Transports en commun : à Lyon, Keolis devrait partager une part du gâteau avec la RATP

Après trente ans de règne sans partage de Keolis sur les transports en commun lyonnais (TCL), le géant francilien RATP devrait faire son entrée sur le marché et rafler le fonctionnement du métro. Début 2022, l'exécutif écologiste de Sytral Mobilités avait déjà surpris son monde en annonçant sa volonté de répartir le futur contrat en plusieurs lots. Explications.
(Crédits : DR Sytral Mobilités)

Il aura fallu tout juste un an pour que la procédure aboutisse... et tourne en faveur d'un nouvel entrant sur le marché lyonnais. Car en février 2022, lorsque le président EELV de l'autorité organisatrice des transports, Sytral Mobilités, Bruno Bernard dévoilait son ambition de découper en deux lots (un mode lourd et un mode léger), et donc plusieurs délégataires, le marché des transports en commun lyonnais, la mesure avait fait réagir.

A commencer par les salariés du groupe Keolis, qui exploitaient jusqu'ici depuis trente ans le réseau TCL pour le compte du syndicat des transports en commun. Craignant que cette mesure n'aboutisse à « des logiques les plus libérales, au service des appétits financiers des multinationales du transports » ainsi qu'à « une détérioration de la qualité et la continuité du service public »près d'un tiers des 4.500 salariés avaient choisi de faire grève.

De son côté, le président du Grand Lyon Bruno Bernard - qui avait choisi de prendre les rênes également de Sytral Mobilités pour appuyer sa politique dédiée aux transports en commun -, défendait une toute autre logique : que l'opérateur actuel Keolis ne se retrouve plus en situation de « monopole privé » sur ce marché, qui dénombre près de 1,8 million de voyages quotidiens sur les lignes de tram, bus et métro lyonnais. Avec l'objectif de s'ouvrir également à « de meilleures innovations, de meilleurs coûts » ainsi qu'un renforcement du service.

La gestion des transports lyonnais découpée en deux lots

Pour rappel, le dernier contrat de délégation de service public (DSP) en date courrait en effet depuis la fin 2016 et était appelé à se terminer mi-2024, pour un montant total qui avoisine les trois milliards d'euros. A l'époque, aucun autre opérateur ne s'était positionné sur ce contrat.

Mais les choses ont bien changé depuis : lors de l'annonce de la procédure d'allotissement des transports lyonnais actée en mars 2022, plusieurs opérateurs avaient cette fois choisi de se positionner, dont de nouveaux entrants comme la RATP, mais aussi Transdev.

Et désormais, les dés semblent jetés : ce mardi 12 mars, le syndicat Sytral Mobilités a confirmé, par la voix de son président Bruno Bernard, le nom des deux candidats désormais « pressentis » pour les futurs contrats. A savoir que le lot dédié aux modes lourds, qui comprend notamment la gestion des « métros, funiculaires, Rhônexpress et tramways », tomberait ainsi dans l'escarcelle de la RATP Dev, une filiale de la RATP. Tandis que les modes dits légers, comprenant notamment le réseau de bus, trolleybus ainsi que le contrôle des titres de transport, demeurerait dans le giron de Keolis.

« À la suite d'une analyse approfondie des propositions des candidats et à l'issue de six mois de négociations, je proposerai aux élus de Sytral Mobilités lors du Conseil d'administration du 28 mars prochain, de retenir le groupe Keolis pour le lot bus et trolleybus, et le groupe RATP Dev pour le lot modes lourds. Sur le lot bus, qui dispose des plus gros effectifs d'agents et du chiffre d'affaires annuel le plus important, c'est la qualité de l'offre technique qui a été déterminante. Sur le lot modes lourds, nous avions deux offres techniques équivalentes. C'est le coût global du contrat qui a fait la différence », a assumé Bruno Bernard.

Un vote le 28 mars prochain

S'il reste un certain nombre d'incertitudes à ce stade sur la manière dont vont se répartir les ressources (et notamment les 4.500 salariés actuellement employés par Keolis Lyon) ainsi que les missions des deux délégataires, une chose semble certaine : le nouveau contrat de DSP devrait démarrer dès 2025, pour une durée de dix ans.

Rendue publique ce mardi 12 mars en marge du conseil métropolitain, cette décision devra toutefois passer une dernière étape, puisqu'elle doit être encore débattue et votée lors du conseil d'administration de Sytral Mobilités, le 28 mars prochain.

Les couacs de l'automatisation du métro lyonnais dans la balance ?

Le projet d'allotissement des TCL était sur les rails depuis février 2022. Mais cette décision aura-t-elle été influencée également par les incidents ayant émaillé durant plusieurs semaines au cours de l'année dernière la mise en service du métro B automatisé ?

Après de nombreux retards et interruptions de lignes, Keolis avait affirmé, à l'époque travailler « de concert » avec l'industriel Alstom, en charge de l'automatisation, et le cabinet d'ingénierie Egis. « On a bien identifié les causes et on met en place les mesures pour que ça ne se reproduise plus », assurait le directeur général de Keolis Lyon, Thomas Fontaine.

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