Chantage à la vidéo intime : à la Métropole de Saint-Etienne comme à la Ville, Gaël Perdriau finit par se mettre en retrait

Il avait publié le 20 septembre dernier un premier communiqué, exposant les raisons du limogeage de son directeur de cabinet (à la ville et à la métropole), Pierre Gauttieri. Mais cela n'aura pas suffi : l'affaire du chantage à la sextape, révélée par Mediapart comme un moyen de pression sur le premier adjoint centriste, Gilles Artigues, n'a pas fini de faire des vagues. C'est désormais le maire LR Gaël Perdriau lui-même qui, cité dans cette affaire, se retire temporairement de la tête de la métropole, selon des informations de l'AFP publiées ce jeudi confirmées désormais par l'exécutif.
Selon une information de l'AFP, le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau a annoncé cet après-midi aux vice-présidents de Saint-Étienne Métropole qu'il se mettait en retrait de ses fonctions à la tête de l'organe métropolitain, près d'un mois après les premières révélations de Mediapart.
Selon une information de l'AFP, le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau a annoncé cet après-midi aux vice-présidents de Saint-Étienne Métropole qu'il se mettait en retrait de ses fonctions à la tête de l'organe métropolitain, près d'un mois après les premières révélations de Mediapart. (Crédits : Jérôme Abou)

Les choses s'accélèrent à Saint-Etienne, près d'un mois après les premières révélations sur l'affaire du chantage politique à la sextape de Mediapart, dont aurait été victime le premier adjoint centriste, Gilles Artigues.

Après un appel "à prendre urgemment les mesures nécessaires pour que la gouvernance retrouve sa sérénité" adressé le 16 septembre dernier par l'ensemble des acteurs économiques du territoire, le maire LR et président de la métropole de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, avait adressé un premier communiqué de presse, annonçant le départ de son directeur de cabinet à la Ville et à la Métropole, Pierre Gauttieri. Mais cela n'aura pas suffi à apaiser les esprits.

C'est après avoir rencontré à la fois "les élus du conseil de majorité de la ville de Saint-Étienne, de l'exécutif de Saint-Étienne métropole, ainsi que l'ensemble des maires au sein du bureau métropolitain", que Gaël Perdriau avait annoncé : "il m'est apparu nécessaire, afin de permettre au travail municipal et métropolitain de se poursuivre avec sérénité, de mettre un terme aux fonctions du directeur de cabinet de la ville et de la métropole. Ce dernier a compris les enjeux de cette décision et l'a acceptée".

Le tout en rappelant que "Monsieur Pierre Gauttieri, comme moi et comme chacun de nos concitoyens, bénéficie de cette garantie essentielle de la démocratie qu'est la présomption d'innocence".

Acte 2 : le retrait de la métropole

Depuis la fin août, l'élu LR demeurait retranché sur ses positions, concernant cette affaire qui fait désormais l'objet d'une enquête judiciaire et d'une nouvelle série d'enregistrements publiés par Mediapart.

Et c'est désormais un nouveau séisme politique qui se profile puisque Gaël Perdriau s'apprête finalement à se retirer de la tête de l'organe métropolitain, sous la pression d'une majorité d'élus qui avaient déjà demandé son retrait la semaine dernière.

C'est une information de l'AFP, publiée ce jeudi, à l'issue d'une réunion qui s'est tenue en présence des vice-présidents de la métropole, qui a officialisé, la première, cette décision. Suivie, à 19h15, d'un communiqué de la métropole qui confirme que, "durant le temps de l'instruction judiciaire", le président a proposé que ses vice-présidents assurent notamment "les représentations extérieures de Saint-Étienne Métropole" ainsi que la gestion des "dossiers partenariaux".

Selon l'exécutif métropolitain, cette décision a été motivée par trois facteurs : "la bonne exécution du projet de territoire voté à l'unanimité au bureau métropolitain, le respect de l'institution qui doit prévaloir à toute autre considération, ainsi que le respect de la présomption d'innocence".

Interrogé par l'AFP, le maire communiste d'Unieux Christophe Faverjon a confirmé que Gaël Perdriau n'assurerait plus "ses fonctions de représentation extérieure" pour la métropole de 59 communes et 400.000 habitants, évoquant le "le fruit d'une réflexion collective" dans "le respect de la justice et de son rythme", avec l'objectif de "préserver la métropole" des perturbations liées à cette récente affaire.

Quid de la direction de la Ville ?

Une décision qui signifie que l'actuel élu de 50 ans ne dirigera pas le prochain conseil métropolitain prévu le 29 septembre prochain, qui sera assuré, comme le confirme désormais ce soir, l'exécutif métropolitain par le premier vice-président, Hervé Reynaud.

"Ces dispositions doivent permettre la mise en place d'un mode de gestion provisoire de la collectivité de nature à favoriser la conduite des dossiers et un apaisement de la situation", affirme la Métropole de Saint-Etienne, par voie de communiqué.

Gaël Perdriau demeurera toutefois aux commandes de sa Ville car pour l'heure, l'élu n'a, officialisé, dans la soirée d'hier, qu'une délégation de ses fonctions de "représentation extérieure à ses adjoints", toujours "dans un souci d'assurer une continuité dans la qualité du travail engagé, et la sérénité de l'institution de la ville de Saint-Etienne", mais sans plus de précisions, alors que doit se tenir une séance du conseil municipal le 26 septembre prochain.

Malgré son placement en garde à vue le 13 septembre, Gaël Perdriau avait pourtant affiché sa « détermination » la semaine dernière encore à maintenir ses fonctions, alors que plusieurs élus locaux et nationaux l'avaient appelé à se retirer temporairement.

Retour sur l'affaire

Révélée le 26 août dernier par le média d'investigation Médiapart, l'affaire implique le maire de Saint-Etienne/président de Saint-Etienne Métropole Gaël Perdriau, son directeur de cabinet Pierre Gauttieri, son adjoint à l'éducation Sami Kefi-Jérome et son ancien compagnon Gilles Rossary-Lenglet.

Selon les informations de Mediapart, les quatre hommes seraient impliqués dans une affaire de chantage à la vidéo intime à l'encontre de Gilles Artigues, ex-premier adjoint de Gaël Perdriau démissionnaire en mai dernier, et filmé à son insu à l'occasion d'un rendez-vous avec un escort boy organisé par Sami Kefi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet en 2014.

La pression pointée par Mediapart, documentée notamment par divers enregistrements, aurait été destinée à contenir l'influence politique locale de l'élu UDI qui avait fait un mariage de fortune avec le candidat LR Gaël Perdriau pour accéder à la mairie en 2014 en battant le socialiste Maurice Vincent. L'union avait été reconduite en 2020.

Au-delà de la pression morale qui aurait été exercée contre Gilles Artigues, Mediapart a également soulevé le point d'une rémunération de 50.000 euros de Sami Kefi-Jérôme et et Gilles Rossary-Lenglet, pour la réalisation de cette vidéo, et versée depuis les comptes publics via deux associations stéphanoises.

Suite à cette affaire, une procédure d'exclusion des LR a été lancée à l'encontre de Gaël Perdriau, celui-ci avait déjà été démis à l'automne dernier de sa vice-présidence en raison, notamment, de ses propos critiques à l'encontre d'Éric Ciotti.

(publié le 22/09/2022 à 17:15, actualisé le 23/09/2022 à 10:05)

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Commentaire 1
à écrit le 30/11/2022 à 22:25
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Ah le petit microcosme stefanois! Et ce n'est pas tout, maintenant c'est la calomnie comme système politique contre la région. Que voulez-vous comme le foot est mort, le design on n'en parle plus (sauf pour des malversations financières), faut bien q...

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