Le montant est modeste, mais le pourvoyeur de la subvention est prestigieux. La startup lyonnaise Biomède vient de décrocher une enveloppe de 25.000 euros de la part de l'Agence Spatiale Européenne ainsi que son support technique. Cette aide vient compléter un financement de 200.000 euros octroyés par Bpifrance dans le cadre de son programme d'accompagnement à l'innovation.
« Démocratiser la connaissance de la pollution des sols »
Objectif : accélérer la R&D pour diagnostiquer, à partir d'images satellites, la pollution dans les sols.
« Ce diagnostic sera possible grâce à une intelligence artificielle que nous allons entrainer. Nous allons collecter des données terrains, beaucoup de données, que nous allons injecter dans le système pour les croiser avec des images satellites », explique Ludovic Vincent, ingénieur en agronomie et co-fondateur de Biomède en 2019, avec la chercheuse en cancérologie Patricia Gifu.
A horizon 2024/2025, l'ambition est de réussir à fournir des cartes de pollution des sols, créées automatiquement par IA, potentiellement à l'échelle planétaire. Des cartes qui seraient accessibles via une plateforme digitale, et, - selon le souhait de Ludovic Vincent dont l'entreprise est en train de devenir une société à mission-, la plus ouverte possible.
« Nous souhaitons démocratiser la connaissance de la pollution des sols, permettre à chacun de savoir dans quel environnement il vit. Une étude européenne de 2021, l'étude Esteban, menée par Santé Publique France, a révélé que 3.500 enfants et adultes répartis sur l'ensemble du territoire, ont été exposés à au moins un des 27 métaux lourds retenus dans cette enquête. Un quart des terres agricoles sont impactées par des polluants... L'ampleur du problème est gigantesque en termes de santé publique ».
La dépollution via la phyto-extraction
Mais si Biomède va mettre le turbo sur l'axe diagnostic avec l'ESA, son ambition est bien plus large. Elle veut participer à la dépollution des sols, agricoles prioritairement, grâce à un procédé naturel : la phyto-extraction.
Le principe : Biomède analyse le sol via des rayons X, ou à l'avenir via ses images satellites, et identifie les plantes phyto-extractrices les plus adaptées. En clair, des plantes capables de « pomper » les polluants dans le sol et de les capturer dans leurs feuilles. Une fois saturées en métaux polluants, ces plantes sont fauchées. Des études de revalorisation sont en cours pour le cuivre notamment, ce qui pourra permettre de réduire le cout de la dépollution. Les plantes saturées d'arsenic ou de plomb doivent elles, en revanche, être confinées dans des lieux sécurisés.
Les deux fondateurs de Biomède, qui ont été soutenus par une aide de plus de 700.000 euros de l'ADEME, ont étudié des milliers de végétaux, notamment grâce au célèbre herbier Bonaparte, à Lyon, qui recense plusieurs millions d'espèces.
Le cuivre, l'arsenic, le plomb, le nickel par exemple, peuvent ainsi être piégés grâce à des cycles de végétation de 5/6 mois qu'il faut renouveler aussi longtemps que le sol reste pollué, entre trois en dix ans en moyenne.
Une levée de fonds d'un million d'euros en cours
Biomède, qui s'appuie sur une équipe d'une dizaine de collaborateurs, travaille déjà avec une centaine d'exploitations agricoles, principalement viticoles. D'ici trois ans, elle vise un doublement de son effectif et un chiffre d'affaires de l'ordre de deux millions d'euros.
Pour accélérer, la jeune pousse travaille actuellement sur une levée de fonds d'un million d'euros environ qui devrait être bouclée au cours du premier trimestre 2023.
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