Depuis sa création en 2010 par huit ex-salariés de l'entreprise grenobloise Teledyne e2V, le fabricant isérois de capteurs d'image haut-de-gamme Pyxalis était déjà bien positionnée sur le spatial. 40 % de ses 7 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisés en 2023 l'ont été dans ce secteur. L'isérois a par exemple travaillé ces dernières années pour l'ESA (Agence spatiale européenne) sur des programmes d'observation de la terre, notamment des aurores boréales, avec l'Université Grenoble Alpes.
La PME entend désormais passer un cap. Alors que Pyxalis travaillait jusqu'ici « à façon », c'est-à-dire en proposant un capteur sur mesure pour chaque nouveau projet, l'ambition est désormais de développer une gamme de capteurs standardisés, « prêts à l'emploi » pour des applications spatiales.
Un budget de 6 millions d'euros
Ce projet à six millions d'euros, baptisé Pyxis, sera soutenu à hauteur de 30% environ par le programme France 2030, volet spatial. Il vient en effet d'être retenu dans la dernière relève de l'appel à projets « Constellations » lancé en octobre 2022 pour soutenir le développement de systèmes et briques technologiques françaises destinées aux constellations de satellites.
« Dans un monde idéal, les acteurs du spatial (que ce soit les états ou les chercheurs) devraient pouvoir disposer de beaucoup d'argent et de beaucoup de temps pour commander aux fabricants des outils spécifiques pour chacune des missions. Ce n'est pas le cas, la tendance est à la multiplication des missions et des satellites, avec des observations et des expérimentations à mener rapidement. Dans une approche NewSpace, c'est-à-dire une approche industrielle intégrant le risque, il faut être en capacité de répondre à cette attente spécifique », explique Philippe Rommeveaux, le dirigeant de la PME de 50 salariés.
Le projet Pyxis doit permettre de faire monter en maturité des capteurs standardisés de Pyxalis, destinés jusqu'ici à un usage terrestre, afin qu'ils puissent être intégrés facilement à des caméras spatialisées.
« Ils pourront être envoyés rapidement dans l'espace, à moindre coût et avec une technologie souveraine sur laquelle pourront s'appuyer la France et l'Europe pour divers usages. ».
Deuxième étage de la fusée Pyxis : l'adaptation d'un gros capteur de Pyxalis (220 Megapixels) à une utilisation spatiale. Il pourra être utilisé pour une observation de la terre ou pour de la surveillance autour des satellites afin de détecter d'éventuelles menaces (débris, attaque malveillante etc). Enfin, dans le cadre de cet appel à projet, Pyxalis doit avancer sur une solution hyperspectrale, toujours pour des applications spatiales.
« L'offre française et européenne de capteurs standardisés pour le spatial est peu développée. Cela pose des problèmes pour des programmes avec des besoins immédiats qui nécessiteraient des technologies souveraines», souligne Philippe Rommeveaux.
L'année dernière, déjà, Pyxalis avait été retenue dans le cadre d'un autre appel à projet de France 2030 (Volet surveillance de l'environnement spatial). Objectif : développer une caméra autour d'une carte électronique « standard » déjà développée pour le spatial. Elle était alors la première entreprise d'Auvergne Rhône-Alpes à être retenue dans le volet spatial de France 2030. Depuis, d'autres, comme Absolut Sensing (sur d'autres positionnements), l'ont rejointe.
Parmi les acteurs français du secteur des capteurs d'images destinés au spatial, figure par exemple le voisin de Pyxalis, Teledyne E2V. Selon Toulouse Space Team, l'Europe compte environ 220 entreprises du NewSpace (dont une cinquantaine en France).
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