Roots of Tomorrow : ce jeu vidéo développé par Gamabilis et l'INRAE pour dépoussiérer l’agroécologie

A l'occasion de la 58e édition du Salon International de l’Agriculture de Paris, qui se tient du 26 février au 6 mars prochain, la startup Gamabilis et l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) dévoileront la dernière version d'un nouveau jeu vidéo sur l’agroécologie, Roots of Tomorrow. Avec une mission pour chaque joueur : mener une transition agroécologique en moins de 10 années, en se basant sur des modes de culture inspirés directement de territoires réels. Un objectif qui prend tout son sens à l'heure où la transition écologique est sur toutes les lèvres.
(Crédits : DR)

Un jeu de simulation et de stratégie sur l'agroécologie, en 3D et en temps réel... C'est la promesse faite par "Roots of Tomorrow" (traduire : "Les racines de demain"), le nouveau jeu vidéo conçu par la startup francilienne Gamabilis. Créée en 2016, ce studio de jeu vidéo s'est spécialisé dans un créneau : inventer des jeux qui donnent envie de changer le monde.

Et à travers Roots of Tomorrow, c'est l'agriculture de demain qu'elle souhaite réinventer en intégrant les problématiques de l'agroécologie.

Disponible depuis la rentrée 2022 sur PC/Mac et mobiles (Android et iOS), ce jeu sera même présenté, sous forme d'un grand tournoi officiel à destination du grand public, des étudiants, enseignants, agriculteurs ou professionnels, qui a lieu du 11 février au 21 février. Les lauréats seront ensuite récompensés lors d'un événement au Salon de l'agriculture, qui se tient du 26 février au 6 mars prochain.

Il avait avant celui fait l'objet de premiers tests, dès septembre 2021, auprès d'un groupe d'enseignants et d'experts agricoles dans sa version d'essai. "Depuis, nous avons travaillé sur la version bêta, le jeu a été expérimenté par plusieurs centaines de joueurs. Les premiers retours que nous avons reçu nous ont permis d'améliorer encore la version, qui a déjà été téléchargée près de 3.000 téléchargements rien que depuis le mois d'octobre dernier", explique Vincent Péquignot, fondateur et Ceo de Gamabilis.

Outil de formation, aussi bien que jeu vidéo ou « serious game », Roots of Tomorrow a pour objectif de faire prendre conscience des enjeux de la transition vers des systèmes agricole durables, mais aussi, de donner la possibilité à chacun d'imaginer les agricultures de demain en se mettant dans la peau d'un agriculteur.

Le principe ? Chaque joueur se retrouve ainsi à la tête d'une exploitation et doit prendre des décisions tactiques et stratégiques : modèle agricole, spécialisation, distribution et décisions quotidiennes de gestion de l'exploitation, afin de mener une transition agroécologique en moins de 10 ans.

Trois scénarios d'élevage déjà au banc d'essai

Les scénarios proposés dans le jeu sont notamment construits grâce à l'expertise scientifique de l'INRAE (l'institut de recherche public œuvrant pour un développement cohérent et durable de l'agriculture, l'alimentation et l'environnement), qui a été associé à ce projet en tant que conseil scientifique.

La version définitive du jeu propose en effet déjà trois scénarios en "polyculture élevage", avec des élevages différents : porc, mouton, bovin... Et à compter du mois de novembre prochain, le jeu devrait compter un scénario supplémentaire destiné à l'élevage bovin, qui sera suivi, par la suite, d'un scénario agriculture urbaine.

Dix huit mois auront ainsi été nécessaires pour développer le jeu : "nous avons commencé début 2020. Une dizaine de personnes ont été mobilisées, ce qui représente près de 1.500 jours de travail pour l'équipe", précise le fondateur de Gamabilis.

"A ceci, s'ajoute le travail des experts qui n'ont pas compté leur temps. Je pense à l'INRAE et aux représentants des filières agricoles, aux gens qui nous ont soutenus dans les régions, en particulier la Bretagne, le sud PACA et le Grand Est, trois régions très impliquées".

Selon lui, l'intégration des collectivités était particulièrement importantes pour un projet de ce type : "c'était un facteur de crédibilité pour le jeu que la représentation graphique soit cohérente avec les régions et avec les types d'exploitation que l'on présente dans les scénarios. Grâce au travail avec les filières, les bâtiments ressemblent vraiment à ce qui existe dans chaque territoire, ils sont le plus réaliste possible pour que les agriculteurs et tous les joueurs se disent : ah oui, ça ressemble vraiment à ma région."

Un ticket de près de 500.000 euros d'investissements

Pour développer ce jeu Gamebilis a investi 500.000 euros en production et en marketing. "Nous sommes subventionnés par les Régions, à peu près à hauteur de 30.000 euros chacune. La Bretagne, la Région PACA, le Grand Est viennent d'être rejoints par la Normandie. Nous avons été aussi soutenu financièrement par des partenaires : les filières le Crédit Agricole et nous avons complété avec nos fonds propres."

Le plus gros challenge aura cependant été de créer un jeu "compréhensible par tous", sans qu'il n'en devienne pour autant "simpliste".

"Nous décrivons un système économique et biologique complexe et pour cela, nous nous sommes appuyés sur les meilleurs experts dans leur spécialité. La difficulté c'était d'arriver à faire un jeu en tenant compte de tous ces éléments." Dans le jeu, des personnages comme le vétérinaire ou le voisin dialoguent en effet avec le joueur pour l'aider et fournir des informations.

Côté modèle économique, Roots of Tomorrow sera commercialisé de deux façons : avec tout d'abord, un module de compétition, qui permet d'animer une communauté et peut-être vendu à des entreprises ou à des partenaires du projet. C'est d'ailleurs ce modèle qui sera mis en œuvre lors d'une compétition de l'édition 2022 du Salon de l'agriculture. En parallèle, Gamebilis commercialise également un module enseignement en direction des écoles et des centres de formation.

"Pour 2022, nous nous sommes fixés l'objectif d'être téléchargés et utilisés par plusieurs dizaines de milliers de joueurs", ambitionne Vincent Péquignot.

"Pour le marché européen, notre jeu pourra être traduit en anglais, en espagnol et en allemand, mais pour qu'il se développe, il nous faudra aussi trouver des partenaires équivalent à l'INRAE en France", ajoute-t-il.

Le studio Gamabilis souhaite travailler avec les meilleurs experts pour adapter son jeu à l'écosystème local.

"Nous souhaitons sensibiliser et animer le débat public sur la transition agricole pour le faire « sortir » des cercles spécialisés et créer un point de convergence entre le monde agricole et le monde urbain", précise Vincent Péquignot. "Nos principales cibles sont le grand public, urbain et connecté, et les jeunes et futurs agriculteurs, les conseillers agricoles et les agriculteurs intéressés par la transition."

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