Pas de Musilac avant 2022 : "Impossible d'organiser le festival tel qu'on le connaissait jusqu'ici"

FESTIVALS, LE GRAND RETOUR (2/4). Après deux années blanches, le festival pop-rock d'Aix-les-Bains Musilac reprendra vie... mais à l’été 2022, pour sa 20e édition. Rémi Perrier, directeur du festival co-fondé avec le producteur Jules Frutos, dresse un constat amer de cette reprise qu'il a dû retarder. Avec la conviction qu'il lui faudra se battre pour réanimer ce grand rendez-vous, qui attire habituellement 90.000 festivaliers durant un weekend de juillet.
Le cofondateur de Musilac veut croire dans l'appétence du public à continuer à partager des émotions et des performances en live pour faire renaître Musilac à compter de 2022, sous un format qui lui ressemble. Sinon, ce sera la fin de l'histoire, ajoute-t-il.
Le cofondateur de Musilac veut croire dans l'appétence du public à continuer à partager des émotions et des performances en live pour faire renaître Musilac à compter de 2022, sous un format qui lui ressemble. "Sinon, ce sera la fin de l'histoire", ajoute-t-il. (Crédits : T.Bianchin)

LA TRIBUNE - Regrettez-vous d'avoir annulé l'édition 2021 ? Des artistes comme Dropkick Murphys, Vianney, PNL, Angèle, Niska, HS, Petit Biscuit ou encore Jean-Louis Aubert étaient au programme, lorsque vous avez décidé d'annuler l'édition 2021 en avril dernier...

RÉMI PERRIER - J'ai des regrets, parce qu'on aurait préféré jouer. Mais il était impossible économiquement et artistiquement d'organiser le festival tel qu'on le connaît.

On nous impose un système qui est absolument délirant, sans rapport avec ce qu'est un festival pour les artistes et les festivaliers. Faire un carré de quatre barrières et une personne au milieu, c'est n'importe quoi.

Si je regrette bien quelque chose, c'est que le "concert test" fait par Indochine à l'Accor Arena à Paris n'ait pas eu lieu en mars. On aurait eu les résultats plus tôt, ce qui aurait prouvé qu'il n'y avait aucun problème à organiser des concerts en plein air, avec un public debout et sans distanciation.

La prudence est de mise, compte-tenu de la pandémie et de tous les morts qu'il y a eu. Mais cela a été géré en dépit du bon sens.

Quelles sont les conséquences pour la société Musilac ?

Économiquement, nous sommes accompagnés, comme beaucoup d'acteurs économiques. Nous en voulons, à titre professionnel, au ministère de la Culture. Mais nous reconnaissons l'accompagnement économique.

L'État a déployé des aides comme aucun autre pays au monde ne l'a fait. L'entreprise n'est pas en péril vital, même si la situation est difficile à traverser. Le budget annuel du festival s'élève à 6,5 millions d'euros. Bien entendu, une grande partie des dépenses n'a pas été engagée compte-tenu de l'annulation.

Entre la société Musilac, organisatrice du festival, et la société (Rémi Perrier Organisation) RPO*, nous comptons une quinzaine d'employés, qui sont tous en chômage partiel, et nous bénéficions du fonds de solidarité. Mais il va falloir se battre pour préparer l'édition de l'année 2022.

Dans ce combat, quel est le soutien apporté par les collectivités locales ?

Nous avons très peu de partenaires publics, hormis la ville d'Aix-les-Bains. Durant la pandémie, nous n'avons reçu aucune aide régionale. Même pas un coup de téléphone. C'est morne plaine.

J'ai vu beaucoup d'argent déployé pour le secteur de la montagne. C'est très bien pour eux. Mais au niveau culturel, c'est l'encéphalogramme plat. Pourtant, c'est le rôle de la Région d'accompagner les secteurs économiques.

Nous sommes un objet touristique, comme les autres festivals. Nous fédérons du public. Nous insufflons une vitalité économique dans le territoire.

Qu'en est-il du soutien de vos partenaires privés ?

Nous sommes en pleine phase de prise de rendez-vous pour voir qui nous suit et à quelle hauteur.

De nouveaux partenaires verront-ils un intérêt à nous accompagner dans cette reprise ? Cette nouvelle situation, après deux ans d'interruption, peut créer des vocations.

Comment voyez-vous l'édition 2022 ?

Nous avons pléthore de propositions artistiques. Les artistes seront là pour fêter les 20 ans de Musilac l'an prochain. Quant aux mesures sanitaires, nous saurons à l'automne à quelle sauce nous serons mangés. Cela dépendra de la pandémie.

Nous appliquerons les mesures sanitaires nécessaires, si elles permettent d'organiser Musilac comme avant la pandémie. Sinon, ce sera la fin de l'histoire. Je n'ose pas l'envisager, mais je me soumettrai à la situation, comme tout le monde.

La Covid laissera-t-elle une marque permanente sur la façon d'organiser les festivals ?

Ça ne sera plus jamais comme avant. Il y aura un accueil sanitaire pour le public, les artistes, les bénévoles, les partenaires. Sur un autre plan, ce sera comme après l'attentat du Bataclan : il avait fallu renforcer les dispositifs de sécurité avec de nouvelles normes. Nous avions fait face.

Il est de notre responsabilité d'appliquer ce qui est demandé, dans la mesure de nos possibilités économiques. Je crois que les dispositifs sanitaires resteront inscrits longtemps dans l'organisation des spectacles, comme ce sera le cas pour les voyages, autour des matches de foot...

Qu'est-ce qui fera de Musilac un succès en 2022 ?

Tout dépendra de l'envie et de l'appétence du public. Quand je vois le raz-de-marée sur les cinémas, je suis optimiste. Les gens ont envie de partager des émotions. Un festival, c'est le symbole de ce partage.

*Avant la pandémie, RPO diffusait 200 à 300 spectacles vivants chaque année en Auvergne-Rhône-Alpes, pour un chiffre d'affaires annuel de 11,9 millions d'euros.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.