Santé  : Théa investit 10 millions d’euros dans une nouvelle usine de production

Les laboratoires Théa, basés à Clermont-Ferrand, se lancent dans la construction d’un nouveau site de production à La Rochelle. Le premier groupe pharmaceutique européen indépendant en ophtalmologie compte ainsi répondre à une demande croissante de son produit pour la cataracte.
Aujourd’hui Théa produit 2,2 à 2,4 millions par an de micro-comprimés utilisés pour l'opération de la cataracte.
Aujourd’hui Théa produit 2,2 à 2,4 millions par an de micro-comprimés utilisés pour l'opération de la cataracte. (Crédits : DR Théa)

L'usine sera dédiée à la fabrication de micro-comprimés stériles pour la chirurgie de la cataracte. Mais il faudra attendre encore trois ans pour que le site soit opérationnel. Les travaux viennent de démarrer à Chef-de-Baie, dans la zone d'activité Technocéan de La Rochelle, en Charente-Maritime. Les laboratoires Théa vont investir près de 10 millions d'euros dans cette nouvelle unité de production. Un projet d'envergure pour le leader européen en ophtalmologie, dont le siège social se situe à Clermont-Ferrand et qui a réalisé l'an dernier 865 millions d'euros de chiffre d'affaires (et va dépasser les 900 millions cette année).

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Les produits sont aujourd'hui fabriqués dans des locaux loués à une société allemande (Carl Zeiss Méditec), dans la commune de Périgny, à quelques kilomètres du chantier de la future usine. Mais le bail prenant fin, Théa a choisi de poursuivre son ancrage en Charente-Maritime et de construire sa propre unité de production, vaste de 1.700 m².

« On multiplie par quatre la superficie par rapport à nos locaux actuels. L'usine sera aussi plus moderne. La configuration des locaux va nous permettre d'investir dans des équipements pharmaceutiques de nouvelle génération, notamment une presse qui va former nos comprimés », explique David Adoutte, directeur des achats et des opérations industrielles au sein des laboratoires Théa.

La cataracte, opération chirurgicale la plus pratiquée en France

Mais, surtout, ce nouveau site devrait permettre au groupe de répondre à la demande croissante autour de ces comprimés. Aujourd'hui Théa en produit 2,2 à 2,4 millions par an.

« Nous aurons désormais la capacité d'en produire le double si la demande est là», poursuit le professionnel qui précise que l'opération de la cataracte est l'opération chirurgicale la plus pratiquée en France et en Europe et qu'elle l'est de plus en plus avec le vieillissement de la population. « La croissance est de l'ordre de 5 à 6 % en volume sur ce micro-comprimé. Il y a une bonne dynamique notamment au Royaume-Uni. »

En France, la cataracte représente près d'1 million d'opérations chaque année. « Et dans près de 60 % des interventions de la cataracte, les praticiens utilisent au bloc un insert ophtalmique produit par Théa pour obtenir la dilatation de la pupille (mydriase) nécessaire à l'incision de l'œil et à l'implantation d'un cristallin artificiel qui permet de corriger la vue », explique Théa dans son communiqué.

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Face à cette demande, le site de Charente-Maritime a été conçu pour être flexible et évolutif. Des agrandissements ultérieurs seront possibles. « L'usine aura vocation à être le centre de production pour toute l'Europe », indique le groupe.

Vérifications requises du gendarme du médicament

Si la livraison de cette nouvelle usine devrait intervenir l'année prochaine, la production ne pourra en revanche débuter qu'en 2026.

« En 2024 et 2025, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) procédera à toutes les vérifications requises. Il faut enregistrer l'établissement et le faire qualifier. Il y a toujours un délai qui est long. En attendant, nous continuerons à fabriquer nos produits sur notre site actuel. C'est pour cela que nous avons anticipé alors que notre bail ne prend fin qu'en 2027 », détaille David Adoutte.

Une anticipation d'autant plus nécessaire que les autorités de santé des 14 autres pays, où sont commercialisés ces produits, devront également effectuer leurs vérifications. A terme, une quarantaine de personnes pourraient travailler sur ce site.

Souveraineté sanitaire

Ce projet ne devrait pas bénéficier d'aides publiques car il ne s'agit pas de relocalisation, mais plutôt « d'un maintien de localisation » sourit David Adoutte. « Depuis 30 ans, l'ADN du groupe est de produire en France ou à l'échelle européenne. »

Ce que confirme le président du groupe.

« En dépit d'un contexte national peu porteur dans le secteur des produits de santé, notre groupe maintient son siège et sa R&D en France et continue de produire à 70% dans l'Hexagone (100% en Europe), contribuant tout à la fois, à la prospérité de notre pays mais aussi à sa souveraineté sanitaire, autant dire à une plus grande autonomie de notre système de santé », se félicite Jean-Frédéric Chibret, le président de Théa qui compte aujourd'hui plus de 1.800 employés.

Deux nouveaux bâtiments de bureaux sont d'ailleurs en train de sortir de terre à Clermont-Ferrand pour accueillir de nouveaux salariés.

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Pionnier et leader mondial des traitements sans conservateur, le groupe Théa compte trente-cinq filiales et bureaux en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Aujourd'hui, son réseau et ses produits (également des collyres du glaucome ou pour la sécheresse oculaire) sont disponibles dans 75 pays à travers le monde.

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