabriquer un million d'unités par jour. Un chiffre impressionnant mais cohérent avec la demande semble-t-il. Le plus gros client actuel de BeFC  - un acteur de la logistique dont le nom reste pour le moment confidentiel - aurait déjà exprimé une demande annuelle de 100 millions des biobatteries miniatures de BeFC.

Du papier et des enzymes comme alternative aux piles lithium et alcaline

« Nous avons déjà une dizaine de clients, la demande s'annonce vraiment très importante. Les industriels veulent s'engager sur une voie plus responsable », explique Marie Berthuel, co-fondatrice de BeFC et Chief Product Officer. « Aujourd'hui, 15 milliards de batteries primaires sont jetées dans le monde chaque année. 97% d'entre elles sont des batteries miniatures. Elles sont très difficiles à collecter et à recycler, la plupart sont donc incinérées ou finissent en décharge. Ces 15 milliards s'ajoutent année après année car il faut plusieurs milliers d'années pour qu'elles se dégradent ».

Avec ses biopiles, BeFC propose aux industriels une alternative plus vertueuse à un coût qui devrait être équivalent à celui des piles alcalines. Comment ça marche ? « Notre biopile fonctionne avec du papier carbone, de la cellulose et des enzymes. Ces derniers transforment le glucose contenu dans le papier en électrons. Ils sont récupérés de l'autre côté de la biopile par des enzymes transformant l'oxygène en eau. Cela crée un courant, comme dans une pile traditionnelle sauf que notre batterie fonctionne uniquement avec des matériaux biosourcés. »

Cette technologie deeptech, protégée par une trentaine de brevets, est le fruit du travail mené pendant plusieurs années au sein du Département de chimie moléculaire de Grenoble (unité mixte de recherche associant le CNRS et l'Université) par des chercheurs de haut niveau. Ils avaient décidé en 2020 de poursuivre leurs travaux via la création de BeFC et son incubation au sein de Linksium.

La jeune pousse, qui compte déjà 45 salariés, devrait réaliser un chiffre d'affaires de deux millions d'euros cette année et vise les 75 millions en 2025. Elle aura recruté, d'ici là, une trentaine de collaborateurs et aura probablement au moins amorcé une série B.

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