Micro-batteries lithium-ion : pourquoi le lyonnais Iten a finalement choisi la Bourgogne-Franche-Comté

C'est l'une des pépites régionales dont l'investissement dans un nouveau site de production était attendu au tournant, après un financement de 80 millions d'euros bouclé en fin d'année (dont une partie auprès de la branche investissement du Groupe Seb). Mercredi, le lyonnais Iten a finalement dévoilé l'implantation de son site de production en volume dans la ville de Chalon-sur-Saône (Bourgogne-Franche-Comté). Un choix qui répond à plusieurs critères émis par la jeune pousse, qui n'ont cependant pas pu trouver réponse en Auvergne Rhône-Alpes.
C'est plus précisément sur un foncier appartenant à l'ancienne friche de la société Kodak qu'Iten compte industrialiser ses futures micro-batteries, destinées à alimenter de nombreux marchés liés à l'électronique : dispositifs médicaux, objets connectés, capteurs autonomes, cartes à puces, voire même horlogerie ou bioélectronique...
C'est plus précisément sur un foncier appartenant à l'ancienne friche de la société Kodak qu'Iten compte industrialiser ses futures micro-batteries, destinées à alimenter de nombreux marchés liés à l'électronique : dispositifs médicaux, objets connectés, capteurs autonomes, cartes à puces, voire même horlogerie ou bioélectronique... (Crédits : DR/Iten)

Il souhaitait s'établir dans un rayon maximum de deux heures de son premier site pilote de production, basé à Dardilly, dans le nord de Lyon. Finalement, c'est la région Bourgogne-Franche-Comté, et notamment la ville de Chalon-sur-Saône, qui aura représenté le meilleur terrain de jeu pour accueillir la future unité de production des micro-batteries lithium-ion du lyonnais Iten.

Fondée en 2012 à Dardilly (Rhône) par un ancien d'Usinor (devenu Arcelor), la startup Iten nourrit l'ambition de produire des micro-batteries Li-ion céramiques entièrement recyclables, rechargeables et sans métaux lourds.

Pour cela, elle venait de passer une première étape cruciale avec le bouclage d'un financement de 80 millions d'euros en fin d'année qui, associé à une enveloppe de 60 millions d'euros de dette en cours de contractualisation, devait lui permettre de passer une seconde marche vers l'industrialisation : soit l'agrandissement de son site pilote actuel de Dardilly certes, mais aussi et surtout création de sa première usine en volume. Avec l'objectif d'atteindre, à terme, une production « de plusieurs centaines de millions de micro-batteries par an  ».

Une nouvelle usine modulaire à moins de deux heures

Et pour cette nouvelle usine, pensée sous forme modulaire pour atteindre une capacité totale estimée à un milliard de composants par an à terme (c'est-à-dire lorsqu'elle comprendra 10 modules installés, ndlr), la jeune pousse Iten s'était déjà fixée l'objectif d'y installer une première tranche de 150 millions de composants d'ici 2025 à 2026.

Mais encore fallait-il trouver son emplacement : c'est désormais chose faite, après plusieurs mois de recherche et avec l'officialisation, ce mercredi, de son implantation au sein de la ville de Chalon-sur-Saône, à quelques 120 kilomètres de son berceau de Dardilly.

C'est plus précisément sur un foncier appartenant à l'ancienne friche de la société Kodak qu'Iten compte industrialiser ses futures micro-batteries, destinées à alimenter de nombreux marchés liés à l'électronique : dispositifs médicaux, objets connectés, capteurs autonomes, cartes à puces, voire même horlogerie ou bioélectronique...

Comme elle le rappelait déjà La Tribune, ses premiers critères recoupaient à la fois la question des critères de disponibilité foncière (5 à 6 hectares envisagés), de disponibilité en énergie, mais aussi d'autorisations administratives. Qu'est-ce qui aura finalement fait la différence ?

Entre accessibilité et bassin d'emploi

« Ce qui a guidé notre choix était d'abord de ne pas s'éloigner à plus de deux heures de Dardilly, afin que les équipes puissent facilement communiquer avec les ingénieurs de la ligne de fabrication pilote. Nous avions également besoin d'un foncier de 5 hectares qui soit prêt pour débuter les travaux, et donc expurgé de tout recours administratif, et qui présente de plus un accès aisé au niveau des transports », énumère Fabien Gaben, PDG et fondateur d'Iten.

Et c'est l'ensemble de ces facteurs qui seraient désormais réunis à Chalon-sur-Saône, avec en prime, un accès mix par le rail, par le réseau autoroutier, mais également par le réseau de transports en commun, puisque son terrain sera situé au cœur de l'agglomération.

« Il s'agit d'un atout indéniable pour nos futurs salariés, qui pourront ainsi avoir un meilleur cadre de vie et se déplacer sans voiture, en se trouvant à quelques minutes de la gare », ajoute-t-il.

Avec une création nette de 100 emplois prévus dès le démarrage de son site à horizon 2026, Iten avait notamment inclu le critère RH dans le haut du tableau de son cahier des charges :

« Après une analyse des données du territoire avec Pole Emploi, nous nous sommes rendus compte que la ville de Chalon nous permettait d'avoir accès à un large vivier d'emplois industriels, avec des compétences clés que nous recherchions, et avec la présence de tout un écosystème de partenaires académiques et de sous-traitants potentiels », explique Fabien Gaben.

Absence de terrain adapté en Auvergne Rhône-Alpes

Ainsi, à l'heure où l'ensemble des territoires français jouent du coude pour accueillir des projets créateurs d'emplois industriels, le soutien de l'agglomération de Chalon et la Région Bourgogne-Franche-Comté ne se matérialise pas tant sur le volet financier (puisqu'aucune enveloppe d'aides n'aurait été actée à ce stade) que dans le soutien technique accordé à son implantation.

Car l'ancien site de Kodak, qui faisait partie des plus gros employeurs de la région, avait  cédé à l'agglomération, qui l'a ensuite transformé en zone industrielle. Le montant de la transaction, qui comprend l'achat de ce terrain vierge à bâtir, n'a cependant pas été communiqué, mais il serait couvert par le financement de 140 millions d'euros réuni par Iten en fin d'année.

« La Région Bourgogne, Franche-Comté nous a présenté toute une série de dispositifs qu'elle était capable de mobiliser, que ce soit en termes d'accompagnement, de formation, ou encore d'aide au recrutement, et nous allons continuer de discuter », glisse le pdg de la jeune pousse, qui ne cache pas que pour lui, les enjeux d'accessibilité, de bassin d'emploi, et de rapidité d'exécution sont ceux qui ont pesé le plus fort dans la balance.

« Nous avions également mené une recherche en Auvergne Rhône-Alpes, puisque nous recherchions un site dans un périmètre de 200 km à la ronde de Dardilly, mais nous n'avons pas réussi à identifier de terrain qui convenait, c'est-à-dire qui soit déjà prêt, expurgé de tout recours, tout en étant accessible du côté des transports », ajoute Fabien Gaben.

Ave désormais à la clé un timing jugé très rapide, qui lui permet d'envisager « un premier coup de pioche à la mi-2024, pour une mise en opération du site en 2026 ». Iten a par ailleurs déjà mandaté un bureau d'architecte et d'ingénierie pour plancher sur la conception du site, avant de débuter ensuite une seconde phase qui sera marquée par le dépôt du permis de construire et des appels offres.

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