Sur le Rhône et la Saône se jouent plusieurs enjeux de tourisme, de transports de marchandises, mais aussi de décarbonation et de préservation. Sur cet axe, Voies navigables de France (VNF) Rhône Saône assure la gestion de 1.180 km de voies navigables à travers 17 départements.

« VNF a trois missions. La première est d'assurer le maintien et le bon état de l'ensemble des ouvrages et chenaux de navigation, pour faire en sorte que les bateaux puissent naviguer sur les fleuves, les rivières et les canaux aménagés pour la navigation. [...] La deuxième mission est de développer les usages de l'eau en lien avec le territoire pour un développement économique harmonieux. La troisième mission de VNF, c'est la gestion de l'eau. Avec les ouvrages qui ont été historiquement conçus pour la navigation, on peut contribuer à la gestion de l'eau », rappelle Cécile Avezard, directrice territoriale Rhône et Saône à Voies Navigables de France.

Le transport de marchandises en baisse depuis les années 70

Le transport de marchandises sur cet axe Rhône-Saône représentait 4,95 millions de tonnes de marchandises, en 2021. Ce qui était 20% de moins qu'en 2019. En 2022, le trafic était de 4,94 millions de tonnes de marchandises.

« Derrière cette stabilité, il y a des hausses et des baisses. Il y a notamment une hausse dans le transport des matériaux de construction, qui est notre premier client. 45% des marchandises qui circulent, en poids, sont liées au BTP. On a une forte augmentation sur le bois également. Par contre, on a des secteurs en baisse comme la chimie, le secteur historique des produits liés à l'énergie et les conteneurs - qui est une question préoccupante sur laquelle on travaille », détaille Cécile Avezard.

Un trafic en baisse globale depuis dix ans, voire cinquante ans au regard de l'Histoire. « En 2011, on était à sept millions de tonnes, mais on partait d'assez loin parce qu'historiquement, dans les années 70, à l'échelle nationale, il y avait deux ou trois fois plus de transport de marchandises. Ça a baissé du fait de la désindustrialisation, mais aussi du développement de la route et du fret ferroviaire. »

Cet axe Rhône Saône, va du Nord au Sud en reliant la Méditerranée aux grands corridors de transports du Nord. « Il y a un gros enjeu à ce que sur ce grand corridor on utilise principalement les axes et modes de transports massifiés bas carbone », rappelle Cécile Avezard.

Le projet de grand port Marseille-Lyon pour relancer la dynamique

En ce sens, fin 2022, Emmanuel Macron a annoncé vouloir développer un grand port reliant Marseille à Lyon, pour acheminer les énergies et les marchandises. Un grand port qui pourrait même permettre de connecter l'Allemagne.

Un conseil de coordination pour ce projet a validé mardi dernier de premières mesures pour sa création : soit préparer le projet en mobilisant du foncier portuaire et dans l'hinterland. Un schéma directeur sera achevé au premier semestre 2024. Il coordonnera « les stratégies de développement à l'issue de concertations avec les territoires fin 2023 » et permettra d'identifier clairement le foncier disponible.

« Je pense que c'est une dynamique intéressante. Aujourd'hui, on pense beaucoup en termes d'axe logistique. Cet axe c'est de multiples acteurs : les ports maritimes (Marseille, Sète et Toulon), l'ensemble des ports fluviaux le long de l'axe (Arles, Valence, Vienne, Lyon, Villefranche-sur-Saône, Chalon-sur-Saône, Mâcon) et les opérateurs de réseau (Compagnie nationale du Rhône, VNF, SNCF Réseau). L'idée de regrouper ces acteurs dans une structure commune pour mieux porter les problématiques logistiques et développer le report modal, c'est une bonne idée. Il existe déjà des choses, notamment une association qui s'appelle Medlink Ports, qui fédère tous ces acteurs qui cherche à promouvoir le report modal et le développer. Mais effectivement, il faut regarder si on peut aller plus loin en termes d'organisation pour voir si on peut faire encore mieux », commente Cécile Avezard.

En plus d'être impliqué dans ce projet national, VNF prépare aussi, avec la Métropole de Lyon, un Schéma d'usage des rives fluviales avec la Métropole qui va être dévoilé le 20 juin. « On a voulu voir le fleuve dans tous ses aspects. On a travaillé à la fois sur le développement du tourisme (promenade, paquebots fluviaux...), des transports, de la logistique urbaine fluviale (de plus en plus développée dans l'hypercentre de Lyon). Il y aussi la partie environnementale, la biodiversité, les loisirs, les sports et le nautisme - un usage qui va se développer sur lequel les élus et habitants ont beaucoup d'attente. Nous travaillons aussi sur le transport de passagers avec les navettes du Sytral et sur certains sites sensibles. On a essayé de voir les fleuves dans tous leurs usages de façon intégrée avec la ville. »

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