Fret ferroviaire : le pari de Combronde pour relier Clermont-Ferrand aux ports du Havre et de Marseille

Alors que l’Etat pousse pour développer le fret ferroviaire, le transporteur Combronde, installé à Thiers dans le Puy-de-Dôme, vient d’inaugurer une plateforme multimodale qui va permettre d’acheminer les marchandises par le rail entre Clermont-Ferrand et le port du Havre. Le groupe, initialement spécialisé dans le transport routier, compte atteindre la neutralité carbone de l’ensemble de ses activités en 2050.
Le site de La Combaude est équipé de rails et permettra d'acheminer des marchandises entre Clermont-Ferrand et le port du Havre.
Le site de La Combaude est équipé de rails et permettra d'acheminer des marchandises entre Clermont-Ferrand et le port du Havre. (Crédits : DR Groupe Combronde)

Dix hectares de friche industrielle entièrement réaménagés. Le groupe Combronde vient de racheter une partie du site de Michelin de La Combaude pour en faire sa septième plateforme logistique. Il l'a inaugurée le mois dernier à Clermont-Ferrand. Cela doit permettre à l'entreprise, spécialiste du transport de fret et installée à Thiers, à l'est du département du Puy-de-Dôme, d'atteindre son objectif : la neutralité carbone de l'ensemble de ses activités en 2050.

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Car la particularité de cette plateforme est d'être multimodale. Idéalement situé, à proximité des autoroutes A89 vers Lyon, A71 vers Paris et A75 vers Montpellier, le site est en effet équipé de rails.

« Le site est déjà connecté au réseau ferré national, sur la ligne Clermont-Paris. L'embranchement était simplement inactif. C'est un site précieux car il n'y en a pas tant que cela. Et puis se connecter au réseau national prend du temps et coûte cher », précise Jean-Philippe Delmont, directeur général délégué, chargé du développement de l'activité multimodale du groupe Combronde.

L'investissement total se monte à 20 millions d'euros. Investissement pour lequel le groupe a reçu une aide de 2 millions par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Car la société Combronde s'engage pour la décarbonation du transport. Initialement spécialisée dans le transport routier, elle a lancé sa stratégie de diversification par le rail dès 2012. Aujourd'hui, 30 % de son activité est réalisée par voie ferrée. Et cela devrait s'accélérer. L'ambition du groupe est, en effet, de parvenir à 50 % de marchandises acheminées via un mode alternatif à la route en 2025, soit par plateforme fluviale, soit par le rail. Le site de La Combaude y prendra toute sa part.

L'Etat veut doubler le fret ferroviaire d'ici à 2030

Et cette feuille de route s'inscrit parfaitement dans les objectifs du gouvernement. Le transport ferroviaire de marchandises représente aujourd'hui 10 % du fret en France. L'objectif du gouvernement est de doubler cette part d'ici à 2030. Car le ferroviaire représente huit à neuf fois moins d'émissions de gaz à effet de serre que la route. L'enjeu environnemental est donc évident.

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Mais pour y parvenir, l'État va investir 4 milliards d'euros dans le réseau ferré et ses infrastructures entre 2023 et 2032. Remise à niveau de certaines gares, aménagement du réseau et d'équipements sont au programme afin de garantir qualité et performance de service. « Une nécessité car nous avons un réseau vieillissant », remarque Jean-Philippe Delmont. Surtout, le gouvernement a annoncé un plan de soutien annuel de 200 millions d'euros pour les opérateurs du fret ferroviaire à partir de 2025. Cette enveloppe est même sécurisée jusqu'en 2030 au moins « pour donner de la visibilité » à ce secteur, a précisé en mai dernier le ministre délégué en charge des Transports, Clément Beaune.

Connexion vers Le Havre et Marseille

Cela pourrait bien profiter au groupe Combronde, qui emploie 1.200 personnes réparties sur 25 sites en France, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, en région PACA, en Aquitaine et dans le Centre-Val de Loire. Au-delà de l'aspect environnemental, cette entreprise familiale, fondée en 1945, espère que cette nouvelle plateforme dopera son activité, elle qui réalise 190 millions d'euros de chiffre d'affaires aujourd'hui.

« Cette plateforme nous permet de transporter des marchandises entre Clermont-Ferrand et le port du Havre avec des trains directs. Nous pouvons faire de l'exportation avec des conteneurs maritimes qui vont partir de ce port et, à l'inverse, faire de l'importation vers l'Auvergne. Nous démarrons avec deux trajets aller-retour par semaine et nous prévoyons une montée en puissance pour parvenir à trois ou quatre par semaine, voire un par jour », explique Jean-Philippe Delmont.

Des produits industriels, mais aussi des produits de grande consommation, comme de l'ameublement, sont acheminés dans ces trains.

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« Nous allons permettre aux industriels et aux acteurs économiques auvergnats d'avoir une porte ouverte ferroviaire à la fois vers le nord, avec le port du Havre, et vers le sud, avec le port de Marseille-Fos-sur-Mer, deux des plus grands ports français », se réjouit le dirigeant.

Car le groupe Combronde possède une autre plateforme ferroviaire au nord de Clermont-Ferrand qui connecte la capitale auvergnate au sud de la France.

2.000 trains par an

Aujourd'hui, le groupe opère 2.000 trains par an, chacun pouvant transporter l'équivalent capacitaire de 40 à 50 camions.

« C'est pour cela que le ferroviaire peut être compétitif, nous pouvons faire des économies d'échelle. Nous n'avons besoin que d'un seul conducteur et non pas de 50 chauffeurs de camion. Mais pour que ce soit intéressant, il faut qu'il y ait beaucoup de volumes pour couvrir les charges fixes liées au matériel roulant notamment », note Jean-Philippe Delmont.

Verdir la flotte de camion

Pour aller plus loin, la société s'est même récemment dotée de deux plateformes trimodales, raccordées au fluvial. Celle de Loire-sur-Rhône, au sud de Lyon, relie par exemple la capitale des Gaules au port de Marseille.

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Et même si le groupe mise sur les modes de transport alternatifs, il n'abandonne pas pour autant la route. Notamment pour le transport sur les derniers kilomètres. L'entreprise possède une flotte de 650 camions et sur ce segment aussi, elle travaille à des solutions décarbonées. Ses premiers camions électriques devraient entrer en service au premier trimestre de l'année prochaine.

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